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Fable ou histoire - Les Châtiments de Victor HUGO

Publié le 03/07/2010

Extrait du document

fable

«Un jour, maigre et sentant un royal appétit, Un singe d'une peau de tigre se vêtit. Le tigre avait été méchant, lui, fut atroce. Il avait endossé le droit d'être féroce. Il se mit à grincer des dents, criant : je suis Le vainqueur des halliers, le roi sombre des nuits ! Il s'embusqua, brigand des bois, dans les épines ; Il entassa l'horreur, le meurtre, les rapines, Égorgea les passants, dévasta la forêt, Fit tout ce qu'avait fait la peau qui le couvrait. Il vivait dans un antre, entouré de carnage. Chacun, voyant la peau, croyait au personnage. Il s'écriait, poussant d'affreux rugissements : Regardez, ma caverne est pleine d'ossements ; Devant moi tout recule et frémit, tout émigre , Tout tremble ; admirez-moi, voyez, je suis un tigre ! Les bêtes l'admiraient, et fuyaient à grands pas. Un belluaire vint, le saisit dans ses bras, Déchira cette peau comme on déchire un linge Mit à nu ce vainqueur, et dit : tu n'es qu'un singe.«

Une double lecture instruit ce texte de Victor Hugo. Le titre, en effet, propose deux programmes de lecture différents qu'il convient tous deux d'explorer. Le poème proposé est à la fois une fable et une histoire, ou plutôt de l'histoire, voire une allégorie de l'histoire.

I. L'écriture d'une fable

  1.  
    1. Les personnages de la fable

      Dès le début, le récit met en présence deux personnages ou plutôt un personnage double : un singe qui donne l'illusion d'être un tigre. Nous sommes bien en présence du bestiaire de la fable. Le singe est dans l'univers de La Fontaine souvent un animal malfaisant (voir Le Singe et le Chat «D'animaux malfaisants c'était un très bon plat.«) et également malin (voir Le Singe et le Léopard : «Le singe, de sa part, disait : "Venez, de grâce./ Venez, Messieurs, je fais cent tours de passe-passe,/ Cette diversité dont on vous parle tant,/Mon voisin léopard l'a sur soi seulement ; Moi je l'ai dans l'esprit"). Le tigre est un animal moins répandu chez La Fontaine.

 

fable

« texte : nuit, brigand, antre, carnage, tas...

Nous sommes devant une réécriture du coup d'État du 2 décembre.Tout le lexique rappelle les thèmes essentiels du cloaque, de l'orgie, et du festin.

Nous sommes toujours dansle même univers.

Les périphrases utilisées pour caractériser le singe sont engendrées par la même «machinedes équivalences» que dans le reste des Châtiments : le roi sombre des nuits, vainqueur des halliers, brigand des bois... La peau de tigre est évidemment celle de Napoléon I" dont s'affuble Napoléon III.

Toute l'ironie est dansl'emploi du mot tigre qui suggère à la fois la bâtardise de Napoléon III (un singe ne peut être apparenté à untigre) mais aussi qui manifeste, avant l'expiation que Napoléon r n'atteint pas, la dignité pleine du roi des animaux, le lion.

Il y a quelque chose d'imparfait chez Napoléon déjà : «le tigre avait été méchant». 1. L'ironie 2. Elle éclaire ce texte et montre le regard réducteur de Victor Hugo sur le second Empire.

Le côté mécanique et abusifde la tyrannie est dénoncé au vers 4 : «il avait endossé le droit d'être féroce».

Les termes hyperboliques de ladictature (égorger, meurtre, ossements) alterne avec des termes euphémistiques et grotesques (grincer des dents,rapines).

Les antiphrases abondent avec leur valeur ironique : «ce vainqueur» (v.

20).

Les termes ambigus dénoncent.

Au vers 12, le terme de personnage montre le rôle de composition que joue le singe,au vers 15, l'emploi du verbe «émigrer», très connoté politiquement, rappelle la situation d'exilé du poète. Le dénouement rapide est prosaïque comme le montre la comparaison : «comme on déchire un linge».

Lecoup de théâtre révèle l'apparition d'une sorte de justicier professionnel, un belluaire, véritable incarnationantique du poète qui triomphe à la fois par un geste pacifique (il s'agit d'une simple mise à nu) et surtoutpar la parole qui clôt le texte et dénonce l'usurpateur. Conclusion Nous sommes donc devant un récit qui postule une double lecture : une lecture symbolique et une lecture allégorique.

Le bestiaire permet,derrière un discours de l'universel, de camoufler une intrigue particulière et de raconter de nouveau le coup d'État en annonçant d'autresthèmes, ceux de L'Expiation.. »

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