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FOIRE (spectacles de la)

Publié le 06/12/2018

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FOIRE (spectacles de la) [xviiie siècle]. Le mot est utilisé couramment au xviiie siècle (Parfaict, Mémoires pour servir à l'histoire des spectacles de la foire, 1743) pour désigner l’ensemble des attractions, pantomimes,

ballets, parades, comédies « par écriteaux » ou « à la muette », monologues, parodies, marionnettes, opéras-comiques, proposées à la clientèle des deux grandes foires parisiennes : la foire Saint-Germain (février-Pâques) tenue depuis le XIIe siècle près de l’église du même nom, et la foire Saint-Laurent (août-septembre) installée depuis le milieu du xive siècle sur l’emplacement de l’actuelle gare de l’Est.

 

Tel est pris...

 

Dès la fin du xvie siècle, des éléments de comédie se mêlent aux numéros de jongleurs et de bateleurs. Mais l’acte de naissance officiel d’un théâtre de la foire date de l’autorisation donnée en 1679 au comédien Alard — dont le divertissement les Forces de l'amour et de la magie (1678) avait plu au roi — de «représenter en public à la foire Saint-Germain les sauts, accompagnés de quelques discours... à condition seulement qu’on n’y chantera ni dansera ». Car le succès populaire, puis mondain de ces spectacles indispose deux institutions jalouses de leurs privilèges : l'Opéra et la Comédie-Française. Celles-ci tentent de restreindre les droits des forains, qui de leur côté bravent ou tournent les réglementations qu’on leur impose, inventant à mesure de nouvelles formes d’expression. De 1697 à 1721 les Comédiens-italiens sont expulsés, et les forains s’emparent aussitôt de leur répertoire. Mais en 1699, puis en 1707, à la demande des Comédiens-français, on leur interdit de représenter des comédies dialoguées : naissent ainsi les monologues. En 1710, on leur ôte même le droit de « parler » : ils répliquent par des marionnettes, des pantomimes où le public lit et chante à leur place le texte qu’on lui présente sur des écriteaux, ou des comédies en jargon transparent : « Pendao le medicinao » {Arlequin barbet, pagode et médecin de Lesage, 1723). D’où une recherche souvent ingénieuse de situations justifiant ce mutisme, cette solitude {Arlequin Deucalion de Piron, en 1722, donne à voir le dernier survivant du Déluge...), ou ce « langage étranger » qui autorise l’exotisme, un merveilleux de pacotille,

« La scène et la salle Espace de liberté et de fantaisie, le théâtre de la Foire sut renouveler profondément la relation de l'acteur au public.

Celui-ci est appelé à participer au spectacle, par­ fois activement; alors que la Comédie-Française s'enlise dans la comédie de caractère, la Foire propose des revues bouffonnes de l'actualité politique et littéraire (Arlequin défenseur d'Homère, 1715), un langage qui s'efforce au réalisme quotidien [voir PoiSSARD], ce qui au surplus amuse le beau monde, des parodies qui secouent la dicta­ ture des genres nobles [voir PARADE].

Attirés par ce dia­ logue vivant avec la salle, des écrivains reconnus accep­ tent d'entrer dans le jeu, Panard, Vadé, Lesage donnant avec Arlequin roi de Serendib (1713) le chef-d'œuvre de la pièce à écriteaux, et Piron celui du pseudo-monologue avec Arlequin Deucalion.

S'élabore ainsi une authenti­ que culture populaire (parodiée à son tour dans les salons à partir de 1740 sous la forme de la «parade de société » ), au travers d'une remise en cause constante des genres traditionnels.

C'est dire aussi la modernité de ce théâtre, jusque dans les contraintes qu'il eut à surmonter, pour en tirer à chaque fois une vigueur et une inspiration nouvelles.

BIBLIOGRAPHIE Les textes.

- M.

Spaziani, il Teatro della Foire, Rome, dell' Ateneo, 1965 (dix pièces d' Alard, Lesage, d'Orneval, Fuze­ lier, Lafont, Piron); J.

Truchet, Théâtre du xvm• siècle, Paris, Gallimard, 1972 (Lesage, Pir on ); D.

Lurcel, le Théâtre de la Foire au XVIII' siècle, U.G.E., col l.

10118, 1983 (une douzai ne des meilleurs textes de ce répertoire).

A consulter.

- E.

Campardon, les Spectacles de La Foire, Paris, Berger-Levrault, 1877; M.

Albert, les Théâtres de la Foire, Paris, Hachette, 1900; G.

Atti ng er, l'Esprit de La «commedia dell'arte» dans le théâtre français, 1950, Genève, Slatkine R epr in ts, 1969.. »

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