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Gargantua entre réalisme et fiction

Publié le 13/01/2020

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gargantua

indique cette plongée dans l’imaginaire : le comique des nombres. « Dix et sept mille neuf cens treze vaches » sont nécessaires pour allaiter Gargantua (chap. vu, p. 92), sa mère « pouvoit traire de ses mamelles quatorze cens deux pipes neuf potées de laict » (p. 94), des quantités invraisemblables de peaux et de tissus constituent ses habits (chap. vin, p. 96), son écritoire pèse « plus de sept mille quintaulx » (chap. xiv, p. 142), etc. Rabelais respecte ainsi les conventions de récits riches en légendes mettant en scène des ogres, des géants... (-» problématique 9, p. 77).

Toutefois, certains éléments non réalistes ne relèvent pas de la littérature de foire mais ont une véritable fonction symbolique. Dans le chapitre sur les méthodes de Thubal Holoferne, le comique numéral intervient à nouveau : Gargantua passa « cinq ans et troys mois » à apprendre l’alphabet, « treze ans, six moys et deux semaines » à lire quatre manuels, « plus de dix huyt ans et unze moys » à assimiler un ouvrage

gargantua

« sa propre voix.

Son identité d'auteur s'exprime par ce biais, le réalisme chinonais constituant en quelque sorte sa signature.

LE R~ALISME ET LA SATIRE 1 Reconnaître la cible de la satire Les personnages évoluent aussi à Paris.

Là encore le récit évoque des lieux réels : Notre-Dame (chap.

xv11, p.

154), l'hôtel de Nesle (chap.

XVII, p.

158), le Braque (chap.

xxm, p.

194), la porte saint Victor et Montmartre {chap.

xxm, p.

202) ...

Outre les noms de fieux, on trouve des noms d'individus réels : le « capitaine Chappuys » (chap.

vm, p.

104), le « commandeur jambonnier » de Bourg-en-Bresse {chap.

xvu, p.

156) ...

Jean Audeau (chap.

1, p.

56) et Jehan Denyau (chap.

vu, p.

94) existèrent probablement.

D'une façon générale, le réalisme, surtout lorsqu'il sert à décrire la ville de Paris, est au service de la satire (-+ PROBLÉMATIQUE 13, p.

101 ).

Une satire, en effet, consiste en une dénonciation ironique des défauts de la société contemporaine.

Rabelais attaque avec une certaine virulence l'empereur Charles Quint, dissimulé sous les traits de Picrochole.

Mais il s'en prend aussi, et surtout, à des individus qu'il côtoie au quotidien : les théologiens de la Sorbonne, certains ordres monastiques, les superstitieux ...

Même Picrochole évoque, sous un certain angle, un voisin du père de Rabelais avec lequel ce dernier M en conflit.

Or, pour que la dénonciation satirique soit efficace, il faut que la société dont elle constitue la cible soit reconnaissable.

1 Deux exemples : le Quartier latin et les forêts Certains lieux authentiques sont immédiatement repérables comme des cibles de l'ironie rabelaisienne.

C'est le cas du Quartier latin, avec l'hôtel de Nesle, la Sorbonne (chap.

XVII, p.

158), le point le " plus hault de l'Université ., (la montagne Sainte-Geneviève, p.

154).

Le Quartier latin constituait le fief des 112 PROBL~MATIQUES ESSENTIELLES. »

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