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Gertrude, la jeune aveugle de La Symphonie pastorale d'A. Gide, s'écrie : « Je ne tiens pas à être heureuse, je préfère savoir. » Avez-vous l'impression qu'on est moins heureux en sachant plus ? En vous fondant soit sur des lectures, soit sur votre propre expérience, vous exprimerez votre opinion personnelle. L'instruction que vous avez reçue vous paraît-elle devoir augmenter ou diminuer vos chances de bonheur ?

Publié le 03/03/2011

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gide

 

Gertrude, la jeune aveugle de La Symphonie pastorale d'André Gide, aurait pu vivre heureuse, dans la tendresse qu'elle éprouvait pour le pasteur qui faisait son éducation. Mais elle a voulu savoir, c'est-à-dire voir. Et quand ses yeux l'ont portée à aimer un autre que celui qu'elle aimait en esprit, elle est morte de désespoir. Elle avait dit : « Je ne tiens pas à être heureuse, je préfère savoir. « Y a-t-il donc incompatibilité entre connaissance et bonheur? Et pourquoi alors vaut-il mieux savoir que d'être heureux? Mais l'instruction ne peut-elle tout de même pas donner quelque chance de bonheur ?

gide

« même que ma culture, grâce à cette participation de l'esprit qu'a si bien marquée Montaigne, m'aide à lesapprofondir davantage.

La recherche et les connaissances propres aux sciences me paraissent aussi apporter à monesprit des satisfactions qui l'enchantent.

Si Balthazar Claës ruinait son bonheur domestique en cherchant l'Absolu,c'est sans doute qu'il trouvait quelque bonheur dans sa recherche.

J'en conclus seulement qu'il faut savoir choisir,et au cas où la science ou l'art deviennent la passion dominante, il est bon d'éviter des liens dont la rupture feraitsouffrir d'autres êtres et provoquerait en nous des déchirements. Restent néanmoins toutes les raisons que le peu que j'ai appris me donne déjà de ne plus pouvoir vivre désormaisdans une ignorante quiétude.

Je crois cependant qu'il dépend beaucoup de moi de ne pas succomber sous un amas d'informations attristantes.

Toutes ne le sont pas d'ailleurs, etmême l'histoire ou la télévision ne sont pas qu'un long récit de crimes et de malheurs : elles apportent aussi, à quisait les voir, des raisons d'espérer.

Mais même devant ce qui trouble ma tranquillité, je me dis que la volonté et laraison peuvent dominer cet accablement.

Montaigne a bien su dépasser le doute pour arriver à quelques certitudessur lesquelles il a bâti un bonheur relatif certes, mais stable, car il reposait sur la connaissance de soi et du monde.Candide, aussi, au terme de ses expériences, a découvert que cultiver son jardin était le moyen d'être moinsmalheureux.

Même si je me sens menacé, dans ma condition imparfaite et un univers hostile, je sais au moins surquelles bases, étroites et fragiles peut-être, mais certaines, je puis asseoir un certain art de vivre.

Quant auximperfections de la société où je vis, si l'instruction que j'ai reçue me les rend plus sensibles et cruelles, elle mefournit aussi les moyens d'y faire face.

Elle me montre les maux, et il faut bien les connaître pour y porter remède.Elle me donne quelques lumières qui pourront m'aider en cela.

Elle me permet enfin d'échapper parfois, par les joiesde l'esprit ou par la sagesse, à l'amertume que laisse ce combat sans fin. * * * Je conclus donc qu'il faut approuver Gide de préférer la connaissance à l'ignorance, même si on doit en souffrir.

Maisje crois que seuls les esprits faibles, sans volonté, ou intellectuellement incapables de pousser jusqu'au bout larecherche et la réflexion, succomberont au désespoir qu'apporte parfois le savoir.

L'homme ne doit pas être passif nise laisser soumettre aux circonstances.

Il peut vouloir être ce qu'il lui est possible d'être, et trouver en cela dubonheur.

Et l'instruction est pour lui le seul moyen d'apprendre ce qu'il peut et de devenir assez fort pour renoncer,sans amertume, à l'impossible, et pour réaliser le possible.. »

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