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Grand oral du bac : Arts et Culture LA POÉSIE EN FRANCE

Publié le 06/02/2019

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culture

Les fleurs du mal

 

Les fleurs du mal est un recueil paru en 1857 ; dès sa publication, il fit scandale à cause de certaines pièces intitulées «les lesbiennes». Elles seront retranchées de la seconde édition de 1861, qui est augmentée de trente-cinq autres poèmes. Si Baudelaire choqua en son temps, c’est par l’affirmation et l’exploration de tous les moyens dont il disposait pour échapper à la réalité : opium, alcool... il fut aussi « épinglé » pour ses attitudes, faisant preuve d’un certain dandysme, pour sa liberté de ton dans l’amour. Pourtant le recueil laisse transparaître l’angoisse et les questions sans réponse qui s’égrennent au fil des pages jusqu’à s’engloutir dans la mort et le néant.

 

Leur auteur en retire une réputation de poète maudit et moderne. Malgré une forme assez classique, et leur thème principal - le spleen, c’est le « mal du siècle » de Vigny -, Les fleurs du mal s’inscrit parfaitement dans l’esprit du romantisme, moins novatrices et influentes sur la génération suivante (Mallarmé en particulier) que Le spleen de Paris, nom définitif des Petits poèmes en prose (1869).

 

Une saison en enfer

 

C’est à peu près ce que vont vivre, ensemble, pendant quelques mois, deux poètes majeurs des années 1870: Verlaine et Rimbaud. Paul Verlaine (1844-1896) est l’aîné des deux. Il participe au mouvement du Parnasse contemporain (Fêtes galantes, 1870), fondé par Catulle Mendès. Inspiré par Baudelaire, ce mouvement réfute toutes les formes traditionnelles de la versification et illustre la théorie de l’art pour l’art, qui désengage l’artiste de tout rôle social et/ou politique. Pourtant dès 1865, ses Poèmes saturniens annoncent une propension au désespoir que sa relation avec Rimbaud parachève.

 

Arthur Rimbaud (1854-1891) attire, depuis Charleville où il se consume d’ennui, l’attention de Verlaine en lui envoyant ses poèmes, dont Le bateau ivre (1871) poème percutant et déroutant, bouleverse les données poétiques de l’époque.

 

Verlaine fait venir Rimbaud à Paris, l’introduit dans les cercles parnassiens où son inconduite et son mépris choquent. Les deux amants finissent par fuir à l’étranger. L’épopée douloureuse et torturée se termine à Bruxelles où Verlaine, excédé, blesse Rimbaud d’un coup de revolver.

 

Les poètes maudits

 

Tandis que Verlaine est emprisonné, Rimbaud s’enfuit écrire ailleurs la fin de son œuvre lapidaire: Une saison en enfer (1873), où se lit un total désenchantement, une insatisfaction inassouvie dans le désir de trouver, au-delà du réel, ce qui motive l’existence des choses et de la vie, et où se confirme sa répugnance pour l’écriture - en laquelle il voit néanmoins le seul moyen de crier sa révolte. Publiées en 1874, Les illuminations traduisent un enthousiasme nouveau et inattendu pour la poésie, une spontanéité débridée dans la création, une explosion d’insubordination presque enfantine. Puis, c’est la fin. Rimbaud a 20 ans. Il renonce à l’écriture pour une vie d’aventurier et de trafiquant d’armes en Ethiopie. En 1891, atteint d’une tumeur cancéreuse au genou, il revient en France où il est hospitalisé à Marseille, et meurt quelques semaines plus tard.

 

Verlaine, libéré, ne revit Rimbaud qu’une seule fois. Cette rupture relança son inspiration et publie Romances sans paroles en 1874, dont l’élément principal devient pour un temps sa foi de néophyte catholique (Sagesse, 1881). En 1884 paraît dans Jadis et Naguère, son poème l’« Art poétique», où il prône avant tout pour le vers musicalité et beauté formelle. Celle-ci ne peut s’obtenir qu’à partir d’un nouveau rythme, dont l’imparité prépare la voie à l’abandon de la prosodie classique. Souvent occultée par le scandale de ses relations avec Rimbaud, l’œuvre de Verlaine

 

En rupture avec la société, Rimbaud eut une courte vie fort agitée. Précoce et novateur dans son écriture, il entendait faire table rase des idées reçues et se construire son propre langage. Il abandonna pourtant, laissant une œuvre tantôt lumineuse tantôt énigmatique.

Très jeune ébranlé par le «spleen et l’idéal’’ baudelairiens, Mallarmé (ici peint par Manet) n’en ignore pas moins les origines de la poésie française, dont il donne une anthologie dans Les glanes, dès 1860. Son Après-midi d'un faune (1876) inspira un prélude à Claude Debussy.

 

occupe une place inégalée dans la poésie de la fin du xixe siècle. Ses contemporains ne se trompèrent pas en le reconnaissant et en voulant le rattacher à leurs mouvements. Pourtant, toujours se dérobant, il a relevé le défi d’une nouvelle poésie, quand s’éloignait celle de Baudelaire et se terminait celle d’Hugo, et qu’il a su désigner, dans les Poètes maudits (1884), des maîtres pour l’avenir: Arthur Rimbaud bien sûr, et Stéphane Mallarmé.

 

La poésie symboliste

 

Une autre aventure lie Verlaine à Stéphane Mallarmé (1842-1898), celle du symbolisme. Ce mouvement intellectuel touche toutes les formes d’art, de la peinture à la littérature, et, en ce qui concerne la poésie, trouve ses maîtres dans ces deux poètes. Mais il est d’autant plus difficile de définir la poésie symboliste que ces chefs de file eux-mêmes en niaient l’appellation. « Symbolisme, connais pas! » opposait Verlaine à toute tentative de classification. Néanmoins, on peut dire que, par le refus des formes figées que les Parnassiens eux-mêmes avaient fini par adopter, les poètes symbolistes tentent de cerner le mystère et la part d’onirisme qui émanent des hommes comme de la nature et d’en donner des «correspondances» artistiques. On voit là combien l’expérience de Baudelaire compta dans l’élaboration de ce courant.

 

À partir de 1885, les membres de ce mouvement se rassemblent régulièrement aux mardis de Mallarmé, dont la notoriété a été établie par la citation de lui que fait Verlaine dans ses Poètes maudits. Influencé par Edgar Allan Poe, Mallarmé cherche à tirer un effet de la poésie, à ne plus la réduire à un acte créateur sans prolongement spirituel. Ainsi, à ses yeux, la poésie est l’essence même d’un langage rénové, l’ultime - et la plus achevée - forme de l’expression humaine pour s’approprier connaissance et intelligence. Un coup de dés jamais n’abolira le hasard (1897) est le fragment unique et le manifeste de son grand «Livre», jamais écrit mais projeté comme la démonstration de ce qu’il reste d’espoir et d’inédit dans une confrontation au magma originel des mots.

Musset, lui, se consume de ne pas vivre sereinement l’amour, comme la plupart des personnages de ses pièces. Son aventure douloureuse avec George Sand est à l’origine de ses plus beaux poèmes. Faisant suite à Rolla (1833), où le poète se désespère de retrouver la pureté et la sincérité de la foi amoureuse perdue, Les nuits (1835-1841) révèle l’empire grandissant de l’amour sur la création poétique, et le choix déchirant, pourtant nécessaire, entre de l’art et la vie. Musset a alors 31 ans, il renonce définitivement à l’écriture. Malgré toutes les désillusions auxquelles il sait se préparer, il fait un choix définitif : celui de la vie.

 

La souffrance d’Alfred de Vigny (1797-1863) est celle d’un être qui se sent né trop tard, dans une époque où plus rien n’est à construire. Il s’engage dans la carrière militaire par fascination enfantine - même si sa famille est farouchement royaliste -pour les exploits passés de Bonaparte, mais n’est en fonction qu’à la Restauration, époque d’une tiédeur politique qu’il méprise. Son amertume hautaine, son enfance endeuillée (ses parents ont perdu trois enfants avant lui) et un mariage sans passion le conduisent à se retirer du monde. Persuadé que vivre est un chemin sans espérances, il ne trouve même pas de consolation dans son élection à l’Académie. C’est dans son exil à Angoulême qu’il écrit pourtant ses plus beaux poèmes: «La mort du loup», 1843; «La bouteille à la mer», 1854, et qu’est publié le volume posthume des Destinées (1864).

 

Gérard de Nerval (de son vrai nom Gérard Labrune), fils de militaire et orphelin très tôt, s’inscrit dans une perspective une peu différente de celle de ses contemporains. En 1826, il publie Les élégies nationales, traduit deux ans plus tard Faust de Goethe. Commence alors une vie sans

D’Aubigné et du Bartas

 

Ronsard le catholique a échoué avec sa Franciade, dans sa tentative d’écrire une épopée. En revanche, deux poètes protestants vont réussir, par la puissance de leur inspiration, à rivaliser avec les textes sacrés de la Bible. Il s’agit d’Agrippa d’Aubigné, auteur des Tragiques (1616), et de

G. Dagli Orti

G. Dagli Orti

Guillaume du Bartas, auteur de La semaine ou la cre'ation du monde (1578).

 

Le premier s’engage dans une entreprise militante, le second s’essaie à un grand poème scientifique, mais chacun, à sa façon, fixe à la poésie une haute ambition, bien éloignée de la poésie de cour galante pratiquée alors par Philippe Desportes. Du Bartas (1544—1-590) se fonde sur ses connaissances enyclopédiques. Sa Semaine, début d’une histoire inachevée de l’Univers, raconte avec une imagination féconde les sept premiers jours du monde. Comme s’il réinventait le texte de la Genèse biblique, le poète plonge son regard dans le cosmos comme dans une caverne d’Ali Baba, où grouillent jusqu’à

l’encombrement créatures vivantes, objets terrestres et célestes, tous ces trésors qui sont l’ouvrage de Dieu.

 

Gentilhomme lettré (il a fait des études à Genève) et guerrier mobilisé par les luttes de son temps, Agrippa d’Aubigné (1552-1630) est dans le camp protestant, proche d’Henri de Navarre, le futur roi Henri IV. Blessé au combat en 1577, il commence à rédiger son épopée Les tragiques, qu’il achève une quinzaine d’années plus tard et publie en 1616. Chef-d’œuvre politique et mystique qui s’affirme inspiré par le souffle de Dieu et engagé au service de la cause protestante, c’est une fresque terrible, pleine de fureur et de couleurs, qui se déploie en sept chants. Commençant par une peinture des misères de la France déchirée par les guerres civiles, comme une mère dévorée par les deux enfants quelle a nourris, elle montre les protestants persécutés par les pouvoirs en place, victimes et martyrs, finalement vengés par l’intervention de la Justice divine. Le poème se termine en apothéose par la résurrection des corps:

culture

« La poésie en France ! Le bain de Diane, tableau de François Clouet A (1520-1572).

Diane est une déesse antique mais c'est aussi le prénom de la maîtresse du roi de France Henri Il (1547-1559), la belle Diane de Poitiers: l'imitation de l'Antiquité se confond avec l'hommage du peintre courtisan.

séduisante et nourrie des inquiétudes du temps : le baroque.

Le poète Clément Marot (1496-1544) domine la première moitié du XVI' siècle.

Il s'attire la faveur du jeune roi François 1", sur le trône de France depuis 1515.

Marot séduit la cour de France par le brio d'œuvres légères et brèves, chansons et rondeaux.

Il fait partie de l'entourage de la sœur de François ]", Marguerite d'Angoulême, qui joue un rôle prépondérant dans la vie intel­ lectuelle et artistique de son temps.

Cependant, Marot est acquis aux nouvelles idées religieuses de la Réforme.

Il traduit en français les psaumes de David (chants sacrés extraits de la Bible), tra­ duction interdite par la Sorbonne et adoptée, en revanche, par les « réformés» (protestants).

Par ses convictions et son insouciance vis-à-vis de la puissante Église catholique, Marot excite soup­ çons et accusations qui entraînent son emprison­ nement puis son exil.

Poète officiel, tantôt protégé par le roi, tantôt persécuté par les autorités catholiques, il n'écrit pourtant pas une poésie de courtisan.

Il adopte le ton de la confidence libre plutôt que celui de la flatterie ou de la supplique.

Et même l'adver- sité ne lui fait pas perdre le sens de l'humour .

Dans l'évocation de moments douloureux, comme ses séjours en prison, il mêle la gravité à la désinvolture.

Quand il s'adresse au roi pour obtenir sa libération (ÉpÎtre, 1527), il sait trouver le ton juste pour exprimer sa stupeur amusée et contenir sa révolte: Trois grands pendards vinrent à l'étourdie En ce Palais me dire en désarroi: ·Nous vous faisons prisonnier par le roi.

• Incontinent, qui fut bien étonné? Ce fut Marot, plus que s'il eût tonné.

Les femmes La cour du roi n'est pas le seul lieu où les lettrés exercent leurs talents.

Entre 1530 et 1550, la ville de Lyon accueille nombre de banquiers et de marchands italiens qui diffusent les idées et les modes de leur pays.

Autour du poète Maurice Scève (1501-v.l5 60) se constitue un cercle savant.

L'amour est le sujet de prédilection.

Avec pour modèle l'œuvre de l'Italien Pétrarque (1304- 1374), les raffinements d'expression pour exalter les sentiments amoureux sont décuplés.

Dans son recueil Délie (1544), Maurice Scève peint avec virtuosité les mouvements variés que Délie, femme idéalisée à laquelle les poèmes sont adressés, fait naître dans son âme.

Dans ce cercle lyonnais, des femmes, souvent d'origine bourgeoise, occupent une place impor­ tante.

Aux textes de Maurice Scève répondent PETIT LEXIQUE Pour mieux savourer les extraits cités (dont l'orthographe a été modernisée) • À l'étourdie: sans réfléchir.

• Chef: tête.

• En désarroi: en grand désordre.

• Ennui: tourment ; ennuyer: tourmenter (sens beaucoup plus fort au xvi' siècle qu'aujourd'hui).

• Étonné: frappé de stupeur (sens beaucoup plus fort au XVI' siècle qu'aujourd'hui).

• Fondements: bases, fondations.

• Fortune: le hasard (ici personnifié par une ma juscule).

• Honnête: d·igne d'un homme civilisé.

• Incontinent: aussitôt.

• Las: hélas! • Muses: divinités grecques, symbole de l'inspiration créatrice.

• Plonge: plongeon.

• Sou lait: avait l'habitude de ...

• Tapis: étendue plate.

ceux de sa jeune élève et maîtresse, Pernette du Guillet (1520- 1545).

Mais la plus célèbre des femmes poètes est Louise Labé (1524-1566).

Belle, cultivée, musicienne, maîtrisant l'italien aussi bien que le français, elle est l'auteur d'une œuvr e réduite mais frappante.

Fidèle à ses modèles, Pétrarque ou Scève, elle s'exprime avec une intelligence moins abstraite.

À des thèmes qui risqueraient de n'être que jeux de l'esprit, elle apporte une sensualité qui fait du langage poétique comme le prolongement naturel de ce que la femme amoureuse a pu éprouver dans sa chair: Je vis, je meurs: je me brûle et me noie, J'ai chaud extrême en endurant froidure: La vie m'est et trop molle et trop dure: J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

La Pléiade Le cercle de poètes le plus illustre au XVI' siècle a pour nom «la Pléiade».

Il rassemble, vers 1550 à Paris, autour de Dorat, quelques jeunes poètes, élèves de ce professeur érudit qui les initie à la beauté des chefs-d'œuvre grecs et latins.

Pierre Ronsard en est le chef de file.

Derrière lui se bous­ culent de Baïf, Belleau, Jodelle, Pontus de Tyard.

Joachim du Bellay est leur théoricien: en 1549, il publie Défense et illustration de la langue française.

L'ouvrage fixe les ambitions du groupe.

Il marque (,!ne véritable rupture avec l'héritage du Moyen Age, dans la mesure où il revendique un renouvel­ lement en profondeur de la poésie française.

Le but est d'égaler les génies antiques, de parvenir à la perfection littéraire en français comme eux y sont parvenus dans leurs langues anciennes.

Il faut donc se nourrir de leur lecture, emprunter et imiter leurs genres, leurs thèmes et leurs procédés.

Parmi les Grecs, les modèles sont Homère, Pindare, les auteurs de tragédies Eschyle et ......

Nymphe sur un coquillage et génie chevauchant un griffon.

Relief en pierre de la fontaine des Innocents, à Paris, sculpté par Jean Goujon.

Les hommes de la Renaissance prennent pour modèle l'Antiquité: dieux, déesses, nymphes, créatures de la mythologie grecque ou latine entrent dans les textes poétiques ainsi que dans tes œuvres peintes ou sculptées.. »

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