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GUÉRIN Charles : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/12/2018

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GUÉRIN Charles (1875-1907). Né à Lunéville, Charles Guérin appartient à une famille de riches industriels et reçoit une éducation très catholique. Bachelier en 1891,

il fait des études de lettres à Nancy; un internat maussade, une grave maladie qui lui fait approcher la mort en 1892, la mort de son frère un an après colorent tristement ses premiers essais poétiques, froidement accueillis {Fleurs de neige, 1893; Joies grises, 1894). Pourtant son troisième recueil, le Sang des crépuscules (1895), est préfacé par Mallarmé. Tout en écrivant (sous le pseudonyme anagrammatique de Heirclas rügen), Guérin continue des études d’allemand (il est licencié en 1897). Puis il vit en solitaire, ne se confiant qu’à de rares amis — dont Francis Jammes. Il meurt à 33 ans.

 

Ce poète de talent, dont l’existence fut brève, reste ignoré par une critique étrangement passive et qui le situe dans l’ombre des « symbolistes », héritier de Rodenbach ou de Samain. En fait, Charles Guérin publie son premier recueil de poèmes, Fleurs de neige, en 1893, c’est-à-dire en pleine gloire du symbolisme, et il accepte le mot d’ordre de l’écriture symboliste : « De la musique avant toute chose ». Toute son œuvre sera ainsi étudiée à partir d’un malentendu, d’autant plus que la « poésie nouvelle » — et son entreprise de contestation du langage — surgit au moment de la mort de Charles Guérin. Le symbolisme passera de mode au profit du dadaïsme ou du surréalisme. Or les classifications, si elles sont parfois commodes, se révèlent toujours plus ou moins trompeuses.

 

Affirmation de l'individu

 

De 1893, date du premier recueil, jusqu’en 1905, publication de la dernière œuvre, F Homme intérieur, c’est une création poétique originale qui se manifeste avec le passage d’une écriture ornementale (les procédés symbolistes) à l’expression d’une sensibilité et d’une inquiétude métaphysiques. L’affirmation sincère de l’individu conduira Charles Guérin jusqu’à l’expression d’une poésie philosophique chrétienne.

 

Cette évolution apparaît immédiatement dans le choix des titres de ses œuvres. Le premier titre, Fleurs de neige, évoque les « fleurs de rhétorique », c’est-à-dire les procédés d’écriture poétique. Le jeu de mots fait référence à Baudelaire, mais l’ouvrage ne supporte pas la comparaison avec les Fleurs du mal. Les titres suivants exprimeront avec force la prise de conscience chez le poète d’une exigence métaphysique et d’une quête de l’absolu : le Cœur solitaire (1898), l’Éros funèbre (1900), le Semeur de cendres (1901) et le très significatif Homme intérieur. La typologie des titres est ici porteuse de sens.

 

Le combat intérieur

 

Avec la publication du Cœur solitaire, Charles Guérin affirme sa propre personnalité. La hantise de la mort, l’inquiétude métaphysique et le « goût de Dieu » vont devenir des thèmes essentiels. Charles Guérin cesse alors d’appartenir au symbolisme, même s’il reste prisonnier d’une poésie à forme fixe, qu’il maîtrise parfaitement. Guérin abandonnera pourtant l’alexandrin, trop marqué d’une connotation symboliste, au profit d’un octosyllabe dépouillé, qui exprime mieux l’exigence métaphysique et le combat intérieur entre la Chair et le Divin.

« même de Charles Guérin, devient un thème essentiel de sa poésie, inquiétude parce que sa foi est une source de tourment plus que d'apaisement.

La poésie de Charles Guérin atteint alors une dimension inconnue.

Avec l'Homme in té rieur , Guérin cesse d'exprimer directement cette inquiétude de Dieu pour se diriger vers un stoïcisme tempéré, seule attitude, désormais, du poète, digne dans sa souffrance.

On a oublié les premiers recueils de Charles Guérin, Fleurs de neige, Joies grises et le Sang des crépuscules, d'inspiration trop nettement symboliste.

Mais le Cœur solitaire nous révèle en 1898 un Charles Guérin qui mérite toute notre attention parce qu'il est le précurseur de toute une tradition de la poésie chrétienne, celle qui exprime une prise de conscience aiguë des contradictions de l'individu (Claudel, Pierre-Jean Jouve ou, dans un autre domaine littéraire, Bernanos, Mau­ riac ...

) .

Charles Guérin donne ainsi une dimension nou­ velle à la poésie.

BIBLIOGRAPHIE Outre le volume de Po�mes choisis, publié chez Grasset (1974, préface O.

Robaux), on se référera à «Hommage à Charles Guérin>>, Poinrs er ConTrepoints, n° Il l, juin-juillet 1974.

Ch.

GAMBOTII. »

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