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HÉROËT DE LA MAISONNEUVE Antoine : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/12/2018

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HÉROËT DE LA MAISONNEUVE Antoine (1492?-1568). Antoine Héroët a composé pendant une dizaine d’années l’œuvre la plus proche des idées de Marguerite de Navarre, d’une unité rare pour l’époque, et qui mérite d’être considérée comme la première expression poétique cohérente du platonisme français de la Renaissance.

 

Né peut-être en 1492 à Paris, il appartient à la famille du chancelier François Olivier, homme considérable qui gagne la confiance de Marguerite avant de passer au service de François Ier. Héroët est lui aussi un serviteur discret et respecté de la sœur du roi; celle-ci lui accorde une pension dès 1524 — renouvelée en 1529 et 1539 — et intervient en faveur de sa sœur Marie, violée dans son couvent comme le rapporte Marguerite de Navarre dans l’Heptaméron. Héroët est nommé abbé de Notre-Dame de Cercanceaux en 1543; en 1552, il succède à un frère de François Olivier comme évêque de Digne.

 

Ami de Marot, de Mellin de Saint-Gelais, de Fontaine, de Macrin, il est loué par tous les poètes de son temps — en particulier par les Lyonnais, au point d’être parfois (à tort) rangé parmi eux. Son influence est grande sur Scève et sur Pontus de Tyard, et la Pléiade, si difficile avec ses devanciers, n’a pas cessé de faire son éloge. Une vingtaine d’éditions très rapprochées de la Parfaicte Amye et de ses autres œuvres atteste son succès.

 

L’œuvre de Héroët commence à la Cour et ne s’en éloigne jamais; mais il garde ses distances et semble agir la plupart du temps avec la discrétion qui caractérise Marguerite elle-même, et la hauteur qu’impliquent ses convictions platoniciennes. Il offre au roi, en 1536, le long poème de l’Androgyne de Platon, précédé d'une

« Querelle, comme la Contramye de court de Fontaine : réflexion sur les mœurs, principes philosophiques et phé­ nomènes d'édition font bon ménage, et c'est là, en grande partie grâce à Héroët, un débat de bon ton [voir QUERELLE DES FEMMES].

Enfin, faisant plus nettement œuvre de courtisan, il prépare, en compagnie de Mellin de Saint-Gelais et de Claude Chappuys, des huitains d'abord destinés à servir de légende à un cycle de tapis­ series commandé par le roi, l'Amour de Cupido et Psy­ ché.

Finalement les cartons seront utilisés vers 1542- 1544 pour les 'titraux du château d'Écouen, propriété du connétable de Montmorency : les dix petits poèmes de Héroët restent ainsi -symbole qui convient bien à son œuvre- fragilement inscrits dans le verre (aujourd'hui au château de Chantilly).

Platonicien et savant, Héroët l'est assurément.

Il connaît celui qu'il appelle «le sage» grâce à Marsile Ficin et aux commentateurs renaissants, et sans doute a-t-il du texte du Banquet, ou du Lysis (que Des Périers traduit tout juste), ou du Phèdre, une connaissance encore plus directe.

Il reprend essentiellement à Platon un système a�.censionnel dans lequel l'Amour est ce puissant moteur qui élève l'âme vers le Beau et le Bon, vers Dieu.

Mais encore faut-il préciser que, chez Héroët, il s'agit exclusivement de l'amour partagé entre l'homme et la femme (c'est le choix qu'il fait pqur son Androgyne, chassé du paradis comme Adam et Eve : par le péché d'orgueil; et recomposé sur terre par un effet de« recon­ naissance» tout proche de la réminiscence platoni­ cienne).

Si, d'autre part, la vie est bien «un songe », les deux âmes «endormies » se réveilleront en Dieu dans la mort, dont leur union sur terre est la préfiguration la plus parfaite.

Cette pédagogie du sommeil traverse l'œuvre, liée à celle de la maîtrise des passions (et l'amour est, selon Héroët, une passion bonne) et à celle des conduites à tenir en société : ainsi parle-t-il constamment d'« exer­ cice», et l'ensemble de l'œuvre se présente-t-il comme une instruction donnée à la première personne par celui - ou plutôt celle-qui sait.

Car la voix, curieusement, est presque toujours fémi­ nine, ou, comme l'a dit finement Colletet, attire l' ama­ teur curieux. »

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