Histoire et politique

« E X P 0 S É S F C H E S ....

Il -CONSCIENCE HISTORIQUE, CONSCIENCE POLITIQUE Lecture politique de l'Histoire Pour Hugo, l'une des missions du drame, c'est« le passé ressuscité au profit du présent» (Préface de Marie Tudor).

Il s'agit donc bien de donner à !'Histoire une dimension politique, celle d'une lecture du présent à la lumière de l'éclairage his­ torique(« !'Histoire que nos pères ont faite, confrontée avec !'Histoire que nous faisons », ibid).

Telle est bien l'ambition de Lorenzaccio, de Henri Ill et sa cour, d' Hernani, de Ruy Blas, de Richard Darlington qui obligent à une lecture politique, celle qui met en scène les idéaux républicains, les aspirations du peuple, le conservatisme bourgeois, la sclérose monarchique, voire la satire explicite de la vie politique ...

En ce sens, l'utilisation de !'Histoire dépasse le seul souci de réalisme ou de vérisme pour devenir une forme d'engagement.

Individu et société Avec !'Histoire, le drame romantique souligne mieux le rapport entre l'individu et la société, entre la conscience individuelle et la conscience collective.

On notera d'abord que les conflits individuels sont difficilement séparables d'un contexte socio-économique ou socio-politique.

Tel est le cas, entre autres exemples, de Chatterton (le poète incompris dans une société fondée sur l'égoïsme mercan­ tile), de Ruy Blas (l'accession d'un domestique au pouvoir et son inévitable chute), de Lorenzaccio (l'acte révolutionnaire mis en échec par l'incurie du peuple).

Unis­ sant volontiers perspective passionnelle et perspective politique (Hernani, Ruy Blas, Marie Tudor, Kean), l'amour sépare cependant la visée individuelle de la visée col­ lective (ex.: l'échec de la marquise Cibo).

On notera enfin que le peuple est très présent dans le drame et que le conflit in­ dividuel peut symboliser une conscience collective qui n'a pas encore atteint la maturité politique (l'échec de Ruy Blas ou celui de Lorenzo sont très significatifs).

Légitimité Dans un drame où historique, politique et social forment une conjonction privi­ légiée, le problème de la légitimité se pose avec une particulière acuité à deux niveaux: - La légitimité politique: c'est l'interrogation sur la monarchie (Hernani, Loren­ zaccio), sur son droit et son pouvoir (Kean, Marion Delorme, Marie Tudor), sur sa dignité (Le roi s'amuse), sur sa capacité à faire le bonheur des êtres.

C'est aussi l'in­ terrogation sur la représentation des classes et des idéologies (Lorenzaccio, Ruy Blas).

-La légitimité sociale est à la fois individuelle et collective.

C'est le droit à la représentation de tous les individus (hommes, femmes, jeunes vieux, artistes, étu­ diants, commerçants, artisans, bourgeois, nobles, religieux ...

) y compris celle des marges (réprouvés, bâtards, bouffons, comédiens, prostituées, bandits, poètes ...

), le droit à l'expression de leur différence, de leur réalité, de leurs sentiments.

Conclusion: Héritier, témoin et acteur d'une Histoire dans laquelle il ins­ crit sa propre révolution littéraire, le drame romantique a voulu être inves­ tigation, interrogation politique et sociale autant qu'historique.

Ce faisant, il ouvre la voie à un théâtre engagé et devient le porte-parole peut-être trop précoce d'un public populaire à défaut d'être celui du peuple.

LE DRAME ROMANTIQUE :=ITIJ. »