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Hugo et le drame

Publié le 13/09/2015

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Le drame est la troisième grande forme de l’art, comprenant, enserrant et fécondant les deux premières. Corneille et Molière existeraient indépendamment l’un de l’autre, si Shakespeare n’était entre eux, donnant à Corneille la main gauche, à Molière la main droite. De cette façon, les deux électricités opposées de la comédie et de la tragédie se rencontrent et l’étincelle qui en jaillit, c’est le drame. 

En se plaçant à ce point de vue pour juger nos petites règles conventionnelles, pour débrouiller tous ces labyrinthes scolastiques, pour résoudre tous ces problèmes mesquins que les critiques des deux derniers siècles ont laborieusement bâtis autour de l’art, on est frappé de la promptitude avec laquelle la question du théâtre moderne se nettoie. Le drame n’a qu’à faire un pas pour briser tous ces fils d’araignée dont les milices de Lilliput ont cru l’enchaîner dans son sommeil. 

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la poésie a trois âges, dont chacun correspond à une époque de la société: l'ode, l'épopée, le drame.

Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques.

L'ode chante l'éternité, l'épopée solennise l'histoire, le drame peint la vie.

Le caractère de la première poésie est la naïveté, le caractère de la seconde est la simpli­ cité, le caractère de la troisième, la vérité.

Les rapsodes marquent la transition des poètes lyriques aux poètes épiques, comme les romanciers des poètes épiques aux poètes dramatiques.

Les historiens naissent avec la seconde époque; les chroniqueurs et les critiques avec la troisième.

Les personnages de l'ode sont des colos­ ses: Adam, Caïn, Noé; ceux de l'épopée sont des géants: Achille, Atrée, Othello.

L'ode vit de l'idéal, l'épopée du grandiose, le drame du réel.

Enfin, cette triple poésie découle de trois grandes sources: la Bible, Homère, Shakespeare.)) Il va de soi que, d'un point de vue historique et critique, la grandiose fresque de Hugo relève totalement de l'invraisemblable voire du délire.

Non content d'accu­ muler les erreurs factuelles, Hugo est contraint de sim­ plifier et de réduire à outrance pour faire entrer l'histoire de l'humanité et de la littérature dans un schéma aussi sommaire que celui esquissé dans la« Pré­ face».

Les contre-exemples et les arguments contraires sont si nombreux qu'il serait possible de remplir avec eux un ouvrage aussi volumineux que Cromwell.

L'essentiel, cependant, est ailleurs.

Hugo cherche à démontrer que le drame constitue comme le dépasse­ ment et le développement de toute la littérature anté­ rieure.

Il écrit ainsi : «Le drame est la poésie complète.

L'ode et l'épopée ne le contiennent qu'en germe; il les contient l'une et l'autre en développement; il les résume et les enserre toutes deux.)) Là encore, l'affirmation de Hugo est discutable, mais. »

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