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HUGO LES MISERABLES TEMPETE COMMENTAIRE

Publié le 11/05/2014

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VICTOR HUGO, LES MISERABLES (1862) EXTRAIT SUIVI DE COMMENTAIRES TOME 1, LIVRE SEPTIEME, L'AFFAIRE CHAMPMATHIEU, Chapitre III : Une tempête sous un crâne Il reculait maintenant avec une égale épouvante devant les deux résolutions qu'il avait prises tour à tour. Les deux idées qui le conseillaient lui paraissaient aussi funestes l'une que l'autre. - Quelle fatalité ! quelle rencontre que ce Champmathieu pris pour lui ! Être précipité justement par le moyen que la providence paraissait d'abord avoir employé pour l'affermir ! Il y eut un moment où il considéra l'avenir. Se dénoncer, grand Dieu ! se livrer ! Il envisagea avec un immense désespoir tout ce qu'il faudrait quitter, tout ce qu'il faudrait reprendre. Il faudrait donc dire adieu à cette existence si bonne, si pure, si radieuse, à ce respect de tous, à l'honneur, à la liberté ! Il n'irait plus se promener dans les champs, il n'entendrait plus chanter les oiseaux au mois de mai, il ne ferait plus l'aumône aux petits enfants ! Il ne sentirait plus la douceur des regards de reconnaissance et d'amour fixés sur lui ! Il quitterait cette maison qu'il avait bâtie, cette petite chambre ! Tout lui paraissait charmant à cette heure. Il ne lirait plus dans ces livres, il n'écrirait plus sur cette petite table de bois blanc ! Sa vieille portière, la seule servante qu'il eût, ne lui monterait plus son café le matin. Grand Dieu ! au lieu de cela, la chiourme, le carcan, la veste rouge, la chaîne au pied, la f...
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« nécessairement, et sans qu’il fût possible d’y échapper, quelque chose de lui allait mourir ; qu’il entrait dans un sépulcre à droite comme à gauche ; qu’il accomplissait une agonie, l’agonie de son bonheur ou l’agonie de sa vertu. Hélas ! toutes ses irrésolutions l’avaient repris.

Il n’était pas plus avancé qu’au commencement. Ainsi se débattait sous l’angoisse cette malheureuse âme.

Dix-huit cents ans avant cet homme infortuné, l’être mystérieux, en qui se résument toutes les saintetés et toutes les souffrances de l’humanité, avait aussi lui, pendant que les oliviers frémissaient au vent farouche de l’infini, longtemps écarté de la main l’effrayant calice qui lui apparaissait ruisselant d’ombre et débordant de ténèbres dans des profondeurs pleines d’étoiles.

COMMENTAIRE C’est la phase du dilemme : Jean Valjean est épouvanté devant la décision qu’il doit prendre, le dilemme qu’il doit résoudre : la fatalité a voulu qu’un homme, son sosie, ait été arrêté en train de voler des fruits et maintenant il risque une peine très élevée car il a été pris pour lui (envers les récidivistes la justice de l’époque était très sévère).

Tout le chapitre est dédié à ce dilemme : se dénoncer ou ne pas se dénoncer.

Il pense aux conséquences de chacun des choix qu’il pourrait faire : ce sont des moments dramatiques pour lui.

Il s’aperçoit qu’il n’y a pas une solution complètement positive : s’il va se dénoncer il doit laisser la vie heureuse qu’il mène depuis des années, au service de la collectivité, dans cette petite ville de Montreuil-sur-mer dont il est devenu le maire et que tout le monde vénère, aller au bagne, avec tous les éléments négatifs qu’il a déjà connus (la chiourme, les chaînes, les horreurs), mais il pourrait faire réduire la peine au pauvre Champmathieu.

Vice versa s’il ne va pas se dénoncer, il continuera la vie qu’il a toujours menée, mais il va faire du mal indirectement à Champmathieu.

Et le voici à se demander dramatiquement : « La destinée peut-elle donc être méchante comme un être intelligent et devenir monstrueuse comme le cœur humain ! » Son dilemme trouve son point culminant dans la phrase suivante : « — rester dans le paradis, et y devenir démon ! rentrer dans l’enfer, et y devenir ange ! Que faire, grand Dieu ! que faire ? » Ses hésitations le tourmentent physiquement et moralement : « Il chancelait au dehors comme au dedans.

Il marchait comme un petit enfant qu’on laisse aller seul.

» « Seulement il sentait que, à quelque parti qu’il s’arrêtât, […]qu’il entrait dans un sépulcre à droite comme à gauche ; qu’il accomplissait une agonie, l’agonie de son bonheur ou l’agonie de sa vertu.

» A la fin de ce passage, son dilemme n’a pas trouvé de solution.

Hugo termine le chapitre avec l’évocation de la figure du Christ qui mille huit cents ans avant avait souffert dans le jardin des oliviers en pensant au calice qu’il allait affronter pour le salut de l’humanité : « Dix-huit cents ans avant cet homme infortuné, l’être mystérieux, en qui se résument toutes les saintetés et toutes les souffrances de l’humanité, avait aussi lui, pendant que les oliviers frémissaient au vent farouche de l’infini, longtemps écarté de la main l’effrayant calice qui lui apparaissait ruisselant d’ombre et débordant de ténèbres dans des profondeurs pleines d’étoiles » Ce n’est pas casuel si on a une allusion à la religion chrétienne.

Ici on peut se rappeler la partie finale de « La fonction du poète » avec l’évocation de la Nativité pour indiquer la poésie comme une étoile qui mène à Dieu rois et pasteurs.

L.

D.

2. »

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