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IMPORTANCE DE LA SUGGESTION

Publié le 29/03/2015

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Ce texte est si dense et si important que chacune de ces phrases mériterait un long commentaire. Pour aller droit à l'essentiel, soulignons que Mallarmé réfute l'esthétique par­nassienne car celle-ci, en s'attachant à décrire le monde de manière directe et avec objectivité, se prive de cette capacité de mystère qui définit la véritable poésie. Cette dernière doit se contenter de suggérer et c'est au lecteur de déchiffrer le texte telle une énigme. Refaisant par sa lecture le chemine­ment qui avait été celui de la création, celui-ci, d'une cer­taine manière, à la recherche d'un sens qui lui échappe et qu'il lui faut reconstruire, récrit le poème : il participe de son invention.

 

Comme le déclare un peu plus loin Mallarmé, «Il doit y avoir toujours énigme en poésie «. Tel est le symbole au sens où l'entend Mallarmé. Il n'est pas cette image conve­nue et transparente que le lecteur déchiffre d'emblée et en laquelle s'épuise totalement le sens du poème. Il est, tout au contraire, cette évocation mystérieuse, opaque au premier abord, que l'on ne pénètre que progressivement et toujours de manière incomplète dans la mesure où un grand poème ne livre jamais entièrement son secret à qui le lit.

« 246 / Situation du poète .

§1 Fort de cette solitude absolue qu'il s'est choisie, Mallarmé, cependant, ne peut empêcher qu'on entende dans son dis­ cours la voix de cette nouvelle poésie à laquelle, par son œuvre, il a donné naissance.

C'est elle que dans une large mesure il définit pour Jules Huret.

......

Pour bien marquer la métamorphose qu'est en train de connaître selon lui l'expression poétique, Mallarmé oppose la nouvelle poésie à celle des parnassiens.

Ces derniers - essentiellement Théodore de Banville, Leconte de Lisle -, refusant dans l'ensemble l'esthétique romantique, prônaient et pratiquaient une poésie objective, visant à la précision absolue et à la rigueur formelle.

Pour Mallarmé, la nouvelle génération poétique s'oppose à cette conception et cela aussi bien pour les questions de forme que pour les questions de fond.

Une pratique plus souple de la versification est adoptée.

Surtout, au culte de la précision et de l'objectivité, les nouveaux poètes préfèrent une esthétique de l'imprécis, de l'indécis, une écriture qui sait jouer de l'allusion et de la suggestion.

En quelques phrases décisives pour la compréhension du virage essentiel que négocie la poésie française à la fin du XIXe siècle, Mallarmé déclare : « ...

quant au fond, les jeunes sont plus près de l'idéal poétique que les Parnassiens qui traitent encore leurs sujets à la façon des vieux philosophes et des vieux rhé­ teurs, en présentant les objets directement.

Je pense qu'il faut, au contraire, qu'il n'y ait qu'allusion.

La contemplation des objets, l'image s'envolant des rêveries suscitées par eux, sont le chant : les Parnassiens, eux, prennent la chose entièrement et la montrent : par là ils manquent de mystère; ils retirent aux esprits cette joie délicieuse de croire qu'ils créent.

Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve.

C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le sym­ bole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d'âme, par une série de déchiffrements.». »

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