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Instant propice, 1855 de Patrik Ourednik. La colonie « Fraternitas »: une secte?

Publié le 08/04/2013

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Instant propice, 1855 de Patrik Ourednik La colonie « Fraternitas «: une secte? Le roman Instant propice écrit par Patrik Ourednik est scindé en deux parties: il se compose d'une lettre du narrateur décrivant rétrospectivement son projet de colonie et d'un journal rédigé à l'époque de la colonie, en 1855, par un de ses colons. La lettre du narrateur est une lettre d'amour qu'il écrit en 1902 à Julie, visiblement l'amour de sa vie. En réponse à celle-ci, qui lui a demandé de lui dépeindre « le roman de sa vie «, il choisit d'exposer ce qui selon lui a donné un sens à sa vie: son oeuvre. Son oeuvre est la concrétisation de l'idéal de liberté qui l'habite. En effet, il voit en la liberté la solution aux dérives de la société, pour laquelle il éprouve une profonde aversion. Selon lui, les maux commis par les hommes ne sont autres que des conséquences aux règles établies par la société. C'est pourquoi il souhaite affranchir l'homme des règles et lui rendre sa liberté originelle. Il cite pour illustrer son propos Rousseau, qui a déclaré « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers «. Ces fers, qui entravent l'homme et le détournent de sa bonté naturelle, le narrateur veut y remédier en créant un nouveau monde, une société fraternelle qu'il révèlera sous la forme d'une colonie anarchiste baptisée « Fraternitas «, puisqu'il considère l'anarchie comme la situation laissant le plus de place à la liberté. La désorganisation qui caractérise l'anarchie est pour lui le moyen d'éveiller les passions humaines. Et en exprimant ces passions, il préjuge que l'homme exprimera sa répulsion pour les codes sociétaux, tels que le mariage, la civilisation ou encore la ville. Ce qui rend le narrateur si prompt et confiant à la réalisation de ce projet est qu'il ne s'imagine pas que la nature humaine soit autre que telle qu'il la conçoit, c'est à dire qu'elle a besoin de la liberté pour se réaliser. Cependant, on peut se demander si l'intégrer à une colonie est le moyen adéquat de rendre l'homme libre. En effet, on retrouve dans ce roman plusieurs éléments similaires à ceux présents au sein d'idéologies sectaires, bien que le narrateur s'en défende par la simple affirmation de son anarchisme, assimilé à la liberté et donc contraire aux préceptes liberticides d'une secte. Le concept anarchiste peut-il absoudre la notion de secte? C'est ce à quoi nous tâcherons de répondre en étudiant ce qui apparente le projet du narrateur et sa réalisation à une secte, ce qui l'en différencie avant de tenter de se positionner vis-à-vis du statut de cette colonie. Nous traiterons la notion de secte de manière anachronique, puisque le mot secte a d'abord eu un sens religieux, par la désignation d'un ensemble d'individus s'étant détaché de l'enseignement officiel de l'Église catholique pour créer leur propre doctrine. Le narrateur se déclarant antireligieux, cette définition ne pourrait s'appliquer à son oeuvre. En revanche, la définition actuelle semble beaucoup plus proche de la colonie Fraternitas: une secte telle que la définit le dictionnaire Larousse est un « clan constitué par des personnes ayant la même idéologie &raqu...

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