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Italo Calvino : Chapitre 5 du Sentier des nids d'araignée

Publié le 17/01/2022

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Les artistes d'après-guerre ont eu pour mission de transmettre au moyen de leurs ½uvres le souvenir, les faits, d'une période de tensions qu'ils ont eux-mêmes vécus. Dans cet extrait du "Sentier des nids d'araignée", chapitre cinq, Italo Calvino met en scène un Pino s'insérant dans un camp de partisans aux prises avec les difficultés physiques, mais surtout morales, qu'ils rencontrent. Il est donc intéressant d'étudier en quoi ce passage met en tension un héros et des nouvelles figures de personnages s'employant à la guerre ? Pour ce faire nous verrons d'abord comment Calvino fait du camp un endroit "familier", confronté à la réalité de la guerre, pour ensuite nous concentrer sur la part d'implication de l'enfant Pino dans un conflit d'adultes...

« brandissant des armes équivoques.

Les partisans du camp semblent fatigués, lourds, plats, et sont en parfaiteopposition avec l'énergie dégagée auparavant par l'affrontement et le chant.

Le contraste est vif entrel'affrontement bruyant de la bataille et cette scène silencieuse.

Ce qui devait être une victoire se révèle être unedéfaite morale.Parmi tous les personnages qui entrent en scène, un seul est nommé : le commandant Le Marle, ce qui donne uneimpression de nombre et de foule dans les rangs des partisans.

Face aux questions de Mancino le commandant briseenfin le silence : ceux du camp ont été positionnés de façon à ne pas prendre part à l'affrontement.

Le lecteurpourrait alors penser que ces hommes s'estiment chanceux d'avoir réchappé de l'affrontement et de ne déploreraucune perte.

Au contraire, ces hommes se sentent déshonorés de ne pas avoir pu prendre part au combat, etdonc de pouvoir défendre leur cause (" Et moi je donne ma démission.

Je suis malade." Le Marle p.101).

Cet étatd'esprit signale au lecteur une détermination et un courage singulier : les partisans italiens sont prêts à mourir pourla cause qu'ils défendent.Pino se retrouve au milieu d'un camp de partisans qui ont foi en la cause qu'ils défendent, prêts à sacrifier leurs viespour elle.

Mais qu'est-ce que Pino sait de cette cause ? Est-il prêt à se battre pour elle ? Le cercle d'adulte dans lequel est inséré Pino dans l'extrait lui semble sympathique, puisqu'il l'identifie au cercled'adultes du carrugio.

Mais Pino n'est jamais qu'un enfant projeté dans un monde d'adultes en guerre.

Ici,contrairement aux hommes du carrugio, les hommes ne rigolent pas, ils sont là pour se battre contre l'oppresseur etpour défendre leurs idéaux.

Le fait que Pino ne fasse pas vraiment la différence implique que le lecteur prenne pitiéde lui : cet enfant n'est pas à sa place dans cette guerre.

Il y a d'ailleurs encore une opposition entre deux groupesd'hommes : si ceux du camp sont peints de façon plus ou moins amoindrie par Calvino, ceux du bataillon quiremontent la route sont valorisés ("ce sont des hommes bien différents de tous ceux qu'il a vus jusqu'alors : deshommes bronzés, luisants de sueur, barbus, armés jusqu'aux dents."p.102), ce qui rabaisse les partisans du camp.Pino n'est pas avec des personnes qui lui correspondent.

Il ne comprend pas les autres personnages quand ilsparlent de communisme, ou encore de mots qui lui paraissent compliqués (ici "trotskiste" appliqué à Mancino, p.96).Au moment où Mancino s'avance vers Giglia et Pino en chantant "Le Drapeau Rouge», le faucon Babeuf qui "plane aubout de sa chaine comme un cerf-volant" (p.98) peut être vu comme un étendard de la lutte des partisans, unebannière flottant haut dans le ciel (Gracchus Babeuf étant un révolutionnaire français).

Enfin quand il retrouve sonami Loup Rouge, Pino ne remarque pas (car il ne saisit tout simplement pas) les symboles communistes inscrits sursa casquette.

La part d'implication idéologique de Pino est faible, voire nulle, puisqu'il est simplement trop jeune pourcomprendre l'intégralité des événements auxquels il prend pourtant part.On peut remarquer que Pino, durant tout le roman d'Italo Calvino se laisse porter par ses rencontres qui l'emmènentavec elles.

Dans ce passage, c'est la rencontre du Cousin qui l'amène au camp (avant lui Loup Rouge l'entraina horsde la prison).

Le héros ne suivrait-il pas docilement le cours des événements, guidé par quelques fortespersonnalités ? En effet Pino ne décide que trop rarement de s'opposer à une décision d'un autre personnage.

Il suitle chemin qu'on lui propose à travers cette Italie en guerre, sans jamais réellement saisir la signification des actesauxquels il prend part. Au final on peut souligner le fait que Pino n'est pas un héros, mais plutôt un antihéros.

Il reste un enfant catapultéau travers d'une Italie en guerre, sans jamais comprendre parfaitement ni la raison ni la cause des événements qu'ilrencontre.

Le fait que Pino rejoigne un groupe armé sans avoir en lui une conviction propre et une volonté d'aller sebattre, laisse supposer un certain "embrigadement" d'un enfant dans un conflit d'adultes, caractéristique del'absurdité de la guerre.Nous pouvons par là même élargir en établissant une parallèle avec les "enfants-soldats" que le monde d'aujourd'huiconnait.

En effet, que penser de Pino si l'un des adultes du groupe armé lui donnait une arme pour qu'il prenne partaux combats en l'incitant à aller dans ce chemin, sans pour autant que ce dernier ait des convictions propres etmûries ? Sujet désiré en échange : Le théâtre de l'absurde met en scène des personnages enlisés dans l'attente ou la monotonie de l'existence, ilprivilégie les anti-héros, les êtres anonymes et sans épaisseur ni caractère bien défini.

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