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Explication de texte: Le sentier des nids d'araignées, Italo Calvino [ passage tiré du chapitre V ]

Publié le 15/03/2011

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Italo Calvino, né en 1923, a grandit dans l’Italie mussolinienne où il a reçut une éducation antifasciste. Ecrivain réaliste et fabuliste, il est notamment l’auteur de Si par une nuit un voyageur (1975), Le baron perché (1957) et le sentier des nids d’araignées dont c’est le premier roman et qu’il écrit en 1947. Ce roman narre les aventures de Pino, un garçon d’une dizaine d’années qui se réfugie dans un monde d’adultes qu’il exècre, et qui va se retrouver au cœur du camp des partisans et faire la connaissance de bon nombre d’entre eux. Dans ce passage titré du chapitre V, Pino, précédemment abandonné par Loup Rouge partit en éclaireur, est revenu au sentier des nids d’araignées et a marché sans savoir où aller. C’est en chemin qu’il fait la connaissance d’un homme se disant tueur qui, prenant l’enfant en affection, consent à l’emmener avec lui au camp des partisans. Profitant d’une halte, Pino s’endort sous la surveillance de l’homme. 

« a tant rêvé de connaître un jour : tout d'abord, le gros homme est le seul personnage qui ait droit à une descriptioncomplète et détaillée du faciès.

Pino dit qu'il a « une moustache roussâtre et des yeux bleu clair », « une grandebouche édentée », et un « nez écrasé » (p.87).

C'est également le seul personnage dont Pino pense du bien, et qu'ilqualifie de « gentil ».

C'est un changement important dans la façon de penser de Pino qui ne pensait jusqu'alors quedu mal des adultes.

Le fait que Pino prenne en affection un tueur peut paraître plutôt étonnant mais c'est là leprétexte qu'il trouve pour ne pas être mal à l'aise en sa présence, comme il l'est d'habitude avec les personnesgentilles.

Le nom même de l'homme – Cousin – et le fait que Pino l'appelle avec bonheur comme cela est révélateurdu lien qui s'est créé entre eux : un lien familial.

Déjà, Pino voudrait « ne jamais le quitter, aller toujours avec lui »(p.94).

Cet homme transcende donc totalement la vie de Pino, et c'est d'ailleurs lui qui le mène vers un lieunouveau.Pino découvre alors le camp des partisans.

Alors que le sentier des nids d'araignées était un lieu fondateur du romanet du personnage de Pino, le camp est quand à lui le lieu où débute véritablement l'intrigue révolutionnaire.

Tous cesnoms étranges que Pino a entendu sans les comprendre – comité, gap, sim - prennent un sens dans ce lieu.

Et c'estcomme si le camp l'attendait : au lieu de le rejeter, il est aisément accepté et intégré au groupe qui avait «justement besoin d'un aide cuisinier » (p.90).

A présent au cœur de la révolution, le vol du pistolet semble biendérisoire: on entend des « coups de feu », des « rafales », des « éclatements sourds de grenade ».

Il rencontreégalement deux nouveaux personnages, qui font office de « parents » du camp : Mancino le cuisinier, et Giglia safemme. Ce passage est donc le passage à une nouvelle vie pour Pino qui rencontre enfin le grand ami qu'il attendait tant,mais qui découvre également un nouveau lieu et de nouveaux personnages.

Un des personnages en particulier prêteattention, puisque c'est un personnage féminin.

Or, il n'y a dans l'intégralité de ce roman que deux personnagesféminins : la sœur de Pino, et Giglia.

Cette dernière a donc son importance et la vision qu'ont d'elle les personnagesmasculins découle d'une façon de pensée collective et particulièrement sexiste. Le personnage de Giglia est donc un personnage important dans le sens où la présence féminine se faisant rare dansle roman, elle est ainsi plus remarquable.

Ainsi, Giglia est rejetée par les trois hommes de ce passage : Cousin, qui apour la gente féminine une véritable aversion et qui s'éloigne d'elle comme il peut ; Pino qui « n'a jamais supportéd'être caressé par une femme » et qui lui lance une de ses répliques cinglantes qu'il avait pour l'instant épargné auxdeux autres hommes ; et Mancino qui, piqué dans sa fierté, lui dit de retourner en ville et de se faire emporter par labrigade noire.

Au-delà du rejet de Giglia, c'est la femme en elle-même qui semble être mise en cause et, en effet, siles hommes nourrissent une aversion pour les femmes, le récit leur donne raison : la sœur de Pino est une prostituéequi va s'allier avec les allemands et trahir tout son village ; et Giglia va mener le trouble dans le camp avec sarelation adultère.

La femme a donc une image pejorative, caractéristique de toute une époque.Le machisme est omniprésent dans ce passage, mais se révèle déjà dans les précédents chapitres lorsque leshommes du café accusent la sœur de Pino de coucher avec un allemand alors qu'elle exerce son métier.

Cettevolonté de rejeter la faute sur la femme se retrouve dans ce passage lorsque Cousin explique à Pino que « les gensqui se la coulent douces de nos jours, ce sont les femmes » (p.88).

Cet homme est porteur de valeurs machistesrévélatrices de toute une époque puisque même Pino est lassé de ces « propos rebattus que tout le monde ressassebeaucoup ces temps-ci ».

Dans ce milieu d'homme dans lequel il a grandit, il est donc courant de critiquerouvertement les femmes, et de leur attribuer le mérite des fautes de leur espèce.

Cette volonté de rabaisser lafemme n'est pas quelque chose de nouveau puisque l'on sait qu'à la fin de la guerre, les femmes qui avaientcollaboré étaient rasées et humiliées en public.

Et en effet, Cousin a pour femmes des propos violents, disant que «c'est la plus sale race du monde ».

Les femmes, une race à part dans ce roman, « la plus sale », celle qui trahit, àcause de qui la guerre éclate… En conclusion, ce passage est pour Pino un passage vers une nouvelle vie, caractérisé par un changementd'ambiance et qui lui apporte un ami, un nouveau cadre de vie, et de nouvelles connaissances.

C'est également unpassage révélateur de la condition des femmes et de la façon de penser sexiste des hommes de l'époque qui trouveun recours à la guerre en attribuant le poids de leurs fautes au sexe faible.. »

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