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Jacques Brel, Il nous faut regarder.

Publié le 12/02/2011

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Derrière la saleté s'étalant devant nous Derrière les yeux plissés Et les visages mous Au-delà de ces mains Ouvertes ou fermées Qui se tendent en vain Ou qui sont poing levé Plus loin que les frontières Qui sont de barbelés Plus loin que la misère 0 nous faut regarder Il nous faut regarder Ce qu'il y a de beau Le ciel gris ou bleuté Les filles au bord de l'eau L'ami qu'on sait fidèle Le soleil de demain Le vol d'une hirondelle Le bateau qui revient L'ami qu'on sait fidèle Le soleil de demain Le vol d'une hirondelle Le bateau qui revient  

Par delà le concert Des sanglots et des pleurs Et des cris de colère Des hommes qui ont peur Par-delà le vacarme Des rues et des chantiers Des sirènes d'alarme Des jurons de charretier Plus fort que les enfants Qui racontent les guerres Et plus fort que les grands Qui nous les ont fait faire Il nous faut écouter L'oiseau au fond des bois Le murmure de Pété Le sang qui monte en soi Les berceuses des mères Les prières des enfants Et le bruit de la terre Qui s'endort doucement Les berceuses des mères Les prières des enfants Et le bruit de la terre Qui s'endort doucement. Jacques Brel, Il nous faut regarder. SUJET Vous ferez un commentaire composé de ce texte en montrant comment Jacques Brel parvient à une synthèse personnelle de la laideur et de la beauté d'un monde qu'il nous faut apprendre à regarder.

PLAN DU DÉVELOPPEMENT    Première partie. La laideur ou la beauté.    a) La laideur : rapidité de l'évocation.    — La défiance et la lâcheté ;    — la haine ;    — la perversion du bien.    b) La beauté : rapidité de l'évocation.    — La nature ;    — l'amour.    Deuxième partie. La confrontation de la laideur et de la beauté.    a) La place de la « saleté «.    b) L'opposition des éléments.    c) Le dépassement et l'apaisement.   

« La haine ensuite : ici encore on peut noter la perversion des symboles : les poings levés, loin de témoigner d'unesaine révolte expriment la haine et les « cris de colère ». * * * De même que l'auteur évoquait la saleté par une série d'attitudes, de même il procède par de rapides énumérationspour suggérer la beauté.

Un simple mot suffit à faire naître une impression.

A la différence de ce qui représentait lalaideur, les objets présentés coïncident exactement avec l'hexamètre. Sans exclure totalement l'homme, Brel introduit des éléments tels que le ciel, l'eau, l'hirondelle, les bois qui étaientprécédemment absents.

En cela, mais assez discrètement, l'environnement naturel se substitue aux «rues» et aux«chantiers». Surtout, un sentiment s'impose : l'amour.

Le plaisir vif et enjoué avec «les filles», la fidélité de l'amitié (il faut noterà ce propos le singulier de «l'ami»).

Sentiment rassurant appelé encore par l'image du bateau «qui revient» et, bienentendu, l'amour maternel.

L'image de l'apaisement passe d'ailleurs des «berceuses des mères» à «...

la terre quis'endort doucement».

Ici la tonalité n'est donc pas une joie triomphante mais un bonheur heureux et doux. * * * Deux réalités contradictoires s'affrontent donc.

Quelle est leur place respective? La laideur est dominante ets'impose immédiatement à la perception : « S'étalant devant nous ».

Elle fait écran, s'interpose entre l'homme et labeauté : les frontières, qui séparent les êtres et les divisent, délimitent aussi deux mondes, celui de la bassesse etcelui de l'idéal.

Les agressions se font multiples et particulièrement violentes dans la troisième strophe avec «lescris», «le vacarme», «les jurons», «les sirènes». Toutefois, l'équilibre est maintenu par le jeu des contrastes : la force brutale échoue devant une douceur de vivre.Le vacarme est dominé par le « murmure ».

Le temps de la cité et du travail (chantiers et rues) s'oppose à la natureet aux loisirs, la haine à l'amour.

Et la mort elle-même, le sang versé (la guerre), fait place aux manifestations de lavie : « Le sang qui monte en soi». On peut toutefois se demander si ces oppositions se compensent ou si, en fin de compte, un déséquilibre ne semanifeste pas.

Le dépassement correspond à la progression : derrière, plus loin, au-delà, par delà.

A ce titre, lacomposition des deux premières strophes est significative.

Si l'on groupe les vers, on a la répartition suivante : « Derrière.........nous » — 2 vers. « Derrière.........mous » — 2 vers. « Au-delà.........levé » — 4 vers. « Plus loin.........barbelé » — 2 vers. « Plus loin.........misère » — 1 vers. « Il nous faut regarder » — 1 vers. La composition se rétrécie donc alors que dans la strophe suivante elle est tout d'abord croissante : reprise de « Ilnous faut regarder», élargissement par l'énumération en sept vers.

Mais le dépassement ne conduit pas à s'évaderhors du monde : la beauté est également ici, éparse dans le moindre détail.

Ainsi peut se comprendre que la tensions'apaise.

Là encore, la structure des strophes sert cette impression.

La reprise des quatre derniers vers consacrés àla douceur suscite une contemplation heureuse.

Le retour du bateau (qu'il nous faut regarder) concorde avec cesentiment alors que « Le soleil de demain» tendait la pensée et le regard vers l'avenir qui serait clair.

Ainsi le désir(impératif dans sa sollicitation : « Il nous faut regarder», «écouter») d'aller au-delà de l'immédiate « saleté » ne seperd pas en vaine illusion : il doit trouver dans le monde de quoi le satisfaire.

IDÉES POUR LA CONCLUSION Dans un premier temps, on résume les grandes lignes du devoir : l'existence des deux mondes, mais aussi leursrapports respectifs.

Le thème même du poème rappelle d'autres œuvres où semblable préoccupation se manifeste.Mais les attitudes diffèrent.

Brel termine finalement sur note d'espoir puisque la réalité contient des éléments purs et. »

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