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Jean Giono - JEAN LE BLEU

Publié le 09/08/2014

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Jean Giono (1895-1970) JEAN LE BLEU  (ÉDITIONS GRASSET, 1932)

L'auteur évoque ici des souvenirs de son enfance vécue dans la ville de Manosque, au coeur de la campagne provençale.

Au-dessus de l'atelier de mon père était un vaste grenier sonore comme une cale de navire. Une large fenêtre, dominant toute la cour aux moutons, permettait de voir, au-delà des toits, par là-bas loin, le scintillement de la rivière, le sommeil des collines, et les nuages qui

5 nageaient comme des poissons avec de l'ombre sous le ventre. On ne pouvait vivre dans le bas de notre maison qu'en rêvant. Il y avait trop de lèpre de terre sur les murs, trop de nuits qui sentaient le mau­vais champignon, trop de bruits dans l'épaisseur des pierres. La tran­quillité, on ne l'avait qu'en partant de cette maison, et, pour partir, on

to pouvait se servir de ces bruits, de ces nuits, de ces visages étranges que l'humidité dessinait sur les murs. On pouvait se servir de la large fenêtre.

Je revois cette profondeur marine qui grondait au-delà de la ville. Toute la plaine fumait sous l'écume des routes. Des champs, frais

15 hersés, s'envolaient des embruns tordus. Le vent faisait son chemin et tout tremblait dans son sillage, on sentait qu'il s'en allait droit devant lui, qu'il était là, mais que déjà ses yeux s'élargissaient sur de nouveaux pays étalés et faisant la roue comme de gros oiseaux de toutes les couleurs. On sentait qu'il était puissant et doux, qu'il suffi‑

).0 sait de s'appuyer un peu fort à son flanc pour être emporté dans le monde. On sentait que ce désir de fuite il le semait en vous comme une lente graine féroce et qu'on serait déchiré plus tard par d'énormes racines mouvantes comme des poulpes. Je sentais que le vent s'enracinait en moi.

 

Vous ferez de ce texte un commentaire composé, sans dissocier l'étude du fond de celle de la forme. Vous pourriez vous demander comment, dans le souvenir, se mêlent le réel et le rêve.

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« COMMENTAIRE COMPOSÉ Corrigé DIFFICULTÉS -CONSEILS -PROPOSITIONS • Jean Giono, né à Manosque en 1895, a beaucoup écrit sur sa Provence natale (Colline, 1929 ; Regain, 1930).

Prônant un idéal de vie naturelle (Que ma joie demeure, 1935), il sera le chef de file du mouvement romanesque des « hussards », avec Le Hussard sur le toit (1951).

Suggestions • Il est nécessaire de faire attention au type de texte auquel nous avons à faire: il s'agit ici d'un texte descriptif.

• Le libellé du sujet suggère que cette description ne relève pas du réalisme seul, mais se mêle au rêve.

Il faudra en tenir compte dans le plan, même si en aucun cas un plan en deux parties (le réel et le rêve) n'est conseillé.

• Si le libellé, par ailleurs, insiste aussi sur la nécessité de ne pas séparer fond et forme, c'est à la fois parce que ce conseil est valable pour tout commentaire composé, et parce que la forme de ce texte est particulièrement importante.

Documentation -Les romans de Giono sont d'une lecture aisée: inutile donc de s'en priver! - Sur la Provence : outre Giono, beaucoup d'écrivains ont chanté cette région, depuis le poète Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature, au romancier Henri Bosco (1888-1976, Le Mas Théotime, L'Ane Culotte) ou à !'écrivain et cinéaste Marcel Pagnol (1895-1974, La Gloire de mon père, Topaze, Marius, La Femme du Boulanger).

Plan détaillé Introduction Le texte de Giono est une description de la campagne qui envi­ ronne Manosque.

Cette description est effectuée par un narrateur, présent sous la forme du «je ».

Dès lors, elle relève des principes du réalisme, habituels dans une description, mais aussi d'un principe de subjectivité, du fait de cette présence du narrateur, qui raconte ses souvenirs d'enfance.

Aussi le réel est-il rapidement transfiguré, par le biais du rêve, et en particulier des figures majeures de l'eau et du vent.

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