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Jean Rouaud (né en 1952) - DES HOMMES ILLUSTRES (commentaire)

Publié le 05/02/2013

Extrait du document

Le narrateur évoque le remembrement en France dans les

années 60. Les bulldozers rasent tout ce qui fait obstacle au regroupement

des terres.

Les gigantesques pelles mécaniques rasaient les haies sans même

paraître s'en apercevoir, broyaient les broussailles avec mépris, bousculaient

les talus comme on piétine une fourmilière, comblaient les fossés,

les abreuvoirs, laminaient les bosses sur lesquelles aimaient à se planter

5 les vaches curieuses pour mieux jouir du paysage.

Même les grands chênes hautains subissaient la loi du plus fort. La

lame à l'avant du bulldozer se collait contre l'écorce, le régime du moteur

montait en puissance et l'énorme masse se mettait à pousser. En vain. Le

tronc demeurait immobile, sûr de sa légende, affichant une assurance

10 têtue. La rage de la mécanique se communiquait alors à l'ensemble de la

terre. Les trépidations des manettes, tiges métalliques verticales coiffées

d'un bouton de bakélite noire, faisaient trembler tout le corps de l'homme

crispé sur les commandes. Les chenilles patinaient. Face à cette débauche

d'énergie, la ramure oscillait. On voulait croire qu'il s'agissait d'une illu-

15 sion d'optique des nuages défilant derrière les frondaisons comme certaines

nuits la lune paraît glisser à travers les nuées. Mais sur cette présomption

1 la machine redoublait de violence, bélier furieux acharné à la

perte de sa victime, et bientôt il fallait se rendre à l'évidence : les nuages

défilaient et l'arbre s'inclinait. Il ne s'abattait pas brutalement comme

20 celui qui cède sous les coups de la cognée2

. À chaque degré de son inclinaison

il s'accrochait de toutes ses racines, refusant de capituler, emportant

quand elles se déchaussaient un morceau de la terre-mère comme une

preuve d'arrachement. Sous une dernière poussée triomphale, l'arbre

enfin se couchait dans un froissement de feuillage couvert par le bruit du

25 moteur, gisant, branches et racines de part et d'autre du fût3, comme un os

symétrique.

Les indications du libellé ne permettent pas de construire le commentaire. « Combat « et « défaite « sont imbriquées dans le texte et les distinguer pour organiser deux parties amènerait des répétitions. Il est préférable de traiter d'abord du récit de ce que l'on voit : un combat à mort puis d'en chercher la portée symbolique c'est-à-dire le sens profond que le narrateur veut lui donner.

« COMMENTAIRE COMPOSÉ Vous ferez de ce texte un commentaire composé.

Vous montrerez, par exemple, par quels procédés l'auteur raconte, pour la déplorer, la défaite de la nature dans son combat épique contre la machine.

Corrigés PRÉPARER LE COMMENTAIRE COMPOSÉ L'auteur •La vie Jean Rouaud est né en 1953.

Titulaire d'une maîtrise de lettres il vit d'emplois précaires.

Il tient un kiosque à journaux à Paris quand il reçoit le prix Goncourt.

• L'œuvre Les Champs d'Honneur (1990).

Prix Goncourt.

Des Hommes illustres (1993).

•Thèmes de l'œuvre Les deux romans écrits par Jean Rouaud sont autobiographiques.

L'auteur y célèbre des personnages familiaux disparus dont il rap­ pelle le souvenir avec verve et ferveur.

• Caractéristiques de l'écriture La langue de Rouaud est très riche et le style très maîtrisé.

Ces quali­ tés s'allient à un ton nostalgique ou plein d'humour qui suscite l'émotion.

Lire le libellé Le libellé insiste sur la recherche des procédés, c'est-à-dire les moyens stylistiques utilisés par l'auteur (voir conseils méthodolo­ giques).

Il indique aussi le ton du texte : le narrateur est attristé par la destruc­ tion du bocage.

L'adjectif« épique » vient du féminin « épopée ».

L'épopée est un récit héroïque sous forme d'un poème qui exalte un grand sentiment collectif à travers les aventures d'un héros légendaire incarnant un idéal.

Ce dernier accomplit des exploits extraordinaires et symbo­ liques dans un univers où interviennent les dieux ou les forces de la nature.

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