LA CRITIQUE AVANT ET APRES 1945 (LITTÉRATURE)
Publié le 13/04/2012
Extrait du document
OEuvRES : De nombreux essais critiques des années 60 comportent une préface ou des remarques éparses sur leur méthode. Ne sont rappelés ici que quelques ouvrages qui servent à amorcer la réflexion : Roland BARTHES, Critique et vérité, Seuil, 1966 (réponse à R. Picard). - Cerisy (colloque de), Les chemin actuels de la critique, 10/18, 1968 (des dialogues éclairants). - Serge DOUBROVSKY, Pourquoi la nouvelle critique? Mercure de France, 1966 (contre 1 a déshumanisation de la critique). -Gilbert DURAND, Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Bordas; L'imagination symbolique, P. U. F., coll. SUP, 1964 (excellente initiation au renouveau de l'imaginaire : Freud, Jung, Bachelard ... ). - FAGES J.-B., Comprendre le structuralisme, Privat, 1968; Le structuralisme en procès, Privat, 1970; Comprendre Lacan, Privat, 1970 (présentation claire de domaines difficiles).- Roger FAYOLLE, La critique, A. Colin, coll. U., 1964 (excellent panorama). - Lucien GoLDMANN, Pour une sociologie du roman, Gallimard, << Idées«, 1964 (réflexion théorique, application à Malraux, à RobbeGrillet). - Charles MAURON, Des métaphores obsédantes au mythe personnel, Corti, 1964 (une préface importante sur sa méthode, comparée à celles de Sartre, Bachelard, Richard ... ).- Nouvelle Revue Française, oct. 1970 (numéro spécial sur la critique). - Raymond PICARD, Nouvelle critique ou nouvelle imposture?, Pauvert, 1965, (le brillant pamphlet qui a suscité les réponses de Barthes, Doubrovsky ... )- Vladimir PROPP, Morphologie du conte, Seuil, coll. Points, 1970 (les origines et, en annexe, l'évolution des analyses de récits); Théorie de la littérature, Seuil, 1965 (recueil de textes des formalistes russes). - Vincent THERRIEN, La révolution de Gaston Bachelard en critique littéraire, Klincksieck, 1970 (la première grande synthèse).
«
Le temps des polémiques
L'âge des polémiques était ouvert, et dans
l'arène des lettres allaient s'affronter critiques
dogmatiques et critiques impressionnistes.
Bru- :
netière (1849-1906) juge les œuvres au nom de
valeurs intangibles, le
« véritable » esprit fran
çais, la
« véritable » morale et la « véritable »
nature de chaque genre littéraire.
A ce nouveau
système Jules Lemaitre (1853-1914) et les impres
sionnistes
opposent la sympathie immédiate,
l'art de traduire le plus fidèlement possible les
impressions qu'une œuvre produit sur la sensi
bilité de
chacun.
Au juge toujours prêt à rendre
des arrêts il préfère le simple lecteur dilettante
qui se
fie à son seul plaisir, au risque de se voir
reprocher par son adversaire une paresse intellec
tuelle
marquée par le refus de chercher à ses
impressions « des motifs plus généraux qu'elles
mêmes, des justifications qui les dépassent
».
Le grand mérite de la critique historique,
représentée en particulier
par Gustave Lanson
(1857-1934), est d'avoir, avec beaucoup de
sagacité, permis une conciliation entre ces deux
extrêmes, et uni
la solidité de l'érudition aux
exigences du goût.
La connaissance de la bio
graphie,
du milieu, des influences n'est, pour
Lanson, qu'une opération préliminaire permettant
d'approfondir le plaisir esthétique.
Sans doute
« 1 'étude de la littérature ne saurait-elle se
passer
aujourd'hui d'érudition »; mais « si la
lecture des textes
originaux n'est pas 1 'illustra
tion perpétuelle et le but dernier de 1 'histoire
littéraire, celle-ci ne procure plus qu'une connais
sance stérile et sans valeur » (Avant-propos de
l'Histoire de la littérature française, 1894).
La
méthode lansonienne, fondée sur l'établissement
de bibliographies, sur l'étude des sources et
1
'examen des manuscrits, garde aujourd'hui
encore toute sa valeur.
Elle ne doit pas être
confondue avec ce qu'on a appelé le « lanso
nisme
», caricature ou déformation de cette doc
trine,
où la fiche tue 1 'esprit, et qui n'a guère eu
d'existence
que dans les travaux d'épigones mala
droits ou dans 1 'esprit d'adversaires malveillants.
A la veille de la Première
Guerre mondiale,
1 'exaspération des esprits élève le débat sur la
critique à la hauteur d'un conflit « national ».
Maurras réhabilite la critique normative.
Péguy,
mû par sa ferveur patriotique, s'emporte contre
la Sorbonne, bastion de 1' « esprit historique »
et du « parti intellectuel », et voit dans le lan
sonisme une invasion de 1 'esprit germanique.
C'était vouloir à tout prix, ici comme ailleurs, faire
une mauvaise querelle.
Mais
la raison
réelle était plus profonde et plus intéressante.
Bergson était passé
par là, « rompant les fers »
en dénonçant l'intelligence comme un mode
de connaissance imparfait, très inférieur à l'in
tUition infiniment plus accordée à 1 'infinie
fluidité
du courant de conscience dont, en défi
nitive, est bien issue
1 'œuvre d'art.
Au lieu de
juger,
au lieu d'expliquer, ne faut-il pas plutôt
subtilement pénétrer dans « ce que voit un autre
de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre»
(Proust), saisir le mouvement intime de la créa
tion littéraire en le revivant
soi-même? L'étude
de Proust sur Flaubert, dans Chroniques, est bien
supérieure, en ses quelques pages,
au Flaubert pu
blié en 1922 par Albert Thibaudet (1874-1936),
parce qu'au lieu de s'appuyer sur des critères
extérieurs, elle dégage les deux aspects
du style
où les battements du cœur de 1 'œuvre ne par
viennent pas à être étouffés par la volonté,
tendue à l'extrême, de l'écrivain.
Le
danger d'une telle interprétation critique
est
de se substituer inconsciemment à 1 'auteur
étudié.
Les écrits critiques de Valéry, quelque
brillants qu'ils soient, n'échappent pas toujours
à ce piège.
Hugo devient, pour lui, un « créateur
par la forme », comme l'auteur de Charmes
Paul Léautaud : > (André Rouveyre)..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- «Pourquoi n'y aurait-il pas en littérature comme dans l'ameublement des styles : un style Louis XIV, Louis XVI, etc. Et s'il faut bien que les fournisseurs satisfassent les consommateurs, comment n'en résulterait-il pas, dans une certaine mesure, une «modification de mentalité créatice» ? (J. Pommier, Questions de critique et d'histoire littéraire, 1945.) Commentez cette suggestion.
- LES œUVRES DE CIRCONSTANCE : CRITIQUE ET POLITIQUE chez SARTRE - Qu'est-ce que la littérature?
- Littérature japonaise contemporaine par Koji Shirai Tokyo La littérature japonaise depuis 1945 est le reflet des changements complexes survenus dans la société après la guerre.
- La littérature allemande de l'après-guerre par Marcel Schneider En 1945, après douze
- Bielinski ou Belinski Vissarion Grigorievitch, 1811-1848, né à Sveaborg, historien de la littérature et critique russe.