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La critique de la société de cour dans « De la cour » et « Des grands »

Publié le 14/08/2014

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Les moralistes antiques exposent souvent le divorce de l'utile (ce que La Bruyère appelle « l'intérêt «, comme dans DC, 22) et de l'honnête, l'acte moral. Or, La Bruyère rappelle que l'utile et l'honnête n'entrent pas toujours en contradiction et qu'un comportement sans cal­cul est souvent aussi efficace que la rouerie (DC, 2). Dans DG, 12 et 13, la « vertu « appa­raît comme une troisième voie entre la « grandeur« des puissants et l'« esprit« des courtisans. La solution aux angoisses permanentes que l'ambition crée chez les courtisans est le détache­ment du sage, de même que, chez les grands, elle se situe dans le choix de « faire plaisir « (DG, 31), de « rendre un coeur content « (DG, 4) quand on le peut.

« Ill.

Les réponses du moraliste L'ambiguïté de La Bruyère La Bruyère est très ambigu quand il s'agit de juger la situation sociale de la cour.

D'une part, il entérine la situation d'inégalité qui existe : tout en critiquant la dureté et le mépris que manifestent les grands, il se moque des courtisans qui singent les grands, comme si cette imitation était impossible et que les grands eussent, par naissance, une distinction inégalable (DC, 17).

Il se moque de ceux qui tentent de convaincre les autres de l'ancienneté de leur nom (DC, 20) mais il accorde lui-même une vraie valeur à ces grands noms.

Il montre sou­ vent un courtisan arrogant, qui ne salue pas (DC, 41, 61, 76), là où le grand est méprisant, mais toujours poli.

D'autre part, il expose à plusieurs reprises la situation de« l'homme de mérite», plein de qualités qui ne lui sont pas reconnues (DC, 27) et qui le rendent égal ou supérieurs à ces grands qui le méprisent (DG, 3, 7, 8).

Une critique générale La Bruyère ne traite pas de thèmes différents à chaque chapitre.

Beaucoup de critiques adressées à la vie de cour dans les chapitres VIII et IX sont faites à l'argent dans le chapitre « Des biens de fortune ».

Ainsi dans la remarque 80 de ce dernier chapitre, La Bruyère évoque avec quelque ironie ces hommes« qui n'ont point de grand-père»; dans DC, 95, il utilise le même thème.

Il stigmatise, dans « Des biens de fortune », 78, l'ascension sociale des « pâtres » comme il stigmatise celle des serviteurs dans DC, 60.

Ainsi la critique demeure générale.

Elle porte, certes, sur la cour, mais vise surtout l'homme.

Des solutions morales L'idée générale sous-jacente chez La Bruyère est que l'ordre social est un ordre voulu par Dieu et que l'ambition, l'avidité des courtisans attentent autant à l'ordre divin que le mépris des grands et leur refus d'aider les petits.

Selon La Bruyère, les mœurs de la cour sont inversées par rapport à ce que devraient être les mœurs de chrétiens.

Cette corruption a pour corollaire légoïsme (DC, 28), vice grave dans la morale chrétienne où le prochain doit compter plus que soi.

La Bruyère aime à créer des parallèles entre le social et le moral.

Il évoque ainsi cette vie de cour qui distingue les « grands » et les « petits », alors que tout le monde est« petit» à la cour (DC, 3), c'est-à-dire mesquin 1 • Les moralistes antiques exposent souvent le divorce de l'utile (ce que La Bruyère appelle «l'intérêt», comme dans DC, 22) et de l'honnête, l'acte moral.

Or, La Bruyère rappelle que l'utile et l'honnête n'entrent pas toujours en contradiction et qu'un comportement sans cal­ cul est souvent aussi efficace que la rouerie (DC, 2).

Dans DG, 12 et 13, la« vertu» appa­ raît comme une troisième voie entre la « grandeur » des puissants et I' « esprit » des courtisans.

La solution aux angoisses permanentes que !'ambition crée chez les courtisans est le détache­ ment du sage, de même que, chez les grands, elle se situe dans le choix de « faire plaisir » (DG, 31 ), de « rendre un cœur content » (DG, 4) quand on le peut.

La critique de la cour présente donc bien des aspects concrets, elle suggère des rancœurs, une déception profonde de La Bruyère à l'égard d'un système qui ne reconnaît pas le mérite.

Mais cette critique trouve son aboutissement dans la méditation morale plus que dans la remise en cause de la cour.

1.

Ce glissement de sens qui fait passer d'un sens à un autre, plus figuré, est une syllepse (voir aussi DC, 10).. »

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