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La critique littéraire (histoire de)

Publié le 31/07/2011

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histoire
La nouvelle critique n'est pas véritablement le nom d'un nouveau courant dans la critique littéraire. C'est initialement un terme de polémique employé par Raymond Picard, un professeur de la Sorbonne, et qui visait essentiellement Roland Barthes. Celui-ci a écrit en 1963 Sur Racine, un ouvrage qui a particulièrement agité le monde des lettres. En effet Roland Barthes s'était attaché à commenter l'ceuvre de Racine sous un angle psychologique et à l'analyser avec toute sa finesse, mais en tenant peu compte de la réalité historique et en manquant parfois de précision.
histoire

« laquelle elle sinscrit.

Apres le seisme de la Revolution, la litterature ne peut plus refleter le «Beau ideal» classique dans une societe bouleversee. Parallelement aux publications de Victor Hugo et de Charles Nodier, Honors de Balza( (1799- 1850) ecrit egalement des critiques litteraires dans des revues telles que Le Feuilleton litteraire ou La Chronique de Paris. Contemporain de Charles Nodier et de Victor Hugo, Sainte-Benue (1804- 1869), le critique le plus redoute de son époque, a apporte une extreme richesse a ['analyse des oeuvres en distinguant la critique des oeuvres passees et celle des oeuvres contemporaines, la critique polemique et la critique objective, la critique impressionniste et la critique scientifique, pressentant merne de nouvelles formes de critique, telle la critique psychanalytique.

Dans Causeries du lundi (1857), il ecrit: «Cart de la critique, dans son sens le plus pratique et le plus vulgaire, consiste savoir her judicieusement les auteurs et a apprendre aux autres a les lire de merne en leur epargnant les tatonnements et en leur degageant le chemin.» Les Portraits sont, reunies par ['auteur, les critiques redigees entre 1829 et 1849.

Sainte-Beuve y analyse les ceuvres au prisme quasi exclusif de la biographie de leurs auteurs. II ne dissocie pas la vie des auteurs de leur oeuvre, mais explique cette derniere par la premiere, exposant le milieu dans lequel its creent et les classant par famille de creation. Afin de gagner sa vie, Charles Baudelaire (1821-1867) est contraint de travailler : it exercera donc pendant de nombreuses annees le métier de critique fitteraire et artistique dans diverses revues (Le Figaro, Le Corsaire-Satan, La Revue LE FIGARO 40 veviusn nos -as von.

na axe us vn on v13,4 r....,.1 -S:6.. 14?' 4 II anecdotique...).

Ses articles sur Laclos, Hugo, Flaubert, Gautier, Delacroix, Wagner, reunis dans Curiosites esthetiques et dans L'Art romantique, sont des chefs -d'oeuvre de clairvoyance. La demarche de Baudelaire, qui le place parmi les plus grands critiques de son siecle, est le pendant exact de celle de Sainte-Beuve.

Alors que celui-ci analysait les oeuvres sous ['angle de la vie de leur auteur, Baudelaire les etudie en considerant que recriture est autonome: c'est une faculte de l'homme qui tend au Beau. LA CRMQUE AU Xr SIECLE Avec son Contre Sainte-Beuve (1907- 1909), Marcel Proust (1871-1922) marque un tournant decisif dans la critique litteraire. II s'insurge en effet contre le parti pris de son predecesseur de considerer ['oeuvre a Ia lumiere de la vie de son auteur. Scion lui, cette methode, qui consiste a ne pas separer l'homme et rceuvre, [...] meconnatt ce qu'une frequentation un peu profonde avec nous-meme nous apprend: qu'un livre est un produit d'un autre moi que celui que nous manifestions dans nos habitudes, dans la societe, dans nos vices ».

D'ailleurs, la Recherche du temps perdu tout entiere peut etre consider& comme rapprofondissement de la question aqu'est-ce qu'une oeuvre d'art?». Apres Marcel Proust, Andre Gide (1869-1951) avec Pretedes (1903) et Nouveaux Pretextes (1911), Paul Vakry (1871-1945) avec Variete (1924- 1944) ou encore Paul Claudel (1868- 1955) avec Contacts et Circonstances (1940) n'ont cesse de se pencher sur la litterature et sur son sens. lean-Paul Sartre (1905-1980), quant sirs a lui, n'a jamais separe son activite critique de son activite politique, philosophique et litteraire.

On lui doit plusieurs etudes sur des auteurs, dont Baudelaire (1947) et Saint Genet comedien et martyr (1952), ainsi que deux oeuvres posthumes: allot de la famille (1975-1988), longue analyse sur Flaubert, et Mallarme: la lucidite et la face d'ombre (1986). Jean-Paul Sartre a fon& une methode de critique tres personnelle, conciliant tout en les depassant le mancisme et la psychanalyse.

Cette methode a pour projet de faire connaitre et comprendre un individu pour repondre a la question «comment devient-on un homme qui ecrit?». CRITIQUE LITTERAIRE ET SCIENCES SOCIALES En publiant Sur Racine (1963), Roland Barthes (1915-1980) est a I'origine de la querelle sur la nouvelle critique (voir encadre). Mais, au- dela de la polemique, Roland Barthes, en publiant en 1970 S/Z (sur Sarrasine, une nouvelle de Balzac) et en 1971 Sade, Fourier, Loyola, utilise la psychanalyse tout comme le structuralisme, se montrant par la particulierement novateur. Depuis les annees 1960, il n'y a plus une critique litteraire mais des critiques litteraires.

Les differentes approches et les differents courants sont en perpetuelle evolution, et il serait presomptueux de dresser un tableau exhaustif des methodes de critique litteraire.

Quelques courants principaux peuvent toutefois se &gager. LA CRITIQUE THEMATIQUE La critique thematique, qui est I'un des avatars de la nouvelle critique, offre une vision globale, unifiee, ordonnee et rationalisee des textes, dont elle rend Ia stratification interne (perception, reflexion, poetisation) par le prisme de sciences telles que la psychologie, Ia sociologie... La psychocritique a ete mice au point par le psychanalyste Charles Mauron (1899-1966).

Cette methode de lecture des textes consiste a superposer des fragments d'un meme auteur pour faire apparaltre des images, des associations dont la recurrence est obseclante.

Une fois reperees, ces associations forment le a mythe personnel u de ['auteur.

Ce sont ainsi les acquis de la psychanalyse (le principe des associations d'idees) qui sont repris au service de la critique litteraire.

La sociocritique, plus recente, est apparue dans les annees 1960 avec la nouvelle critique.

Elle a pour projet d'etudier he texte litteraire dans son contexte social, historique et institutionnel. La critique biographique est la critique pronee par Sainte-Beuve et longtemps utilisee au niveau scolaire (le fameux manuel de Lagarde et Michard en est I'exemple le plus connu).

Elle vise a expliquer l'ceuvre par la vie de son auteur.

Fortement contest& par Proust puis par la majorite des critiques du xce siècle, elle n'a plus les faveurs des critiques litteraires aujourd'hui. LE SllUCTURAUSME Le structuralisme tire son origine du Cours de linguistique genErale (1916) de Ferdinand de Saussure (1857-1913), qui etudie la langue comme un systeme dans lequel chacun des elements West definissable que par les relations d'equivalence ou d'opposition qu'il entretient avec les autres. Cet ensemble de relations forme la structure.

Les oppositions et/ou les symetries sont alors creatrices de sens. Scion les structuralistes, les oeuvres obeissent a des lois de construction rigoureuses.

Le critique fitteraire se penche alors sur la seule forme «forme» du texte.

Trois observations successives peuvent donc etre faites: lexicale, grammaticale et prosodique. L'approche lexicale consiste a etudier le vocabulaire du texte, en verifiant he cas &Want le sens fitteral de certains mots.

II Taut de plus reperer les champs Iexicaux et verifier la presence eventuelle de figures de style (allegorie, metaphore, litote, euphemisme, etc.). LA NOUVELLE CRITIQUE La nouvelle critique nest pas veritablement le nom d'un nouveau courant dans la critique litteraire. C'est initialement un terme de polemique employe par Raymond Picard, un professeur de la Sorbonne, et qui visait essentiellement Roland Barthes.

Celui-ci a ecrit en 1963 Sur Racine, un ouvrage qui a particulierement agite le monde des lettres.

En effet, Roland Barthes s'etait attaché a commenter ['oeuvre de Racine sous un angle psychologique et a ['analyser avec toute sa finesse, mais en tenant peu compte de la realite historique et en manquant parfois de precision.

Cette approche ne pouvait manquer de faire bondir Raymond Picard, grand specialiste de Racine a la Sorbonne, qui l'attaqua, ainsi que plusieurs autres critiques, dans Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture (1965).

Roland Barthes repliqua dans Critique et Write en 1966.

Dans cette nouvelle querelle des Anciens et des Modernes, les premiers etaient representes par les mares de la Sorbonne, les seconds par ceux qui desiraient renouveler la critique traditionnelle en utilisant les sciences modernes, telles que la sociologie ou la psychanalyse.

Le texte de Barthes, plus intuitif qu'erudit, plus brillant que savant, a toutefois permis, apres que les esprits se furent apaises, d'envisager la critique sous de nouvelles perspectives, ouvrant ainsi le champ a la psychocritique, a la sociocritique, a la critique historique, etc.

L'approche grammaticale se fonde sur la syntaxe des phrases, qui doivent donc etre observees dans leur construction et leur ponctuation. Enfin, rapproche prosodique s'attache aux sonorites.

Elle etudie les eventuelles alliterations et assonances, observe le rythme des phrases et la versification. CRITIQUE LITTERAIRE ET MASS MEDIA Apres les annees 1980, le visage de la critique litteraire et de redition en general se modifie sensiblement. En effet, l'explosion des medias (presse, television, radio, Internet) multiplie racces a la culture.

Tous les quotidiens et hebdomadaires ont leurs pages litteraires, et la plupart des mensuels, y compris les plus legers, rendent comptent des dernieres parutions. Pendant des annees, remission Apostrophes, dirigee et animee par Bernard Pivot, a fait la pluie et le beau temps dans les librairies: un auteur passe a Apostrophes etait assure de ventes consequentes.

En 2005, le magazine radiophonique Le Masque et la Plume a fête ses cinquante ans d'existence.

Polemiques et &bats enflammes, sur la litterature mais aussi les arts de la scene et le cinema, ont fait la reputation dune emission qui s'est maintenue grace a son independance d'esprit.

Mais, malgre la multiplication des supports, le nombre de critiques litteraires n'a pas augmente de maniere exponentielle.

Ainsi, il arrive souvent que des critiques litteraires qui sont aussi auteurs soient egalement directeurs de collection dans des grandes maisons d'edition ou responsables de rubriques ou d'emissions televisees ou radiophoniques.

Ce « melange des genres» conduit parfois a quelques petits arrangements" qui sont pointes du doigt.

Dans Les Nouveaux Chiens de garde (1997), Serge Halimi stigmatise cette pratique tres francaise: «Aux Etats-Unis, certains quotidiens interdisent formellement a leur redaction en chef de confier la critique d'un livre a quiconque connait ['auteur, ou a lui-meme emit un ouvrage dont ['auteur aurait precedemment rendu compte, ou entretient des liens etroits avec une personne souvent citee dans he livre en question.

n Mais la plupart des responsables des pages litteraires appliquent une deontologie stricte, evitant ainsi recueil du «copinage». ILes critiqueslitteraires d'aujourd'hui sont Jerome Garda, Philippe Sollers, Jorge Semprun, Daniel Picouly, Frederic Beigbeder, Pierre Assouline, Edwy Plenel, Franz -Olivier Giesbert, Jean -Marie Colombani, Bernard-Henri Levy ou encore Philippe Tesson.. »

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