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«La description chez Balzac »: Fonction descriptive et progression du récit dans trois romans : La Peau de chagrin, Le Colonel Chabert, Le Père Goriot

Publié le 17/01/2022

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INTRODUCTION On a souvent remarqué l'importance quantitative des passages descriptifs chez Balzac, sans s'interroger suffisamment sur leur fonction narrative et considérer leur incidence sur la signification du roman. Cette étude thématique est l'occasion de sensibiliser un public jeune aux atouts d'un tel choix esthétique, qu'on accuse volontiers de faire obstacle à la lecture. On s'aperçoit au contraire que, loin de constituer un passage obligé, attendu, mais 'sans fondement, frappé par l'arbitraire romanesque si souvent mis en cause par Valéry et les surréalistes, la pause descriptive détermine absolument les situations, au sens où l'entendent les tenants du réalisme en littérature, et par là même, gouverne les rapports entre les personnages en présence. Le choix des textes retenus, s'il peut apparaître sans cohésion véritable, présente avant tout l'intérêt de concentrer l'étude sur trois des oeuvres les plus significatives de Balzac.

« Nous nous efforcerons de mettre en évidence le bien-fondé du groupement proposé pour l'établissement d'uneproblé- manique claire et précise.

On adoptera, de préférence, l'articulation suivante : 1.

La description inaugurale Le Père Goriot : La pension Vauquer, depuis : « La maison où s'exploite la pension bourgeoise...

» jusqu'à : « ...

Elle va tomber en pourriture» (pp.

49-54). Le Colonel Chabert : L'étude de Derville, depuis : « L'Étude était une grande pièce...

» jusqu'à : « ...

des grands ambitieux » (pp.

64-66). 2.

La description et I'« effet personnage »' Le Père Goriot : La chambre de Goriot, depuis : « Eugène, qui se trouvait pour la première fois chez le père Goriot...

» jusqu'à : « ...

couvert jusqu'au menton>' (pp.

191-192). La Peau de chagrin : La chambre de Raphaël, depuis : « Quand je fus bien résolu...

», jusqu'à « ...par des effets nouveaux» (pp.

169-172). 3.

Le rôle emblématique de la description : la métaphorisation d'un destin Le Colonel Chabert : Le logis de Chabert au faubourg Saint-Marceau, depuis : «Le Comte Chabert...

» jusqu'à : «...

l'ensemble de ce spectacle ignoble» (pp.

90-92). La Peau de chagrin : Le magasin d'antiquités, depuis : «Au premier coup d'oeil » jusqu'à : «...

dédaigneusement amoncelés» (pp.

76-83). Sans ignorer les insuffisances d'un tel classement, nous voudrions surtout en souligner les commodités par rapport àl'approche que préconisent les Instructions officielles concernant la lecture méthodique : il s'agira surtout, pourchaque texte, d'en extraire le caractère le plus saillant et pertinent, le plus susceptible de fournir un axe de lectureet de baliser efficacement l'exploration graduelle et progressive de la fonc tion descriptive dans les romans de Balzac. Chaque texte pourra d'ailleurs faire l'objet d'une approche spécifique : lecture d'ensemble pour les textes longs,comme par exemple la description de la pension Vauquer, commentaire plus systématique et linéaire pour desdescriptions plus courtes, comme celle de la chambre du Père Goriot. Perspectives d'analyse CATÉGORIES DE LA DESCRIPTION CHEZ BALZAC Après une introduction sur l'incipit balzacien, en particulier à travers la nécessité qu'éprouve le romancier à dépeindre un milieu, on peut passer aisément à ce que Ph.

Hamon nomme l'« effet personnage », et qui consiste àdépeindre un être particulier par l'intermédiaire de ce qui l'entoure.

Pour compléter ces deux points, on pourra enfin s'arrêter plus longuement sur la signification d'ensemble de la description au sein de la structure romanesque, ausens où elle métaphorise aussi bien un destin individuel qu'un état social ou historique. Le sens précis qui s'attache à chacune des catégories définies ci-dessus, permet de bien souligner la progressionqu'autorise l'organisation d'un tel groupement dans la mise en évidence de la conception balzacienne du roman. PLAN 1— LA DESCRIPTION LIMINAIRE Elle apparaît comme la plus attendue dans le cadre du roman réaliste.

On peut en résumer les principaux traitscomme suit : — Situation à l'ouverture du roman, avec nécessité d'établir un cadre socio-historique ou géographique. Priorité donnée à la description de lieu comme révélatrice d'un milieu, c'est-à-dire, au sens déjà naturaliste du terme, de conditions et d'influences. À l'inverse, le lieu est aussi envisagé comme signe de la nature, des caractères et de l'identité sociale de sesoccupants. Prédominance de la description longue, et d'autant plus étendue qu'elle fournit la clef de tout le récit (Lapension Vauquer # l'étude de Derville, au début du Colonel Chabert). Caractère impersonnel de la description, limitée à l'évocation de lieux et d'objets, et ne pouvant conduire qu'àdes considérations générales, de portée sociologique, sur l'espace envisagé dans un cadre historique donné'.. »

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