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La description dans Une partie de Campagne (Maupassant et Renoir)

Publié le 05/12/2019

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maupassant

comme un acte de dictatum de la part du narrateur ? Comment, en somme, en masquer l'arbitraire ? En la motivant de l'intérieur. C'est ainsi que, dans la nouvelle de Maupassant, toutes les descriptions sont motivées par la situation diégé-tique ou le regard d'un personnage : la description des yoles est Justifiée par la découverte d'Anatole u qui furetait dans le terrain >> et par la contemplation collective : « On alla voir ». Celle des canotiers, par le regard de Mme Dufour vers la place qu'elle « avait choisie pour s'installer ». L'évocation du paysage suburbain, qui défile au rythme de la carriole, est un bel exemple de « description ambulatoire >>, parfaitement motivée par le voyage des Dufour.

 

Description u en situation n

 

Le second problème que pose la description découle de la nature même du langage verbal, qui ne peut énoncer que dans la successivité ce qui se donne simultanément : un peintre peut donner à voir en même temps les caractéristiques d'une pomme (sphéricité, consistance, couleur... ) ; un écrivain doit disposer successivement ces éléments dans l'espace du texte. À cet « étalement >> obligé de la description écrite, s'ajoute le statisme qui lui est inhérent : une description fige le temps de la fiction*, bloque l'action en y introduisant une pause, brisant ainsi l'élan du récit. Maupassant remédie à ce problème - d'autant plus aigu dans une nouvelle, qui a un rythme à soutenir - en liant étroitement la description à la narration*, en ne décrivant qu'« en situation >>. La carriole est vue en mouvement : « Celui de derrière, seul, flottait au vent, comme un drapeau. >> Henriette également : << ... et l'escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu'au genou... ». Dans l'effort qu'elle fait pour descendre de la voiture, Mme Dufour laisse voir« le bas d'une jambe dont la finesse primitive disparaissait à présent sous un envahissement de graisse tombant des cuisses >>.

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« rega rd en tant que véhicule par excelle nce de l'esthé tique réa liste et le rega rd en tant qu'ins trument du désir.

L'acu ité de l'obse rvation, le sens du détail et la rigueur de la préc ision font de Maup assant l'un des maîtres de la description du monde extérieur.

Le décou page topog ra­ phique qu'opèr e le narrate ur de la banlieue parisienne est ex emplair e de cette volonté d'appréhender tout le réel à par tir de fragmen ts disconti nus af1n de le rendr e homo ­ gène et compr éhensible : « À droite, là-ba s, c'é tait Argen­ te uil [ .

.].

À gauche, l'aqueduc de Marly se dessinait [ ..

] ; ta ndis qu'en face [ ...

].

Tout au fond [ ...

].

»L a présence de ta ble aux, portra its ou scènes* obéit au même principe.

• Les corresponda nces entre nature et per son nages Cette cohésion se prod uit éga lement au nivea u sym boc lique , par le jeu des nom breus es conno tations qui tissent des corresp ondances entre l'émoi de la nature et cel ui des pers onnages : « ...

et elle était aussi troublée dans ce tête­ à-tête sur l'ea u, au mili eu de ce pays dépeuplé par l'i ncen­ die du ciel, avec ce jeune homme qui la trouv ait belle, dont l'œil lui baisai t la pe au, et dont le désir était pénétr ant co mme le sol eil.

» Fonc tion idéologique La description remplit une fonc tion idéolog ique lorsqu'elle por te un jugement de valeur sur l'élément décrit.

C'est le cas ici de la description des environs de Pans, à va leur de dénon ­ ciation ; ou des descriptions contrastées (canotiers/Anat ole ­ Dufour ; Henr iette /Pétr onille) dans un but à la fois de sa tire et de dénonciation des conv entions sociales.

Mais c'est aussi un motif idéolo gique, dicté par les codes de la bien séance de l'époq ue (censur e), qui impose l'ellip se* de la description de l'acte amour eux et lui substi­ tue la description exubérante du rossignol et de son chant.

Des crip tion mo tivée La descrip tion, dans une esthétique réaliste, pose un pro­ blème d'intég ration.

Comment, en effet, introd uire une des­ crip tion dans le récit sans qu' elle appa rais se comme gratuite, 11 6. »

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