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La duchesse de langeais, ch 2

Publié le 24/02/2013

Extrait du document

Manon Lescaut L'Abbé PREVOST Je me levai promptement pour aller m'informer de la santé de Manon ; on me dit qu'elle était sortie, une heure auparavant, avec son frère, qui l'était venu prendre dans un carrosse de louage. Quoiqu'une telle partie, faite avec Lescaut, me parût mystérieuse, je me fis violence pour suspendre mes soupçons. Je laissai couler quelques heures, que je passai à lire. Enfin, n'étant plus le maître de mon inquiétude, je me promenai à grands pas dans nos appartements. J'aperçus, dans celui de Manon, une lettre cachetée qui était sur sa table. L'adresse était à moi, et l'écriture de sa main. Je l'ouvris avec un frisson mortel ; elle était dans ces termes : Je te jure, mon cher Chevalier, que tu es l'idole de mon coeur et qu'il n'y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t'aime ; mais ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l'état où nous sommes réduits, c'est une sotte vertu que la fidélité ? Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ? La faim me causerait quelque méprise fatale ; je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un d'amour. Je t'adore, compte là-dessus ; mais laisse-moi, pour quelque temps, le ménagement de notre fortune. Malheur à qui va tomber dans mes filets ! Je travaille pour rendre mon Chevalier riche et heureux. Mon frère t'apprendra des nouvelles de ta Manon, et qu'elle a pleuré de la nécessité de te quitter Je demeurai, après cette lecture, dans un état qui me serait difficile à décrire car j'ignore encore aujourd'hui par quelle espèce de sentiments je fus alors agité. Ce fut une de ces situations uniques auxquelles on n'a rien éprouvé qui soit semblable. On ne saurait les expliquer aux autres, parce qu'ils n'en ont pas l'idée ; et l'on a peine à se les bien démêler à soi-même, parce qu'étant seules de leur espèce, cela ne se lie à rien dans la mémoire, et ne peut même être rapproché d'aucun sentiment connu. Cependant, de quelque nature que fussent les miens, il est certain qu'il devait y entrer de la douleur du dépit, de la jalousie et de la honte. Heureux s'il n'y fût pas entré encore plus d'amour ! Elle m'aime, je le veux croire ; mais ne faudrait-il pas, m'écriai-je, qu'elle fût un monstre pour me haïr ? Quels droits eut-on jamais sur un coeur que je n'aie pas sur le sien ? Que me reste-t-il à faire pour elle, apr&...

« PB- En quoi cette scène constitue-t-elle une prise de conscience de Des Grieux vis-à-vis de Manon Lescaut.

I- Un couple qui vole en éclat. Le roman en arrive à un tournant important pour le jeune couple.

Manon, ayant constaté les difficultés financières que vit leur couple décide de prendre les choses en mains.

Elle quitte le ‘nid d’amour’ en quête de ressources financières sans en avoir discuté avec le Chevalier.

- Entre récit et discours : Le passage en question réunit les deux formes scripturales propres au roman, le récit et le discours.

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De la quiétude apparente à l’inquiétude : Le jeune DG découvre le départ de Manon et de son frère.

Il passe successivement d’une apparente quiétude la plus désinvolte, à l’inquiétude la plus totale.

De fait, le jeune cherche à donner le change en essayant de se montrer peu affecté par la disparition de Manon : « Je laissai couler quelques heures, que je passai à lire.

» Cette façon de ‘s’occuper’ traduit le désir de montrer son absence d’inquiétude.

Mais cela ne dure que l’espace d’un instant.

Le « soupçon » l’assaille et il passe à l’inquiétude la plus vive. .

Le contenu de la lettre : « J'aperçus, dans celui de Manon, une lettre cachetée… » cette phrase, par la présence du verbe apercevoir au passé simple, marque la rupture et donc le passage de la quiétude à l’inquiétude et au soupçon.

L’hyperbole vient au secours de l’amant malheureux pour signifier au lecteur le brusque changement d’état : « Je l'ouvris avec un frisson mortel ».

Cette phrase constitue un effet d’annonce qui n’augure rien de bon.

- Inquiétude et soupçons de DG : Le jeune homme nous livre, par la voix de Manon, sa prise de décision. .

La précipitation : A la précipitation occasionnée par le départ impromptu de Manon et de son frère succède la précipitation chez DG.

Elle est marquée par des verbes d’action « je me levai : on me dit ; je me promenai à grands pas … » qui disent l’absence de contrôle de soi et de ses gestes. .

Entre inquiétude et soupçons : « je ne fus plus le maître de mon inquiétude » : le jeune homme passe donc de la simple inquiétude, à l’activité débridée et aux soupçons.

C’est l’état d’anxiété consécutif à ce départ non concerté de Manon.

Il est également sujet aux doutes sur le comportement inexpliqué de la jeune femme, ayant déjà eu à pâtir de ses sautes d’humeur. - Une Manon à double visage : Le discours de la lettre de Manon que nous rapporte DG est révélateur d’une femme à double visage.

C’est la femme amoureuse et qui le proclame et la femme perfide, celle que laisse entendre le soupçon né dans les tréfonds de DG.

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La femme amoureuse : tout le discours de la lettre est empreint du champ lexical de l’amour.

C’est une amante à la fidélité exemplaire et aux sentiments purs et totalement dévoués à DG. .

La femme perfide : l’autre visage de Manon est celui de la femme perfide, une « Dalila » qui cherche à trahir son bienfaiteur, celui qui lui offre la sécurité d’une vie sans taches.

Les fausses justifications qu’elle donne, ne sont que des preuves en plus de cette perfidie qui la caractérise : « Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ? La faim me causerait quelque méprise fatale ; je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un d'amour.

» De plus, l’oxymore choquant « sotte vertu » qualifiant la fidélité n’est pas là pour rassurer DG. Ainsi, nous voyons que la lettre laissée par Manon à son amant, loin de constituer un moyen de le rassurer, ne fait que confirmer ses soupçons et les renforcer.

Mais est-ce là une prise de conscience de DG ? II- Une prise de conscience tardive. Il semble bien que cette séparation voulue et accomplie par Manon, soit le moment d’une prise de conscience, quoique tardive, de DG quant à sa relation avec la jeune femme.. »

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