La duchesse de langeais, ch 2
Publié le 24/02/2013
Extrait du document
«
PB- En quoi cette scène constitue-t-elle une prise de conscience de Des Grieux vis-à-vis de
Manon Lescaut.
I- Un couple qui vole en éclat.
Le roman en arrive à un tournant important pour le jeune couple.
Manon, ayant constaté
les difficultés financières que vit leur couple décide de prendre les choses en mains.
Elle quitte le ‘nid
d’amour’ en quête de ressources financières sans en avoir discuté avec le Chevalier.
- Entre récit et discours :
Le passage en question réunit les deux formes scripturales propres au roman, le récit et le discours.
.
De la quiétude apparente à l’inquiétude : Le jeune DG découvre le départ de Manon et de son
frère.
Il passe successivement d’une apparente quiétude la plus désinvolte, à l’inquiétude la plus totale.
De fait, le jeune cherche à donner le change en essayant de se montrer peu affecté par la disparition de
Manon : « Je laissai couler quelques heures, que je passai à lire.
» Cette façon de ‘s’occuper’ traduit le
désir de montrer son absence d’inquiétude.
Mais cela ne dure que l’espace d’un instant.
Le
« soupçon » l’assaille et il passe à l’inquiétude la plus vive.
.
Le contenu de la lettre : « J'aperçus, dans celui de Manon, une lettre cachetée… » cette phrase, par
la présence du verbe apercevoir au passé simple, marque la rupture et donc le passage de la quiétude à
l’inquiétude et au soupçon.
L’hyperbole vient au secours de l’amant malheureux pour signifier au
lecteur le brusque changement d’état : « Je l'ouvris avec un frisson mortel ».
Cette phrase constitue un
effet d’annonce qui n’augure rien de bon.
- Inquiétude et soupçons de DG :
Le jeune homme nous livre, par la voix de Manon, sa prise de décision.
.
La précipitation : A la précipitation occasionnée par le départ impromptu de Manon et de son frère
succède la précipitation chez DG.
Elle est marquée par des verbes d’action « je me levai : on me dit ;
je me promenai à grands pas … » qui disent l’absence de contrôle de soi et de ses gestes.
.
Entre inquiétude et soupçons : « je ne fus plus le maître de mon inquiétude » : le jeune homme
passe donc de la simple inquiétude, à l’activité débridée et aux soupçons.
C’est l’état d’anxiété
consécutif à ce départ non concerté de Manon.
Il est également sujet aux doutes sur le comportement
inexpliqué de la jeune femme, ayant déjà eu à pâtir de ses sautes d’humeur.
- Une Manon à double visage :
Le discours de la lettre de Manon que nous rapporte DG est révélateur d’une femme à double visage.
C’est la femme amoureuse et qui le proclame et la femme perfide, celle que laisse entendre le soupçon
né dans les tréfonds de DG.
.
La femme amoureuse : tout le discours de la lettre est empreint du champ lexical de l’amour.
C’est
une amante à la fidélité exemplaire et aux sentiments purs et totalement dévoués à DG.
.
La femme perfide : l’autre visage de Manon est celui de la femme perfide, une « Dalila » qui
cherche à trahir son bienfaiteur, celui qui lui offre la sécurité d’une vie sans taches.
Les fausses justifications qu’elle donne, ne sont que des preuves en plus de cette perfidie qui la
caractérise : « Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ? La faim me causerait
quelque méprise fatale ; je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un
d'amour.
» De plus, l’oxymore choquant « sotte vertu » qualifiant la fidélité n’est pas là pour rassurer
DG.
Ainsi, nous voyons que la lettre laissée par Manon à son amant, loin de constituer un moyen de le
rassurer, ne fait que confirmer ses soupçons et les renforcer.
Mais est-ce là une prise de conscience de
DG ?
II- Une prise de conscience tardive.
Il semble bien que cette séparation voulue et accomplie par Manon, soit le moment d’une prise de
conscience, quoique tardive, de DG quant à sa relation avec la jeune femme..
»
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