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La genèse de l'oeuvre : DOM JUAN DE MOLIERE

Publié le 05/08/2014

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juan

La genèse de l'oeuvre

Un thème universel

Permanence et relativité

Enracinée dans un contexte historique, sous-tendue par une

situation sociale, suscitée par une expérience personnelle,

une oeuvre théâtrale, comme toute oeuvre d'art, est aussi le

point de convergence de toute une culture, l'aboutissement

de la lente maturation des siècles. Ce n'est jamais une

création de toutes pièces, une apparition météoritique, un

éclatement foudroyant : c'est toujours une mise en ordre

de matériaux préexistants qui se structurent selon les préoccupations

du moment; c'est toujours une interprétation

dont l'originalité n'est que circonstancielle; c'est toujours

une exploitation historique, et donc évolutive, d'un contenu

de pensée humain, et donc permanent, universel.

Et le dosage de ces composantes fait que l'équilibre

de l'oeuvre se situe différemment, selon que l'accent d'intensité

porte sur le passager - sur l'anecdote, le superficiel,

diront les détracteurs d'une telle démarche. sur le vivant, le

réel rétorqueront ses défenseurs, ou sur l'intangible - sur

l'éternel, le vrai affirmeront ceux qui approuvent semblable

orientation, sur le figé accuseront ceux qui la refusent.

Une fuite désespérée

Nous reviendrons en annexe sur les multiples oeuvres que

le thème donjuanesque, particulièrement riche, a produites.

Mais ce qu'il est intéressant de souligner ici, c'est l'an-

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cienneté de l'idée qui semble être profondément sensible

à l'esprit humain. De la mythologie (Zeus et ses inlassables

poursuites amoureuses) au Moyen Age (les chevaliers à la

recherche de conquêtes pas toujours platoniques ou la

littérature grivoise), en passant par le développement de la

philosophie épicurienne, tout un état d'esprit montre. comme

une obsession de la possession. Les niveaux de signification

paraissent, en première analyse, fort hétérogènes; mais

un fil directeur commun est là, sous-jacent, qui assure un

lien de parenté entre toutes ces expériences disparates.

Toutes ces attitudes sont des attitudes de fuite dans la

révolte, des tentatives désespérées faites pour dissimuler

une réalité objective insupportable, parce que dominatrice

et aliénante, en lui substituant une réalité subjective permettant

juan

« cienneté de l'idée qui semble être profondément sensible à l'esprit humain.

De la mythologie (Zeus et ses inlassables poursuites amoureuses) au Moyen Age (les chevaliers à la recherche de conquêtes pas toujours platoniques ou la littérature grivoise), en passant par le développement de la philosophie épicurienne, tout un état d'esprit montre.

comme une obsession de la possession.

Les niveaux de signification paraissent, en première analyse, fort hétérogènes; mais un fil directeur commun est là, sous-jacent, qui assure un lien de parenté entre toutes ces expériences disparates.

Toutes ces attitudes sont des attitudes de fuite dans la révolte, des tentatives désespérées faites pour dissimuler une réalité objective insupportable, parce que dominatrice et aliénante, en lui substituant une réalité subjective permet­ tant la libération, parce que donnant l'illusion de la puissance.

Ce sera, dans tou!! les cas, la conquête amoureuse desti­ née à masquer des faits dont la spécificité dépend du moment historique.

Permanence de la démarche donc, mais variété infinie des modalités: Zeus tentera d'échapper à son éternité, en retrouvant l'éphémère; les chevaliers médiévaux rompront le cercle de la féodalité imposée, en lui substituant une allégeance choisie; les personnages des contes grivois briseront l'étroitesse des liens conjugaux consacrés par la religion, en les remplaçant par les nœuds distendus des amours passagères; les épicuriens se donneront l'illusion de repousser l'échéance fatale, en faisant de la vie une fin et de l'épanouissement une raison de vivre.

De mêmè pour les Don Juan en titre : celui du Trompeur de Séville de Tirso de Molina fait de l'amour un jeu cruel destiné à alléger le carcan des contraintes et l'ennui de 1' oisiveté; celui de /'Invité de pierre de Pouchkine cherche à éliminer tout ce qui s'oppose à sa soif d'absolu; celui de Montherlant considère la séduction comme le garant de la jeunesse.

Chacun ramène le thème à soi et à son époque.

Une convergence de formes Molière a puisé son sujet au vaste réceptacle des constantes humaines; c'est là une démarche couramment suivie par les créateurs.

Et la forme? Elle aussi est toujours conver- 32. »

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