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La Jeune Veuve

Publié le 28/03/2014

Extrait du document

La perte d'un époux ne va point sans soupirs,
On fait beaucoup de bruit; et puis on se console:
Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole,
Le Temps ramène les plaisirs.
5 Entre la veuve d'une année
Et la veuve d'une journée
La différence est grande; on ne croirait jamais
Que ce fût la même personne :
L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits.
10 Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne;

En ce sens, une étude stylistique (la présentation des phrases, l'ordre des mots, le rythme ... ) nous sera d'un bon recours. Nous éviterons ainsi le mauvais« remake «. Demandons-nous, certes, ce que l'auteur veut dire, mais étudions surtout comment il le dit.

« C'est toujours même note et pareil entretien : On dit qu'on est inconsolable; On le dit, mais il n'en est rien, Comme on verra par cette fable, 15 Ou plutôt par la vérité.

L'époux d'une jeune beauté Partait pour l'autre monde.

A ses côtés, sa femme Lui criait: « Attends-moi, je te suis, et mon âme, Aussi bien que la tienne, est prête à s'envoler.

,, 20 Le mari fait seul le voyage.

· La belle avait un père, homme prudent et sage; Il laissa le torrent couler.

A la fin, pour la consoler: « Ma fille, lui dit-il, c'est trop verser de larmes: 25 Qu'a besoin le défunt que vous noyiez vos charmes? Puisqu'il est des vivants, ne songez plus aux morts.

Je ne dis pas que tout à l'heure1 Une condition meilleure Change en des noces ces transports ; 30 Mais, après certain temps, souffrez qu'on vous propose Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose Que le défunt.

-Ah ! dit-elle aussitôt, Un cloître est l'époux qu'il me faut.

,, Le père lui laissa digérer sa disgrâce.

35 Un mois de la sorte se passe; L'autre mois, on l'emploie à changer tous les jours Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure.

Le deuil enfin sert de parure, En attendant d'autres atours.

40 Toute la bande des Amours Revient au colombier; les jeux, les ris2, la danse, Ont aussi leur tour à la fin.

On se plonge soir et matin Dans la fontaine de Jouvence3.

45 Le père ne craint plus ce défunt tant chéri; Mais comme il ne parlait de rien à notre belle: « Où donc est le jeune mari Que vous m'avez promis? ,, dit-elle.

La Fontaine (Fables, VI, 21.

1668) 1) Tout à l'heure: tout de suite.

2) Les ris: les rires.

3) La fontaine de Jou­ vence: source qui rajeunissait ceux qui la fréquentaient.

1.

Des suggestions Nous vous proposons, à nouveau, de centrer l'explication sur le second conseil: ne pas paraphraser, la moralité de cette fable s'y prête admira­ blement, car elle a tendance à répéter un peu la même idée.. »

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