LA LIBRE PENSÉE DANS LA FRANCE DE RICHELIEU
Publié le 29/03/2012
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La poigne de Richelieu a embrigadé les écrivains et les érudits, les pensionnant grassement pour les faire travailler à des buts littéraires, politiques et religieux, pour aider à toute cette « politique de force .. Des hommes ont dû écrire à la gloire du régime et à celle de l'orthodoxie catholique qui gagne chaque jour en ampleur. Depuis le début du siècle, de très nombreux ordres ont été créés ou sont venus s'installer en France, venus d'Italie et d'Espagne; ils jouent un rôle croissant dans la vie du pays, manifestation du vaste mouvement de rénovation catholique et de contre-réforme. Si le cardinal a des tendances au gallicanisme et au nationalisme, du moins sait-il se faire un allié du pape contre l'Empire, comme il n'hésite pas d'ailleurs à secourir les princes victimes du même Empire, même lorsqu'ils sont de confession huguenote... Le pouvoir des moines n'en est pas moins grandissant et Saumaise peut dire que «Venise et la Hollande sont les seuls lieux de l'Europe où il y a encore quelque reste de liberté. Car partout hors de là ce n'est que tyrannie et momerie...

«
sans doute très diverse où la conspiration aristocratique, la
tendance huguenote voisinent avec la libre pensée politique
et religieuse des milieux parlementaires ou littéraires et des
savants.
C'est à ces derniers qu'il convient seulement d'attri-
buer le nom de libertins et ce sont de ces bourgeois cultivés
ou de ces hommes de noblesse de robe, à l'esprit indépendant,
dont il s'agira ici.
Un religieux comme le père Mersenne ne doit-il pas être
lui-même compté parmi les « libertins » au sens large? (Le mot
libertin » est alors très éloigné du sens qu'il prendra au
XVIII° siècle dans le .
libertinage amoureux ».) Ce savant d'une
vaste culture, ami personnel de Descartes, en correspondance
avec tous les savants du monde entier, a en tout cas
joué un rôle considérable dans le mouvement d'échange des
idées nouvelles.
Il avait chez lui de nombreux « livres inter-
dits » et il a demandé à son confesseur de les « ranger » quel-
ques minutes avant sa mort.
Quels sont les foyers de cette libre pensée ? Les
de Mesmes sont une grande famille de parlementai-
res.
Henri de Mesmes, prévôt des marchands, était
député du Tiers aux Etats Généraux de 1614.
Il avait
osé dire que les « trois ordres étaient frères ».
Un
délégué de la noblesse s'en était plaint « devant le
roi ».
Chez les de Mesmes, on trouvait le père Nicolas
Bourbon, professeur de grec au Collège royal, adver-
saire résolu des dévots, des moines, du catholicisme
romain, de son Inquisition et de son Index; ii recevait
aussi de petits groupes dans sa cellule de l'Oratoire.
Gabriel Naudé, jeune érudit ayant fait de longues
études de médecine, en était le bibliothécaire ; celui-ci
fréquentait aussi l'hôtel de Thou, centre d'une aca-
démie d'érudits et d'hommes de lettres, réunis par les
Dupuy, une autre grande famille d'hommes de loi,
chez qui l'on trouvait encore La Mothe Le Vayer, fils
d'un substitut du procureur du roi — plus tard titulaire
de cette charge —, Gassendi, le fameux savant et
philosophe épicurien et chrétien à la fois, qui, d'abord
chanoine théologal à Digne puis à Avignon et à Mar-
seille, devint professeur de mathématiques au Collège
de France à Paris.
Son ami Diodati lui avait fait.
»
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