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La Littérature didactique, réaliste et satirique.

Publié le 25/02/2012

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Sans doute le goût de la classe bourgeoise, qui tient dans la société une place de plus en plus grande, est-il en partie responsable de ce changement; mais il faut y voir aussi l'expression d'un besoin naturel particulier à l'esprit français. Déjà même dans les oeuvres chevaleresques du plus pur idéalisme, le détail réaliste était fréquent. Désormais il va constituer la matière même de la littérature narrative, tout naturellement associé au didactisme; il semble, en effet, que l'homme n'ait longtemps consenti à satisfaire son goût pour la peinture exacte des choses qu'en l'élevant et en le justifiant par ...

« LES FABLIAUX 29 la volonté d'instruire.

D'ailleurs, satire et réalisme, satire et didactisme, sont unis, dans notre littérature, par des liens naturels.

L'observation du réel fait naître chez nous, plutôt que l'admiration satisfaite, la protes­ tation, qui conduit à la correction et à l'édification, ou l'ironie critique.

Le réalisme attendri et optimiste, si fréquent en Angleterre et surtout en Allemagne, est rare en France.

Dès le xue siècle, en pleine période de littérature courtoise, un fabliau comme Richeut (1160), atteint déjà un réalisme audacieux : cette prostituée fait passer son enfant pour leur fils à plusieurs de ses amants, l'élève grâce à leurs libéralités, mais, pour jouer un mauvais tour à ses amants, le dresse à vivre des femmes, quitte à lui faire épouser une fille perdue qu'elle a su parer d'une virginité retrouvée.

C'est là la veine gauloise; sans doute les auteurs des innombra­ bles fabliaux du xme siècle puisent à toutes les sources : l'Orient et Rome, surtout; mais là, plus qu'ailleurs, il a dû y avoir création spontanée du génie gaulois.

Les fabliaux semblent suggérés à l'imagination du conteur par l'observation malicieuse de tout ce qui l'entoure.

Avec eux le monde des petites gens entre dans la litté­ rature et, en dehors de leur comique, ils valent beaucoup, à nos yeux, par l'évocation de mille scènes populaires, par mille traits de mœurs naïvement exposés.

Longs de trois à quatre cents vers, ils se sont conservés jusqu'à nous, au nombre de cent cinquante environ.

Parmi les plus célèbres, les meilleurs aussi, citons le Lai d'Aristote, où Alexandre, disciple du philosophe qui lui donne des leçons de morale, s'arrange pour mettre celui-ci dans une situation bien peu conforme à ses principes; les Trois Aveugles de Compiègne, qui conte le bon tour joué par un étudiant à un aubergiste; Estula, qui est bâti sur un calembour astucieux; le V air Palefroi, où l'on voit la jeune fille s'arranger pour refuser le barbon qu'on veut lui faire épouser et rester fidèle au chevalier pauvre qu'elle aime.

Beaucoup ont comme matière les choses religieuses (le Vilain qui conquît le Paradis par plaid (plaidoyer), Saint Pierre et le jongleur), sans nul esprit offensif d'ailleurs.

On connaît le Vilain Mire, au moins par l'adaptation qu'en a donnée Molière avec le Médecin malgré lui.

Tous ne sont pas ironiques et satiriques; il en est de fort émouvants,. »

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