La Littérature médiévale
Publié le 09/09/2011
Extrait du document
Plus tard, alors même qu'ils n'ont plus de réalité sociale, la littérature européenne va continuer à utiliser ces chevaliers dont les aventures fascinent le public. À partir de la fin du XIVe siècle, puis à la faveur du développement de l' imprimerie, les romans de chevalerie prolifèrent en France.
«
La Cha n son de R ola n d (fin du Xl' siècle), do nt
l'au te u r r este inconnu , est la p l us anc ienne et la
p
lus célè br e d es ch an sons de ges te fra nçaises.
Elle
se déroule dan s l'e nto ur age de l'empere u r C ha rle
mag ne, et a pour cadr e la lutt e e ntre Is la m et chré
tienté .
L 'épo que à laqu elle le t exte est tra nscrit est
en effet celle o ù se développe , en Occ ident, l'idée
d'u n e cro isade pour r eco nq u érir Jé rusale m .
L es
tab leau x de comba ts son t puissan ts; les person
nages ont beaucoup de relief: Ro la nd , g u e rrier
p l
ein d'o rg u eil, son comp agn o n Oliv ie r, a u ssi sage
que vaillant, l'archevêque guerrier Turpin ...
Le text e
a
tteint son point c ulmi nant avec la bata ill e de Ron
cevaux , lo r sque to ute l'a rriè re-garde de l'em pereur
Char lemag n e tombe dans une embuscade te n d ue
par les Sarrasins.
Le r écit de la fin de Ro la nd est
s u b
lim e e t pathétique: les Sar rasins ont fui, to us l es
compag no ns sont décédés , R o l and meurt seul, n o n
pas d'une b l ess ure m ais épuisé d 'avo ir ta nt souffl é
dans son oli fant pour a lerter ses amis du danger .
Chrétien de Troyes
L'activ it é c r éatrice de Ch rétien de Troyes se situe
entre 1160 et 1190.
Considéré comme le véritable
fonda teur d u genre romanesque , o n lui doit c inq
œ uvr
es importa ntes.
To us s itués dans l'e nto ur age
d u roi A rthur , ses romans exp lo ite nt donc ce que
l'on appelle la ma tière de Bretagn e.
C ligès m éla n ge habilement l'exo tisme de la
ma tière antique e t le m erve illeux de la ma tière de
B re t
agn e, avec l'utili satio n de magie , te ls l es philtr es
d'amo ur.
Dans Le Cheva lier à la charre tte, le h éros
Lance lot accep te l'épr eu ve de la cha rrette d'infa
m ie ( une humili a tion publiq ue) par dévo u em e nt et
amour pour sa Dame , la reine Guen ièvre , f emme
du roi Arthur.
La glo ire du héros passe donc par sa
soum ission et son humili a tion .
Érec et Énide et Le
Cheva lier a u lio n se fondent s u r l'an tago nism e appa
ren t qui peut exis te r entr e l' activ ité g ue rrière e t
l 'a m our
conju gal: se ul l'acte gue rrier util e, qui
s '
acco mplit au serv ice des humb les et des fa ib l es,
perme t au ch eva lier d e r econquér ir l' amo ur et l a
c
onsi d éra tion de sa femme .
Chrétie n d e T royes , fidèle à la mo r a le courto ise
de son époq ue, mag nifi e les vertus cheva le resq ues
mises a u serv ice du m on de et d e la comm unauté
des homm es.
Son trava il litt éraire est perceptibl e
..
Les chevaliers de la Table ronde , illustration du xtV' siècle.
Le cycle romanesque du • Lancelot-Graal ", écrit au Xllf siècle , décrit la formation de la chevalerie de la Table ronde , autour du roi légendaire , Arthur (représenté ici au centre , barbu et vêtu de blanc) , puis la dislocation de celle-ci une fois les héros dispersés en quête de la sainte relique du Graal.
dan s le soin appo rté à la compos iti on d es réci ts
-
ce que lui-m ême nomm e la " conjointur e "·
Le cycle du Graal
Chrétie n d e Troyes m e urt ava nt d'avo ir achevé son
ultim e ouvr
age Perceva l o u l e Conte du Gra al.
Ce
r o m an r évè le un d esse in diff ére nt d e celui des
œ uvr es p récéde ntes: on a g lissé d'u ne v is io n cour
to ise du gu e rrier engagé au serv ice des h omm es à
une conception plus fo rte m e nt chrétienne fa i sant
du h ér os u n serv iteur pr esque excl usif d e Dieu.
Esq uissé dans le Perceua l , le m o tif va être déve lo p pé
au XIII'' siècle d ans le cycle m o num ental du "Lan
celo t-Graa l ••.
Il compo rte s ix gra ndes d iv is io ns répa r
ties en tro is unit és défini es par les p ersonnages a ux
q ue ls La n celo t se tr ou ve confr o nté: Ga le h a ut,
M él
éaga nt, Agrava in.
Écrit en prose , certaine m e nt
par plu sie ur s écrivains, l'o uvr age m êle h arm o
n ie u semen t les lé ge ndes , f éeries celti qu es de la
ma tière de B re t agn e e t l es mo tifs chrétiens symbo
lisés par la q uête m ystique d u S aint-Graal.
Le réc it déb u te par l'His toir e du Saint- Graa l,
coupe utili sée par le Christ lors de la Cèn e (so n der
n ie r r epas ) et dans lequ el fut recu eilli son san g
à la Cruc ifi xi on.
Me rlin n arre la constituti on du
gro upe des cheva lie rs de la Ta ble ronde , a utour du
ro i Arthu r, to us dévo u é à la p rotection du G raal,
r a m ené e n
Occ ident.
Le troisiè m e rom an r aco nte
l '
his to ire de Lan celo t, ch eva li e r du roi Arthur , son
e nf an
ce, son am our adult ère pour la re ine G u e
nièvre, la multi plicatio n d e ses exploits qui font d e
l u i le
modè le du c heva li e r courto is.
Le rom an sui
vant, La Q uête du Sain t-Graa l, voit la dis p e rs io n des
cheva lie rs de la Ta ble ronde , par tis à la r echerc h e
de la re li que qui le ur est apparue en songe.
Seuls
Ga laad, Perceva l e t B oho rt, les plu s p urs, p arv ien
dront à la v is io n de Dieu , a u t e rme d' une e r rance
qui a tout d ' un ch e minem e nt ascé tiqu e.
Lan celo t
éch o ue car i ci, l' h é ro ïs m e g ue rri er n ' est plu s
Enluminure médiévale représentant la fin du roi Arthur.
Au terme du cycle du Graal , la fraternité des chevaliers de la Table ronde s'effondre.
Opposé à Mordred en un ultime combat , le vieux roi Arthur meurt tandis qu'Excalibur , l'épée qu 'il a reçue des mains d 'une fée , la Dame du Lac ,
s ' enfonce à jamais dans les eaux enchantées.
suffisant pour tr io m pher.
La mo r t du ro i A rthur , qui
c lô t le
cycle rom an esq u e, déc rit le re t our des che
valie rs s u rvivants .
T o us vont a lo rs s 'e ntre-déc h ir e r,
p r
ovoq uant l'effo nd re m e nt du monde arthurien
qui s'appu yait sur la frat e rnit é de ses gu e rriers.
Cet
épil ogu e consacre la dé fa ite d es valeurs c h eva le
resques gu e rrières e t le seul profit de l'acco mpli s
sem e nt my stiqu e e t de la fo i triomph ante.
Amadis, Orlando, Rinaldo
et les autres
Plu s ta rd , a lo rs m êm e qu'il s n'o nt plus de réal it é
soc ia le , la litt éra ture e u ropée nne va continu er à uti
liser ces c heva lie rs don t les ave ntur es fascinen t l e
publi c.
À' p artir de la fin du X IV ' siècle, puis à la
f
ave ur du déve l opp e m e nt de l'i mp rim erie , l es
rom ans de c h eva lerie p rolif ère nt e n France.
Ils mul
tipli e nt à l'e nv i p é ripéties fanta is is t es e t r eb o nd i s
sem e nts imprévus.
Au XVI'' siècle, o n se pass io n ne
ainsi p o ur l'Amadi s de Gaul e, gra nd succès d e libr ai
r ie e t mo
ndain.
Cette ad a ptation-recréation d'u ne
œ uvre espagn o le se décl ine a u fil de plus de vingt
rom ans pa rus entr e 1540 et 1 615 .
À l'é p oque, le
génie litt éra ir e e n m a tière de c heva lerie est à c her
ch er p lutô t du côté de l'It a lie: d eu x é min ents poè tes
consac rent leurs poè mes épiqu es à des p re u x nom
més R ola nd e t Rena ud.
L'Ari oste (14 7 4-1533 ), dan s
son Orl and o furi oso (L e Rola nd furi eux , 1 532 ),
m et en
scè ne l es ave ntur es, les a m o urs, l es éta ts
d 'â m e de hé
ros placés d an s le contexte d ' un vag ue
a
ffronte m e nt entr e chr é tiens e t Sa rrasin s e t voya
gea nt dans des lieu x de pur e fa ntais ie ; le T asse
(1544- 1595), avec sa Jérusale m d éliv r ée (1581), c h o i
sit p our cadr e la première cro isad e e t pour héros
le c h eva lie r Rin a ldo (R en a ud), confronté aux sor
tilèges d e la be lle e t r edo utable m agic ie nne A rmi de,
a lli ée
des Infidè les.
A u d ébut du XVII " siècle, le rom an cie r espagno l
Cerva ntès (1547-16 16) invente avec D on Q uich o tte
un per sonnage d e v ie u x cava lie r f a ntasq ue, g ran
diose e t m arg inal, e n pro ie a ux chim ères de son
imagination , t rop n ourri e de la 1 c ture d es rom ans
de cheva lerie ...
A vec Don Q uich o tte, ch e f -{!' œ uvre
uni versel, il y a presque comm e un adieu , c ha r gé
d 'ironie e t de méla n colie, à la v ieill e figure, tant
c h é rie e t ta nt utili sée pa r la littéra ture , d u ch eva li e r
la n
cé sur l es routes, errant, asso iff é de glo ir e, de
justice e t de perfectio n personnelle..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- PAMPHLETS (dans la littérature médiévale)
- ALLÉGORIE MÉDIÉVALE (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
- Analyse du pré aux jeux dans le chevalier de la charrette - TP de Littérature médiévale
- la doctrine chrétienne -PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
- Quelle est la place de la tradition bretonne dans la littérature médiévale?