« [La littérature] survivra, accrochée au besoin des hommes de créer des mondes imaginaires, de raconter une aventure, de transmettre une conviction. » Explication et discussion.
Publié le 29/03/2011
Extrait du document
INTRODUCTION DU DEVOIR ■ Qu'est-ce que la littérature ? ■ D'abord un art (= transposition, stylisation, choix nécessaires).
■ Mais cet art se sert du langage ; comme les tableaux, de la peinture; la sculpture, du marbre ou autre matière brute, etc., comme instrument, moyen d'expression. ■ En tant qu'art donc elle crée. ■ Mais le langage fait que cet art raconte.
«
Or tout créateur veut transmettre ce qu'il a « fabriqué » et les « époques » de cette transmission sont sur 3 plansau moins.
• — La littérature, utilisant l'instrument du langage raconte essentiellement, i.
e.
elle transmet à l'aide de mots, dephrases, d'une construction linguistique.
— Avant la littérature écrite ou parallèlement à elle, existe une littérature orale où création et imagination sontriches.
Tout peuple possède ses contes, chants, légendes populaires, transmis de père en fils.
C'est en partant decette tradition littéraire orale que se façonnent par ex.
les Mille et Une Nuits, et combien d'artistes ont utilisé à leurprofit les vieilles légendes, depuis Perrault ou Grimm et leurs Contes, jusqu'à Apollinaire dans ses Rhénanes ou Gœtheet Valéry avec le thème de Faust !
• — Le 2e plan est celui de la « conviction » que le créateur veut « faire passer » dans son œuvre :
— Il n'est pas nécessaire que l'œuvre littéraire soit abstraite.
Bien des ouvrages d'imagination se font le véhiculed'une conviction.
C'est la conception de l'amour de Béroul qui est chantée dans Tristan et Iseut, l'angoisse (Spleen)ou les aspirations (Idéal) de Baudelaire dans Les Fleurs du Mal ou Le Spleen de Paris, tel « absolu » ou tel autredans Les Illuminations (Rimbaud) ou Les Cinq grandes Odes (Claudel) ou les Nourritures Terrestres (Gide) ; la théoriedu « Juste milieu » dans les Comédies de Molière, la conviction pessimiste de l'Absurde dans Le Roi se meurt etautres drames d'Ionesco, une profonde désespérance dans En attendant Godot de Beckett.
— Car si la littérature est aussi considérée souvent comme « l'art qui peint le plus directement la vie chaude etpassionnée » (Sainte-Beuve), c'est que le créateur y met, qu'il le veuille ou non, une part de lui-même.
— Depuis le Romantisme surtout, la littérature est vécue sentimentalement et activement (volonté par ex.
: d'unepoésie efficace : Le « poète-mage » de Hugo, entre autres).
Volonté moderne de faire éclater la vie dans uneœuvre.
— Le roman, plus nettement encore que poésie et théâtre (satire de mœurs souvent), se fait l'écho de la vie, —bien qu'il donne « l'illusion du réel » sans le transmettre totalement —.
La conception personnelle de Balzac ou deZola, de Proust ou de Mauriac sont exposées par la littérature de façon plus directe, plus claire, plus nettementintelligible que celle de Picasso ou de Beethoven dans leurs peintures ou symphonies (on objectera que le messagepourtant est très perceptible dans Guernica ou dans la IXe Symphonie).
— Enfin les œuvres abstraites des penseurs et philosophes ont toujours eu besoin jusqu'à notre époque du langagelittéraire pour toucher disciples et profanes.
Car si l'enseignement de Socrate n'a été qu'oral, c'est grâce à Platon età ses Dialogues, monuments littéraires, que sa conviction nous est parvenue et nous a touchés.
Il faudrait citerpêle-mêle Les Essais de Montaigne ou les Pensées de Pascal, A la Recherche du Temps Perdu de Proust ou lesdivers traités des « philosophes » du XVIIIe siècle, les œuvres de Bachelard ou de Bergson...
• — Le 3e niveau — parmi d'autres encore...— et non des moindres est celui du phénomène même de transmission.
Le langage écrit — avec la déchéance possible du lecteur bien plus que du livre — peut-il toujours subsister ?
et avec lui, la littérature en son sens traditionnel ?
— Depuis le XIXe siècle surtout (les Romantiques l'entrevoyaient déjà) tout l'art de l'écrivain et avant tout du poètesemble consister à rechercher un moyen de plus en plus emprunté aux arts parallèles, pour lutter contre lescontraintes ou platitudes du langage traditionnel.
Tel Verlaine qui demande « de la musique avant toute chose »,Mallarmé qui se réfugie dans l'hermétisme, les surréalistes qui font éclater le langage, se servent de « l'écritureautomatique » et font de plus en plus intervenir l'image à la place du mot.
— Serait-ce donc une autre forme delittérature, la littérature audiovisuelle qui serait appelée à renouveler la « Littérature »?, soit en l'obligeant elle-même à un effort nouveau, soit en la doublant, par ex., par le film, où le langage conserve à travers le dialogue,mais plus encore grâce aux images et à leur technique, une importance très grande (a).
CONCLUSION
Ainsi la littérature étant un art, sa fonction est de créer et trouver moyens et méthodes de transmission.
Or son instrument est le langage; on constate donc la présence d'une littérature orale en toutes civilisations.
Mais pour remédier à sa fragilité, on la voit très vite chez tous les peuples se doubler d'une littérature fixée par legraphisme (grapheïn en grec — « écrire »).
L'importance prise à nouveau à notre époque par ce graphisme qui complète, double, simplifie la littérature écritetraditionnelle correspond à un type nouveau de société..
»
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