LA NOUVELLE LITTÉRATURE AMÉRICAINE
Publié le 30/11/2011
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Le roman noir
Une autre communauté a apporté une importante contribution à la littérature américaine : celle des Noirs. L'évolution du roman noir a suivi le développement progressif de la conscience politique et culturelle des Mro-Américains. Sans doute était-ce Richard Wright (1908-1960) qui lui avait donné ses formes, à travers Uncle Tom's Children, «les Enfants de l'oncle Tom «, (1938), Native Son, «Un enfant du pays«, (1940) ou Black Boy (1945). Le souvenir de l'esclavage, la protestation plus ou moins violente, la conquête progressive d'une dignité sans cesse niée, la redécouverte d'un univers culturel refoulé par le système des valeurs de l'Amérique blanche, tout cela était déjà présent dans l'oeuvre de Wright qui affirmait : " Le Nègre est la métaphore de l'Amérique"·
«
nouvelle conscience d'eux-mêmes et, à travers
celle-ci, d'une nouvelle définition du destin de l'homme.
Dans Dangling Man, « l'Homme de Buri dan,., (1944), The Victim, «la Victime», (1947),
romans de la conscience déchirée et de l'auto
justification, The Adventures of Augie March, «les Aventures d'AugieMarch », {1953), Henderson the
Rain King, cie Faiseur de pluie», {1958), Herzog {1964) et Mr.
Sammler's Planet, «la Planète de M.
Sarnmler », {1970) dont le principal personnage
est placé entre le passé et l'avenir, l'histoire et la
science-fiction, cette quête douloureuse est présen
tée avec un humour qui peut prendre des aspects
burlesques, voire grotesques et fait de Bellow l'ini
tiateur d'une nouvelle forme picaresque.
Transpor
tant dans
ses romans des éléments empruntés à la
tradition orale yiddish, il leur donne souvent la
forme d'autobiographies, de journaux intimes, de confessions, de lettres.
Bernard Malamud (né en 1914)
a, lui aussi,
introduit dans l'univers des lettres américaines une
certaine tradition hébraïque, avec une écriture mar
quée de références bibliques ainsi qu'un humour
spécifique.
Dès son premier roman,
The Natural (1952), il mettait en scène un héros solitaire, le champion de base-bali Roy Hobbs, aux prises avec
la réalité sociale toute-puissante, mais qu'il élève à
une dimension symbolique, voire mythique.
Dans
The Assistant (1957), il montrait l'aliénation des pauvres immigrés juifs, les laissés-pour-compte du
grand Rêve Américain.
Dans The Fixer, « l'Hom me de Kiev», (1966), inspiré par un fait authen
tique de la persécution des Juifs à Kiev en 1913, il mettait en scène, à travers une histoire de terreur et
d'absurdité, le conflit de l'individu et de la société, de l'innocence et de l'injustice.
Malamud est arrivé
à ·une parfaite maîtrise de son art, atteignant une
rare intensité dramatique dans The Tenants (1971)
qui met en scène la rivalité complexe de deux écri
vains; l'un Juif, l'autre Noir, sur le plan de l'écritu re comme de l'identité raciale, de la politique et de la sexualité.
Des romanciers plus jeunes
se sont éloignés de la
tradition définie, dans les années 30, par des écri
vains comme Nathanaël West et, plus près de nous,
par le Polonais immigré Isaac Bashevi Singer (prix
Nobel en 1978) dont l'ironie métaphysique a mar
qué plusieurs générations.
Bon nombre d'entre
eux ont conservé intact le souvenir des camps nazi qui
sont souvent évoqués dans l'œuvre d'Edward Lewis
Wallant (1926-1962) ou
de Daniel Stern (né en 1928) bien que celui-ci se soit surtout fait connaître
pour The Suicide Academy (1968), une métaphore
du monde contemporain à travers l'affrontement
du Noir et du Juif.
La tendance à cultiver un
humour absurde ou grotesque s'accuse avec d'au
tres romanciers qui dépeignent la misère morale et
sexuelle de personnages médiocres mais atta- chants,
anti-héros par excellence, face au choc
de deux cultures dont ils doivent assumer les contra
dictions.
Ainsi, Bruce Jay Fiedman (né en 1930) dans Stern {1962) et A Mother's Kisses (1964):
c'est l'humour noir et la satire qui tempèrent le désespoir et la sensibilité à fleur de peau sans cesse
blessée par les pressions de la société et la hantise du sexe.
Dans son premier recueil de nouvelles, Goodbye Colombus (1959), Philip Roth exposait
déjà les incertitudes de la sensibilité juive confron tée aux ambiguïtés de la vie sociale et morale.
Mais
c'est surtout avec Portnoy's Complaint, « Portnoy et son complexe», {1961), petit succès de scandale,
qu'il a atteint la notoriété : prenant pour cible la
famille juive traditionnelle, notamment les rela
tions complexes entre une mère abusive et un
fils prodigue, il décrit les ravages de l'amour maternel
trop possessif, et d'une éducation inadaptée à la
société américaine contemporaine, avec
les senti
ments de culpabilité, les fantasmes, l'insatisfaction,
la recherche érotique maladroite qu'elle engendre ;
mais l'humour
de Roth désamorce la violence que
pourrait prendre une telle dénonciation.
D'autres écrivains comme Stanley Elkin,
Herbert Gold, Grace
Paley, Herbert Wilner, Wal
lace Markfield, témoignent de la vitalité de cette
école juive du roman américain.
Le roman noir
Une autre communauté a apporté une importan
te contribution à la littérature américaine : celle
des Noirs.
L'évolution du roman noir a suivi le développement progressif de la conscience poli
tique et culturelle des Mro-Américains.
Sans doute
était - ce Richard Wright (1908-1960) qui lui avait
donné ses formes, à travers Uncle Tom's Children, «les Enfants de l'oncle Tom »,.(1938), Native Son, «Un enfant du pays», (1940) ou Black Boy (1945).
Le souvenir de l'esclavage, la protestation plus ou
moins violente, la conquête progressive d'une
dignité sans cesse niée, la redécouverte d'un uni
vers culturel refoulé par
le système des valeurs de l'Amérique blanche, tout cela était déjà présent
dans l'œuvre .
de Wright qui atfl11llait : .r Le Nègre
est
la métaphore de l'Amérique"·
Ami et contemporain de Richard Wright,
Chester Himes (né en 1909) est mieux connu du public européen que de ses propres concitoyens.
Jean Giono n'a-t-il pas écrit : .r Je vous donne tout
Hemingway, Dos Passos et Fitzgerald pour ce Chester Himes .» ? ...
Un tel état de choses provient
sans doute de ce qu'il a longtemps vécu en France, en Angleterre, et en Espagne, exilé volontaire, aussi
bien que des réticences de la critique américaine à
son égard.
Comme beaucoup de jeunes Noirs,
Himes s'est trouvé engagé dès l'adolescence dans le cycle de la délinquance juvénile, et c'est dans un.
»
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