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La poésie est-elle Un art de combat ?

Publié le 19/09/2011

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« Je sais que la poésie est indispensable, mais je ne sais pas à quoi «. Cette réflexion de Jean Cocteau illustre bien les débats sur les rôles possibles de la poésie.    Pour certains les mots d’un poème peuvent dénoncer et combattre un tyran ou des persécutions.   Pour d’autres l’utilisation de la poésie risque d’embellir ou d’obscurcir le combat et la poésie est simplement destinée à faire naître le plaisir qui découle de «  l’art pour l’art « ou à permettre l’évasion et le rêve au milieu d’une vie trop dure ou trop ordinaire.

« prose, n’arrive plus à reconnaître les sentiments qu’il voulait transmettre : « à mesure que le prosateur expose dessentiments, il les éclaircit ; pour le poète au contraire […] il cesse de les reconnaître : les mots les prennent, s’enpénètrent et les métamorphosent : ils ne signifient pas, même à ses yeux ».

L’incompréhension gagne aussi lelecteur du poème : « comment espérer qu’on provoquera l’indignation ou l’enthousiasme politique du lecteur quandprécisément on le retire de la condition humaine et qu’on l’invite à considérer, avec les yeux de Dieu, le langage àl’envers ? » En résumé, contre le tyran et l’oppression, mieux vaut un tract clair en langage commun qu’un poèmeobscur en alexandrins ! Certain poètes vont plus loin, en pensant que la poésie est totalement dans un autre monde que celui del’engagement : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien », dit Théophile Gautier, fondateur de ladoctrine de l’Art pour l’Art.

Il écrit dans la préface d’un recueil de poèmes : « l’auteur du présent livre n’a vu dumonde que ce que l’on en voit par la fenêtre, et il n’a pas envie d’en voir d’avantage.

Il n’a aucune couleurpolitique ; il n’est ni rouge, ni blanc, ni même tricolore ; il n’est rien, il ne s’aperçoit des révolutions que lorsque lesballes cassent les vitres ».

Le poème est une œuvre d’art pure, un « poème-bijou » que le poète doit taillerlonguement dans son atelier, protégé des agitations du monde extérieur, qui ne peuvent que le troubler dans sontravail.

La poésie ne doit pas aider à combattre mais à apaiser le lecteur, par le rêve et l’évasion, lorsque sa vie estdifficile.

C’est ce que Mallarmé exprime dans « les Fenêtres » pour le malade à l’hôpital : « Ivre, il vit, oubliant l’horreur des saintes huiles,Les tisanes, l’horloge et le lit infligé,La toux ; et quand le soir saigne parmi les tuiles,Son œil, à l’horizon de lumière gorgé, Voit des galères d’or, belles comme des cygnes,Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormirEn berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignesDans un grand nonchaloir chargé de souvenir » Enfin, le poète trop engagé, peut se tromper dans les causes qu’il défend, ce qui renforce les arguments de ceux quipensent qu’il devrait mettre la poésie au service de l’art et non de la politique.

Ainsi Paul Eluard, auteur de« Liberté » pendant la résistance contre les nazis, écrivit plus tard un poème intitulé « Joseph Staline » : « Et Staline pour nous est présent pour demainEt Staline dissipe aujourd’hui le malheurLa confiance est le fruit de son cerveau d’amourLa grappe raisonnable tant elle est parfaiteGrâce à lui nous vivons sans connaître d’automne » Pour conclure, nous dirons que le poète est partagé entre deux désirs : sauver le monde ou dire sa beauté.

Maismême ceux qui pensent, comme Jean Paul Sartre, que la prose est une meilleure arme que la poésie pour sauver lemonde, ne renoncent pas à l’utiliser pour dire sa beauté.

Il écrit en effet dans ses « Carnets de la drôle deguerre » : " J'enrage de n'être pas poète, d'être si lourdement rivé à la prose.

Je voudrais pouvoir créer de ces objetsétincelants et absurdes, les poèmes, pareils à un navire dans une bouteille et qui sont comme l'éternité d'uninstant.". »

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