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LA POÉSIE LYRIQUE

Publié le 31/05/2012

Extrait du document

Les femmes ont eu aussi une part considérable dans la création de la poésie provençale : bien plus encore que dans le Nord, elle fut leur oeuvre, et reçut d'elles sa matière et son objet Elle y eut cet avantage de rencontrer un état social qui leur donnait plus d'empire, et fit une loi de leur goût. Toutes les circonstances, au reste, en préparaient la riche et facile floraison : tandis que le baron du Nord, entre les murs épais de sa maussade forteresse, menacé et menaçant, ne rêvait que la guerre, les nobles du Midi, en paix et pacifiques sous deux ou trois grands comtes, riches, hantant les villes, épris de fêtes, la joie dans l'âme et dans les yeux, l'esprit déjà sensible au jeu des idées, et l'oreille ...

Mais il est à noter que si l'Infini, réalisé en l'image d'un Dieu personnel, et pourtant conçu en son incompréhensible et inimaginable essence, peut contenter l'à me qui s'y élance et s'y absorbe, il n'en va pas tout à fait de même de l'amour humain. Comme l'amour parfait des mystiques ne saurait être l'état du commun des fidèles, et les dégraderait plus qu'il ne les élèverait, s'ils essayaient d'y atteindre, ainsi le pur amour des Provençaux ne saurait être à la portée que d'une rare élite. Quel est l'objet qui paraîtra digne, le sujet qui sera capable d'une telle dévotion ?

« avions, pour plus de sùreté, résolues en idées et en actes d'accord .avec l'Église.

Le monde extérieur n'était pour nous qu'un objet intelligible : et quand notre intelligence trop faible encore ne s'y appliquait pas pour en tirer des concepts, notre volonté en faisait le champ de son action : nous ne Yoyions dans la nature que nous-mêmes, l'objet qu'elle présentait et l'obstacle qu'elle oppo­ sait à nos ambitions.

Tant qu'il en a été ainsi, une grande poésie lyrique ne pouvait sortir chez nous des éléments ni des circon­ stances qui ailleurs la produisaient.

1.

A:>iCIE.'l LYRJS)!E FIL\:>iÇAIS.

Il était naturel que la femme, à qui, surtout en ce temps-là, l'action était interdite, vécût un pÊm plus de rêves et d'émotions et les épanchât en poésie.

A la femme, en effet, se rapportent les or·igines de notre littérature lyrique : pour elle, et peut-être par elle, aux temps de la création vraiment spontanée ct populaire, furent composées les chansons a ilmtsa et les chrmsons de toile 1 • Les chansons dont, aux xc ou x1e siècles, les femmes et les jeunes filles de nos villages accompagnaient leurs" caroles »,l'une d'elles chantant le thème fondamental en solo et les autres reprenant en chœur les refrains à intervalles plus ou moins rapprochés, ne nous sont point parvenues.

Mais par quelques refrains d'un caractère ancien et populaire, qui leur ont sans doute appartenu, par les traces qu'elles ont laissées dans les refrains, les motets, les ballettcs du xm• et du x tv• siècle, par les poésies déjh littéraires qu'elles ont suscitées en Sicile, en Allemagne, en Portugal, l'érudition contem­ poraine a pu nous en donner une idée.

Aalis tôt se leva : - TJonj01t1' ait qui mon cœw· a - Beau se vêtit et para, Dessous l'aulnoie.

-Bonjow· ait qui mon cœur a, Jli'est avec moi.

Toutes ces chansons ne parlent que d'amour; c'est la jeune fille, joyeuse de sa jeunesse et d'être jolie, qui se vante d'avoir un ami, ou sc plaint de ne pas en avoir; qui veut épouser celui que f.

Textes : K.

Barlsch, Romanzen und Pastourellen ( 1870, in-8).

- A consulter : A.

Jeanroy, les Origines de la poésie lyrique en France au moyen àge.

Paris, Hachette, 1889, in-8.

G.

Paris, les Origines de la poésie lyrique en France, Journal des Savants, nov., dcc.

1891, mar• et juillet 1892.. »

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