La poétique de Francis Ponge
Publié le 30/03/2012
Extrait du document
Francis Ponge, né en 1899, est l'exact contemporain d'Aragon, d' Eluard, de Breton, de Raymond Queneau, de Prévert. Contrairement à eux, cependant, il n'atteint à la notoriété qu'après la dernière guerre et sïl est placé aujourd'hui au tout premier rang par un cercle grandissant de connaisseurs, on ne peut dire que sa gloire ait encore atteint véritablement le grand public. Francis Ponge n'est pourtant coupé ni de l'histoire ni de l'histoire littéraire: bien plutôt pourrait-on dire que c'est celle-ci qui, après avoir longtemps couru après lui, a fini en quelque sorte par le rejoindre....
«
,--------------------------------------------
FIGURES 659
pourrait-on dire que c'est celle-ci qui, après avoir longtemps couru après lui, a fini en quelque sorte par le rejoindre.
Ponge partage avec la génération des surréalistes
l'expérience de la guerre de 14-18 et le dégoût non seulement devant les horreurs « militaires » mais devant les monstruosités «intellectuelles» qui l'accompagnent: «Bien plus menaçants
que les armées ennemies m'apparaissent l'autorité immédiate de la grossièreté et de la sottise, l'usage honteux du
mensonge et de l'intimidation.
» Comme à eux, la société qu'engendre la victoire lui répugne: «L'ordre de choses honteux à Paris crève les yeux, défonce les oreilles.
» Et comme pour eux, sa vocation littéraire s'enracine dans la révolte: «Qu'on s'en persuade: il nous a bien fallu quelques
raisons impérieuses pour devenir ou pour rester poètes.
Notre premier mobile fut sans doute le dégoût de ce qu'on nous
oblige à penser et à dire.
» Mais même si un texte de Ponge
paraît dans Le Surréalisme au service de la révolution : « Vraiment, croit-on que nous puissions avoir quelque chose
de commun avec le siècle de la camelote, de la boîte à
sardines ? Le sabotage au-dessus de tout ! Je crois à une révolution sans mémoire.
Passons au déluge (contre Marx,
Hegel et Cie) », même s'il œuvre avec les surréalistes à la
libération du langage et acquiert avec eux, et conserve, le goût des métaphores provocantes et somptueuses (« Lorsque l'incessant tollé nocturne [ ...
] recommence à se laisser
percevoir, les souliers volent, les oiseaux glissent sur le parquet ciré du salon sans murs de l'Idole Noire exposée au fond avec tous ses bijoux »), Ponge investira ailleurs et autrement ces ressources : « Grâces soient rendues au
surréalisme, surtout pour avoir réouvert les veines de la colère et les ressources de l'enthousiasme poétique [ ...
] Mais, d'autre part (erreur ou errement des surréalistes), il y a mieux à faire qu'à déboucher dans le modern' style, le bibelotage 1900 ; l'anarchisme des photographes à lavallière et chapeaux plats et des Léo Ferré ; voire dans le romantisme noir (allemand) ; l' érotologie.
» 1 Ponge, qui travaille aux Messageries Hachette depuis
quelques années, est, en 1936, secrétaire adjoint du syndicat C.G.T.
des cadres et rejoint le P.C.F.
en janvier 1937 (il le quittera en 194 7).
De cette époque datent des textes comme 14 Juillet(« [ ...
] et ce ne sont pas au bout de leurs piques
les têtes renfrognées de Launay et de Flesselles qui, à cette futaie de hautes lettres, à ce frémissant bois de peupliers à jamais remplaçant dans la mémoire des hommes les tours.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Une étude de la poésie à la lumière de l'esthétique phénoménologique : l'exemple de Francis Ponge
- Francis Ponge (1899-1988) Le Parti pris des choses (1942) L’Huître
- Le gymnaste, Francis Ponge
- PIÈCES de Francis Ponge (résumé & analyse)
- PROÊMES de Francis Ponge : Fiche de lecture