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La princess de cleves

Publié le 18/11/2012

Extrait du document

Extrait n°4 : l'ultime confrontation tome IV ( lignes 1042 à 1099 p 225 à 227) Excipit, dénouement du roman. Madame de Clèves est libre à la suite de la mort de son mari : elle pourrait épouser Nemours. Mais elle se refuse à le faire dans une scène d'aveu qui fait l'originalité et la force de l'oeuvre. Surprenant par rapport aux attentes du lecteur, formé au 17ième siècle à la lecture des romans précieux et au 21ième à une conception qui valorise l'amour. Nécessaire : par rapport aux thèmes mis en place par la romancière depuis le début (psychologie des principaux personnages et conception négative de l'amour). Question d'oral : en quoi ce dénouement est-il à la fois surprenant et nécessaire ? I.Une scène d'aveu final qui rompt avec le topos romanesque et déçoit le lecteur dans ses attentes. a.Un aveu d'amour  Un aveu enfin possible, alors que la communication directe entre les deux personnages a toujours été empêchée dans le reste du roman. un amour partagé : « je crois devoir à votre attachement la faible récompense de ne vous cacher aucun de mes sentiments. « un amour autorisé par la société : Mme de C. est veuve et son amour n'est plus interdit par les codes moraux et sociaux : « je sais que vous êtes libre, que je le suis, que (...) le public n'aurait peut-être pas sujet de vous blâmer, ni moi non plus, quand nous nous engagerions ensemble pour jamais. « b. mais au lieu du dialogue attendu (qui marquerait l'accord final entre les deux personnages) monologue 2 longues répliques de Mme de C, interrompues seulement par une brève réplique de Nemours qui proteste en vain = N. réduit au statut d'auditeur du monologue intérieur de la princesse. Néanmoins, elle s'adresse constamment à lui (« vous cacher, vous avouer «) puisqu'il s'agit de le convaincre de renoncer à elle. Présence silencieuse du duc donne au discours de la princesse une forte dimension dialogique et argumentative : elle répond par avance à ses objections : « je sais que «/ « Mais «, « peut-être aussi que sa passion «/ « Mais «, «quand je pourrais m'accoutumer « « pourrais-je m'accoutumer «. Pronoms « je/vous « = opposition. Mme de C parle en femme qui vit pour passion unique, s'adresse à homme amoureux mais qui a réputation de séducteur inconstant. c. Un refus surprenant Affirmé dès les premières lignes de l'extrait : « la faible récompense « + « ce sera apparemment la seule fois de ma vie que je me donnerai la liberté de vous les faire paraître «. cf déclaration qui précède « cet aveu n'aura point de suite et je suivrai les règles austères que mon devoir m'impose «. réaffirmé dans les dernières lignes : « il est impossible de passer par dessus des raisons si fortes, il faut que je demeure dans l'état où je suis et dans les résolutions que j'ai prises de n'en sortir jamais. «. Mme de C refuse d'épouser Nemours et choisit de rester veuve. Il ne s'agit pas d'un dialogue délibératif mais d'un monologue dans lequel Mme de C. expose des raisons déjà bien arrêtées. Notons une métaphore spatiale = l'immobilité « impossible de passer par dessus «, « demeurer «, « état où je suis «, «&nbs...

« auriez été pour moi.

» Emploi du conditionnel plutôt que du futur : pour tenir cette perspective du mariage et de la jalousie à distance.

Elle s’appuie sur son expérience personnelle pour anticiper son avenir : rappel de l’épisode de la lettre de Mme de Thémines), faussement attribuée à N.

et dans lequel elle a fait l’expérience de la jalousie (« je vous en ai trop dit pour vous cacher que vous me l’avez fait connaître ») + « mon expérience me ferait croire qu’il n’y en a point à qui vous ne puissez plaire.

»= Ce bilan et cette anticipation permettent à Mme de C de dresser un portrait opposé de son caractère et de celui de N.

b.

le caractère de Mme de Clèves : de la passion à la raison.

 Elle se définit elle-même dans une formule : « j’avoue que les passions peuvent me conduire mais elles ne sauraient m’aveugler.

», dans laquelle l’antithèse marque la force de la passion (me conduire) mais soulignent aussi la lucidité (« ne sauraient m’aveugler ») = opposition passion/raison.

 elle marque dans ce passage l’intensité de sa passion : « cette passion dont je ferais toute ma félicité ».

Mais l’absolu de cette passion peut la mener à éprouver la souffrance de l’abandon et de la jalousie ( foisonnement de figures hyperboliques) : «la certitude de n’être plus aimée de vous comme je le suis me paraît un si horrible malheur », « j’en aurais une douleur mortelle et je ne serais pas même assurée de n’avoir point le malheur de la jalousie .

», « je souffris de si cruelles peines (…) qu’il m’en est demeuré une idée qui me fait croire que c’est le plus grand de tous les maux .

»= Propositions consécutives + hyperboles marquent l’intensité et le caractère inéluctable de la douleur.

+ ds § suivt « je n’aurais d’autre parti à prendre que celui de la souffrance » .  elle veut marquer alors la force encore plus grande de la raison : la lucidité (« rien ne me peut empêcher de connaître que vous êtes nés avec toutes les dispositions pour la galanterie » + la force de la volonté : « « il est impossible de passer par dessus des raisons si fortes, il faut que je demeure dans l’état où je suis et dans les résolutions que j’ai prises de n’en sortir jamais ».

Lexique de la certitude : « raisons », « résolutions » + « il est impossible » et « il faut » + hyperboles « si fortes », « jamais ».

= la renonciation finale de Mme de C peut s’interpréter comme une volonté de préserver l’absolu de son amour, mais aussi l’image qu’elle a d’elle-même comme une femme lucide, consciente de ce qu’elle doit à elle-même et au souvenir de son mari, et surtout maîtresse d’elle-même : « demeurer dans l’état où je suis et dans les résolutions que j’ai prises », formule qui peut résumer l’effort entrepris par la jeune femme dans tout le roman pour prendre la maîtrise de son destin, et qu’elle ne parvient à concrétiser ici que dans le renoncement à l’amour.

c.le caractère de M.

de Nemours : un séducteur inconstant  L’amour constant qu’il éprouve pour la princesse s’explique par les circonstances extraordinaires de leur aventure : « les obstacles ont fait votre constance.

Vous en avez assez trouvé pour vous animer à vaincre et mes actions involontaires ou les choses que le hasard vous a appris vous ont donné assez d’espérance pour ne vous pas rebuter.

» Ce sont les circonstances extérieures (« obstacles », « involontaires » « hasard ») qui ont transformé son désir en passion.

 Mais sa nature profonde est tout autre : « « vous êtes né avec toutes les dispositions pour la galanterie et toutes les qualités qui sont propres à y donner des succès heureux.

» Inconstance fondamentale, qui s’est déjà manifestée dans le passé « vous avez déjà eu plusieurs passions » et qui reparaitra dans le futur « « vous en auriez encore » + « je vous croirais toujours amoureux et toujours aimé et je ne me tromperais pas souvent ».

Si Mme de C est du côté de la passion unique et durable, N.

lui reste à ses yeux du côté de la multiplicité des liaisons passagères.

 Force de séduction irrésistible , marquée par le rythme ternaire (« « toutes les femmes souhaitent de vous attacher , il y en a peu à qui vous ne plaisiez, mon expérience me ferait croire qu’il n’y en a point à qui vous ne puissiez plaire ») mais dangereuse.

d.le « fantôme de devoir » : M.

de Clèves Une autre figure masculine apparaît à plusieurs reprises dans son discours, son mari disparu.

 Seul homme capable de réunir le sentiment et la durée : « « M de C était peut-être l’unique homme du monde capable de conserver de l’amour dans le mariage ».

= l’hyperbole met en valeur la singularité de Clèves, capable d’éprouver amour parfait et unique = passion à la mesure de celle de la princesse.

Lien « amour » et « mariage » rappelle les principes développées par la mère, Mme de Chartres (cf extrait 1 le portrait de Mlle de Chartres) mais qui, dans la préciosité sont considérés comme étant habituellement disjoints.

 rappel explicite de scène de la mort de C., elle l’oppose explicitement à N : « croire voir toujours M.

de C vous accuser de sa mort, me reprocher de vous avoir aimé, de vous avoir épousé et me faire sentir la différence de son attachement au vôtre ? »= C devient dans la conscience tourmentée de la princesse l’incarnation (« croire voir ») et la voix (« accuser », « me reprocher », « me faire sentir ») des « raisons de devoir » + figure du « sur-moi » (liée à celle de la mère).

Transition : cette analyse de la psychologie individuelle des trois personnages principaux et de leur relation amoureuse s’appuie sur une conception universelle : une vision négative de la passion amoureuse. III)Une vision négative de la passion amoureuse ( Influence du jansénisme) a.

les généralisations 2. »

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