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La Princesse de Clèves dissertation: En quoi la cour est un lieu de perdition et de divertissement?

Publié le 15/04/2022

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« Selon Saint Augustin, l’âme a une double nature : une nature pure et une nature pécheresse.

Ceci nous rappelle de la duplicité de la cour, un personnage collectif à part entière composé de la plus haute aristocratie du XVIème siècle dans le roman de Madame de Lafayette, La princesse de Clèves.

La cour désigne non seulement le lieu, c’est-à-dire là où vit un souverain (ici le roi de France) et son entourage mais aussi un ensemble de personnes qui cherchent à plaire à quelqu’un avec insistance.

Cette envie de plaire incessante ainsi que le besoin de conformer aux normes de la société conduisent souvent les individus à se métamorphoser complètement et à masquer leur individualité.

Ce monde d’artifices et d’apparences artificielles peut être très difficile à naviguer et même périlleux.

Mais tous les luxes, les bijoux, les évènements extravagants et même les drames et les discussions en font également un univers d’amusement et de distraction.

Il convient donc de s’interroger en quoi la cour est un lieu de perdition et de divertissement.

Comment la cour peut-elle être un lieu de péril, de perte et de dissipation et en même temps un lieu de distraction et d’amusement ? Nous verrons que c’est un monde conformiste et d’illusion qui mise beaucoup sur le paraitre avant de nous arrêter sur l’évocation des rivalités, de l’ambition et de la galanterie, sources de distraction qui rythment la vie des courtisans. Madame de Chartres dit à sa fille à propos de la Cour : "Si vous jugez sur les apparences en ce lieu ci, vous serez souvent trompée : ce qui paraît n’est presque jamais la vérité.".

À travers cette recommandation, on comprend que la Cour est un monde où règnent l’apparence, la beauté mais aussi la complexité, le double jeu et la dissimulation.

La Cour est donc l’espace antireligieux par excellence.

La foi et la vertu de la Princesse de Clèves sont mises à l’épreuve à la Cour.

Elle essaie tout au long du roman de s’en extirper (lorsqu’elle part à la campagne), mais sans succès, soit à cause de son mari, soit à cause de ses obligations sociales.

On observe l’influence de la doctrine religieuse janséniste dans le dénouement austère : la retraite à la campagne marque un retour à la foi religieuse.

L’expérience du péché et de la dissimulation est rachetée par le renoncement au plaisir à la fin du roman.

La cour est donc un espace dangereux qui empêche les personnes même vertueuses d’en réchapper.

Madame de Chartres, au moment de mourir, précise à sa fille encore jeune : "Retirez-vous de la cour" comme s’il s’agissait d’un espace diabolique. En effet, sous ses dehors aimables et luxueux, cette politesse de cour recèle un tissu d'intrigues, d'hypocrisies et de trafics d'alliances.

Les courtisans se livrent sans scrupules à des trames perpétrées des trahisons.

C'est l'exercice incontrôlé du "droit de guerre" (sous le couvert de la galanterie) qui justifie aussi bien l'usurpation que la conquête, la ruse que la force.

Toutes les intrigues inscrites en marge du récit soulignent cette distinction entre la réalité et ce qu'elle révèle.

La cour offre l'image d'une aristocratie parasite, oisive, vivant aux crochets du roi : monde de défiance perpétuelle, des autres et de soi.

Le rôle essentiel de tout courtisan se réduit à pratiquer la flatterie servile.

La grande préoccupation consiste désormais à attendre le mot d'ordre du roi, à noter tous ses gestes et ses signes.

Les aristocrates ne sont plus que des marionnettes du roi et essayent de camoufler tant bien que mal cette servitude derrière des dehors glorieux.

Ces critères entrainent cette haute société vers la facilité. »

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