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LA PROSE D'IDÉES A LA RENAISSANCE

Publié le 27/06/2012

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La prose française, pendant la Renaissance, s'enrichit des domaines peu à peu arrachés au latin. Son territoire est immense; les genres y sont à peine classés : plus de règles, de tradition technique à respecter; point de modèles impératifs pour la forme. Aucun grand prosateur n'a imposé sa manière à ses contemporains. La langue est libre, aussi chargée de locutions populaires, parfois patoisantes, que de souvenirs érudits de la latinité. Tout au plus vise-t-on parfois à un style soutenu, volontiers cicéronien.

« LA BOÉTIE.

JEAN BODIN 95 liberté lui permet d'introduire de son propre tempéra­ ment n'est certes pas à regretter.

La violence des luttes religieuses au cours de la période qui nous occupe devait entraîner une abondante littérature religieuse; protestants comme Farel, Viret, Théodore de Bèze, Duplessis-Mornay, Ph.

de Marnix; catholiques, comme Cathalan, chez tous on trouve en abondance une éloquence souvent rocailleuse, l'injure et l'ironie, mais rarement la hauteur ~e la pensée, et le soin du bien dire.

Certains s'efforcen de s'élever au­ dessus des haines, comme les prote tants Castellion et Fr.

de la Noue, dit Bras de Fer, comme les catholiques Michel de l'Hospital et Guillaume du Vair; chez eux la pensée se fait plus ample et plus sereine.

Du Vair est le seul dont la prose ferme, claire, simple, ait été longtemps admirée, surtout dans son œuvre la plus estimée, sa Constance ès calamités publiques (1594).

Les guerres civiles sont également à l'origine d'un grand nombre d'ouvrages, dont bien peu ont quelque valeur littéraire.

Au premier plan, le Contr'un ou De la Servitude Volontaire, de La Boétie (1530-1563), écrit quand l'auteur avait dix-neuf ans, sous le coup de l'émotion produite sur sa délicate sensibilité par les massacres de Guyenne; La Boétie offre le premier exemple de l'influence que devait naturellement avoir sur la pensée politique le commerce assidu avec tant de textes de l'antiquité exaltant l'amour de la liberté et la haine de la tyrannie.

Ce n'est qu'en 1789, ou peu auparavant, que cette alliance entre la culture gréco­ latine et les sentiments révolutionnaires apparaîtra dans tout son éclat; elle est ici visible pour la première fois.

Le respect du pouvoir royal, après Henri IV, s'opposera à l'expansion de cette forme de l'influence latine; mais de nombreux traités et pamphlets, dus surtout à des protestants, attaquent alors la royauté absolue au nom des droits du peuple.

Au contraire, d'autres, soucieux avant tout de l'ordre, défendent la royauté.

Le plus important est Jean Bodin (1530-1596), intelligence de premier ordre, singulièrement perspicace dans tous les problèmes politiques, sociaux, économiques, et, bien souvent, de deux cents ans en avance sur la pensée de son temps.

Parmi ses nombreux ouvrages, ses Six Livres de la République (1575), par la solidité des vues, la méthode. »

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