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La question du réalisme chez Renoir

Publié le 10/08/2014

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question

«RÉALISME INTÉRIEUR« ET «RÉALISME EXTÉRIEUR«

Classicisme contre romantisme

 

Pour Jean Renoir, l'histoire du théâtre comme celle de la littérature et de l'art sont traversées par deux traditions antagonistes. D'un côté, ce qu'il appelle, au sens large, le «romantisme« ; de l'autre, le classicisme, à la fois style et esprit dont il fait remonter l'origine, en ce qui concerne la comédie, à la grande époque du théâtre italien, en particulier de la commedia dell'arte1. L'opposition entre ces deux grands courants est essentiellement affaire de style. Dans ce que Renoir appelle la tradition «romantique«, on a tendance à traiter avec gravité, sérieux, et parfois emphase, de grands sujets (l'amour, le pouvoir, le destin de l'homme). Dans la tradition «classique«, c'est au fond les mêmes sujets qui sont abordés mais sans paraître y toucher, avec ce ton badin, ironique et faussement détaché, qui est celui d'Arlequin ridiculisant dans la farce les puissants et leurs valets.

question

« mais aussi -ce qui pourrait surprendre à priori -plus réaliste que celui issu de la tradition «romantique».

Les écrivains naturalistes, qu'il relie au «romantisme», en voulant représenter le monde tel qu'il est, peuvent aboutir à une forme de réalisme très superficiel.

Sauf exception (comme certains romans de Zola et de Maupassant que le cinéaste aime beaucoup et qu'il a adaptés à l'écran), ces romanciers ne montrent souvent, selon Renoir, que la «vérité extérieure» des choses et des êtres.

Les modèles de Renoir Jean Renoir a deux grands modèles : Molière au théâtre et Chaplin au cinéma.

Ces auteurs qui symbolisent «l'esprit classique» sont, pour lui, les véritables réalistes.

«Molière n'a jamais fait de réalisme extérieur, disait-il.

Il a appelé ses personnages Philinte, Orgon, Cléante, au lieu de les appeler Dupont, Durand, Dubois; il les a habillés de costumes qui n'étaient pas réalistes ; dans les costumes utilisés sur la scène, il y avait encore un reste de comédie italienne.

Néanmoins, les pièces de Molière sont probablement parmi les plus réalistes.» Un homme comme Chaplin, ajoute Renoir, «n'a jamais sacrifié au réalisme extérieur : Chaplin joue un chercheur d'or, mais il est habillé avec un petit chapeau melon, ses grandes chaussures et une canne, et il cherche de l'or au milieu de la neige.

S'il était réaliste, il aurait une fourrure et tout ce qu'il faut pour ne pas redouter le froid.

Néanmoins, M.

Chaplin, avec son petit chapeau melon, me semble beaucoup plus vrai que quantité de cabots qui ont de vraies défroques de chercheurs d'or1.» --·DES ACTEURS À CONTRE-EMPLOI Dans le choix des acteurs qui incarnent ses personnages, Renoir fait preuve d'une fantaisie apparente qui semble opposée au réalisme.

André Bazin, l'un des 1.

Jean Renoir, Ma vie et mes films, Flammarion, 1974.

75. »

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