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La religion du coeur et Dieu chez Rousseau

Publié le 23/06/2015

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À plusieurs reprises, Rousseau prend Dieu à témoin ou le fait parler à l'intérieur de son texte (L. I, p. 33-34, 49; L. Il, p. 101). Dieu n'est pas à proprement parler un personnage de l'ceuvre. Mais le narrateur lui attribue un rôle significatif.

À la première page des Confessions, Rousseau convoque tous ses lecteurs au jour du Jugement dernier. Là, il s'adresse solen­nellement à Dieu. Il ne lui réclame ni le paradis ni même le par­don (ce qui serait en principe le but d'une confession). Ce qu'il attend du Seigneur est la reconnaissance de sa sincérité : « j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même « (L. I, p. 34). Un peu plus loin, il prend encore Dieu à témoin de la véracité de ses dires : « je déclare à la face du Ciel que j'étais innocent « (ibid., p. 49). Rousseau s'adresse à Dieu chaque fois qu'il veut convaincre ses lecteurs de sa sincérité.

Comme l'écrit Jean Starobinski, « ce n'est pas Dieu que Jean-Jacques recherche en Dieu, mais le regard absolu qui lui donnera confirmation de sa propre identité' «. Le héros réclame non le salut, mais la preuve qu'il ne cherche pas à nous tromper sur lui-même. Il choisit Dieu comme garant et comme symbole de la pureté de son coeur.

 

Rousseau croit en la dignité sacrée de l'homme. Mais il se méfie de l'apparence et de la dissimulation — sur lesquelles, mal­heureusement, les religions s'appuient trop souvent.

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« ironique de ces prêtres.

\\les condamne en des termes assez vigoureux(« impudence»,« infâme»,« dégoût», L.\1, p.

106).

Le vocabulaire porte la marque de son indignation.

Une religion des apparences Rousseau reproche à la religion-et surtout à la religion catho­ lique- de se cantonner au respect des apparences.

Il critique avec violence les conversions, qui semblent vides de sens.

Car nul ne s'inquiète jamais des sentiments profonds des nouveaux adeptes.

Pour rallier Jean-Jacques au catholicisme, M.

de Pontverre se sert de son excellent vin de Frangy plutôt que d'argu­ ments religieux.

Il cherche à séduire et non à convaincre.

À Turin, ceux qui embrassent la foi catholique sont des aventuriers qui font commerce de leur âme.

Pour deux d'entre eux, c'est devenu une sorte de métier : ils demandent à être baptisés « partout où le produit en va[u]t la peine » (ibid., p.

97).

Si le clergé ferme hypocritement les yeux sur ces abus, c'est qu'il n'a pas, en la matière, des intentions très pures.

Il cherche avant tout à étendre son pouvoir.

Le jour de la conversion, il réserve aux protestants un traitement qui « sert à persuader au peuple que les protestants ne sont pas chrétiens » (1bid., p.

1 07).

La cérémonie est donc fondée sur un mensonge.

Sans doute tous les prêtres ne sont-ils pas aussi calculateurs que ceux de Turin.

Mais l'aveuglement du curé de Confignon n'est pas plus sympathique.

M.

de Pontverre se soucie peu de ce que devien­ dra Jean-Jacques quand il l'aura rallié au catholicisme: Il y avait tout à parier qu'il m'envoyait périr de misère ou devenir un vaurien.

Ce n'était point là ce qu'il yoyait: il voyait une âme ôtée à l'hérésie et rendue à l'Eglise (ibid., p.

81 ).

N'est-ce pas ce qui finira par arriver? Rejeté à la rue le jour de sa conversion, le héros erre dans les rues de Turin.

Ce sont para­ doxalement les prêtres qui l'ont condamné à« périr de misère ou [à] devenir un vaurien».

Aveuglement et superstition Bien avant Les Confessions, Fontenelle ou Diderot ont dénoncé l'habileté de l'Église à confisquer à son profit des phénomènes naturels.

À la fin du Livre Ill, Rousseau réfléchit sur la naïveté qui produit ou entretient certaines illusions.

71. »

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