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La satire dans La Chute de Camus

Publié le 05/08/2014

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camus

 

La Chute paraît à la suite de la rupture avec Sartre et les existentialistes et stigmatise fortement le comportement de ces censeurs intransigeants, que Camus compare à Savonarole, le prédicateur qui imposa à Florence (1494- 1497) une morale particulièrement stricte. Mais Camus dépasse ce cadre circonstancié pour relever les travers permanents de l'homme.

1 - « MES CONFRÈRES PARISIENS «

Les existentialistes

Quand il entend ses « confrères parisiens « (p. 49), Camus vise le groupe des Temps modernes qui l'a attaqué sans ménagements après L'Homme révolté. La violence de la satire est à la mesure de la trahison ressentie : il avait même écrit, dans une première version du manuscrit, « nos philosophes «, qu'il a ensuite adouci pour généraliser l'objet de la satire. Les allusions sont nombreuses.

camus

« E X P 0 S É S F C H E S Satanisme vertueux Ils sont impitoyables,« ils ne croient qu'au péché, jamais à la grâce».

Leur sé­ vérité, justifiée par l'exigence morale, est inhumaine et destructrice.

Le secta­ risme de ces années-là, s'il s'expliquait par la menace d'une guerre, ne pouvait que rejeter un Camus plus nuancé, refusant de s'engager sous «une étiquette».

Tous s'érigent en juges, dans un délire général,« ils condamnent, ils n'absolvent personne », alors que le Christ était amour et pardon envers la pécheresse (p.

121 ).

Ill -UN LA BRUYÈRE DE NOTRE TEMPS Satire intemporelle Le pamphlet, néanmoins, s'élargit à une lecture moraliste plus universelle : le mensonge est partout.

Cruauté, égoïsme, hypocrisie sont également répandus : «J'ai mis à jour la duplicité profonde de la créature» (p.

90).

Autobiographe ou moraliste ? La force de Clamence, c'est le passage constant et vertigineux du« je» au «ils», du« nous» au« vous».

L'objet observé semble être lui-même, mais il s'élargit à l'humanité.

Les signataires de manifestes sont ridicules ? Mais il signerait avec eux, et on ne sait plus qui est critiqué:« L'esclavage, ah! mais non, nous sommes contre ' »Cette confusion, volontairement entretenue par l'ironie, est une des forces de Clamence.

Une écriture originale Le sujet nouveau pousse Camus à inventer une forme nouvelle, adaptée : le récit monologué, le dialogue implicite créent un nouveau cadre, avec un ton nou­ veau, un personnage hors du commun capable d'utiliser ironie et bons mots.

Ainsi le caractère de Clamence permet-il l'emploi du sarcasme dans l'observa­ tion des intellectuels parisiens ou de l'homme éternel.

Il ne recule pas devant la ca­ ricature ni la charge : les humanistes athées sont comparés à des volailles qui «caquettent» au café comme dans une basse-cour, et pris de convulsions en enten­ dant le nom de Dieu.

C'est féroce, mais drôle.

La créativité verbale de Camus invente des associations : « humanistes professionnels », ou « athées de bistrots ».

Il renforce la connivence avec l'interlocuteur-lecteur : « vous savez ...

», emploi de possessifs enveloppants.

Enfin, le « philosophe pour classes terminales », selon un critique bienveillant, ou« de salle d'attente», aime les aphorismes*, qui englo­ bent l'humanité dans des comportements génériques : «Pour cesser d'être dou­ teux, il faut cesser d'être, tout simplement.» Ces formules brillantes n'échappent pas à la superficialité mais elles sont le propre des grands moralistes, et la figure favorite de son grand ami, le poète René Char.

Camus en varie l'énonciation, de l'indéfini« on» à la première personne« nous», passage jamais innocent dans la stratégie de Clamence.

Ainsi passe-t-on en une page de « Chaque homme a besoin d'esclaves comme d'air pur» à« Nous avons remplacé le dialogue par le commu­ niqué».

L'implication de l'interlocuteur a été réussie insensiblement.

Conclusion: D'abord pamphlet d'un homme blessé, La Chute devient peu à peu dénonciation du Mal et atteint ainsi à l'intemporalité du moraliste.

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