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la scene de jalousie

Publié le 24/06/2021

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En français dans le texte Émission diffusée le 13 mars 2021 e Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXI siècle Parcours : individu, morale et société Œuvre : Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves Extrait du tome 2, de « On fit faire une grande lice… » à « relire la lettre qu’elle avait entre les mains. » Madame de La Fayette : La Princesse de Clèves, la lettre et la lice I. ANALYSE LITTÉRAIRE Introduction/Présentation Mme de La Fayette se trouve à la convergence des débats des salons précieux et des considérations e morales du XVII siècle. Ses récits, et tout particulièrement La Princesse de Clèves publié en 1678, peignent en effet des personnages en proie aux passions. D’une part, la complexité des sentiments et le questionnement sur le comportement à adopter dans des situations particulières n’est pas sans rappeler les discussions de la bonne société en quête d’élégance et de pureté. D’autre part, la difficulté du personnage à accéder au bonheur par un comportement moral idéal - et donc inapplicable – nous rappellent les penseurs du Grand Siècle : La Rochefoucauld bien sûr, mais aussi Pascal ou Descartes. Le roman raconte l’évolution de la jeune Mlle de Chartres qui reçoit une éducation morale exemplaire : sa mère lui enseigne le comportement que doit avoir une femme honnête et lui expose des récits qui lui font sentir le danger des intrigues. Malheureusement, la rencontre avec le duc de Nemours lui fait bientôt réaliser qu’elle n’est maîtresse ni de ses émotions, ni de ce qu’elle en laisse paraître : la passion triomphe dans son âme. Le premier tome dévoile peu à peu le délitement de la volonté de madame de Clèves qui ne parvient pas à résister à son inclination, ni même à la dissimuler à sa mère. Le deuxième tome nous donne à voir la victoire de cette passion sur toute sa personne. Puisqu’elle doit se résigner à l’idée qu’elle ne peut s’empêcher d’aimer le duc de Nemours, il s’agit donc de garder cette affection secrète. Mais on la voit impuissante face à celui qui renonce pour elle à la couronne d’Angleterre quand elle lui donne, bien malgré elle, de plus en plus de signes de sa passion. Jusque-là cependant, seuls sa mère et le duc ont été témoins de ces faiblesses. Dans le passage que nous allons étudier, l’incursion d’autres personnages dans la passion secrète du duc de Nemours et de madame de Clèves va faire plonger la jeune fille dans les tourments de la jalousie, de l’envie et même de l’indignité : une lettre tombée et une chute de cheval vont précipiter le roman dans la tragédie et remettre en question le pouvoir de l’analyse. La princesse de Clèves peut-elle se soustraire aux regards de ceux qui l’aiment ? La jalousie provoque-t-elle toujours les mêmes réactions ? Le récit de ses conséquences tragiques suffit-il à nous mettre en garde contre les passions ? Être digne d’être aimé ? La douleur de ne pas être aimé L’extrait se construit autour de deux chutes : celle d’une lettre tombée d’une poche, et celle d’un homme tombé de cheval. Chacune de ces chutes prend place au centre d’un triangle amoureux : d’une part, Madame de Thémines raconte dans une lettre comment elle s’est vengée du vidame de Chartres qui l’a trompée avec madame de Martigues ; d’autre part le chevalier de Guise comprend que la princesse de Clèves est amoureuse du duc de Nemours et lui annonce qu’il a décidé de s’éloigner d’elle afin de ne plus en souffrir. La douleur de ne pas être aimé est donc au cœur de cet extrait. Madame de Thémines, perfide, met en place un stratagème pour faire souffrir autant qu’elle souffre ; le chevalier de Guise, honnête, donne un nouveau sens à sa vie en partant à la conquête de Rhodes. À ces deux amours contrariés s’ajoute celui de madame de Clèves : elle croit en effet que la lettre tombée est destinée au duc de Nemours. Ce quiproquo l’entraîne dans les tourments de la jalousie et de la turpitude. Non seulement, croit-elle, le duc ne l’aime pas, mais en plus elle lui a donné des preuves qu’elle l’aime ; son orgueil blessé la persécute. ? La cour : spectacle de la vertu Ces deux événements ont une répercussion d’autant plus forte qu’ils se déroulent à l’occasion des préparatifs du double mariage royal. Ce cadre ostentatoire crée une émulation au sein de la cour : « Tous les princes et seigneurs ne furent plus occupés que du soin d’ordonner ce qui leur était nécessaire pour paraître avec éclat ». Le spectacle qui se prépare est ainsi celui de la vertu au sens étymologique. En latin, la virtus est la qualité virile : chez l’homme, c’est une qualité physique qui s’exprime par la force et l’adresse mais c’est aussi une qualité morale qui implique un comportement noble et digne. La lice sera le théâtre de cette manifestation édifiante sous la forme d’une rivalité galante, puisqu’il s’agit avant tout d’y déployer les couleurs et les « chiffres » des amantes. Les soupirants sont de surcroî...

« de madame de Clèves va faire plonger la jeune fille dans les tourments de la jalousie, de l’envie et même de l’in dignité : une lettre tombée et une chute de cheval vont précipiter le roman dans la tragédie et remettre en question le pouvoir de l’analyse. La princesse de Clèves peut -elle se soustraire aux regards de ceux qui l’aiment ? La jalousie provoque -t-elle touj ours les mêmes réactions ? Le récit de ses conséquences tragiques suffit -il à nous mettre en garde contre les passions ? Être digne d’être aimé  La douleur de ne pas être aimé L’extrait se construit autour de deux chutes : celle d’une lettre tombée d’une p oche, et celle d’un homme tombé de cheval.

Chacune de ces chutes prend place au centre d’un triangle amoureux : d’une part, Madame de Thémines raconte dans une lettre comment elle s’est vengée du vidame de Chartres qui l’a trompée avec madame de Martigues ; d’autre part le chevalier de Guise comprend que la princesse de Clèves est amoureuse du duc de Nemours et lui annonce qu’il a décidé de s’éloigner d’elle afin de ne plus en souffrir.

La douleur de ne pas être aimé est donc au cœur de cet extrait.

Madame de Thémines, perfide, met en place un stratagème pour faire souffrir autant qu’elle souffre ; le chevalier de Guise, honnête, donne un nouveau sens à sa vie en partant à la conquête de Rhodes.

À ces deux amours contrariés s’ajoute celui de madame de Clèves : elle croit en effet que la lettre tombée est destinée au duc de Nemours.

Ce quiproquo l’entraîne dans les tourments de la jalousie et de la turpitude.

Non seulement, croit -elle, le duc ne l’aime pas, mais en plus elle lui a donné des preuves qu’elle l’a ime ; son orgueil blessé la persécute.

 La cour : spectacle de la vertu Ces deux événements ont une répercussion d’autant plus forte qu’ils se déroulent à l’occasion des préparatifs du double mariage royal.

Ce cadre ostentatoire crée une émulation au sein de la cour : « Tous les princes et seigneurs ne furent plus occupés que du soin d’ordonner ce qui leur était nécessaire pour paraître avec éclat ».

Le spectacle qui se prépare est ainsi celui de la vertu au sens étymologique.

En latin, la virtus est la qua lité virile : chez l’homme, c’est une qualité physique qui s’exprime par la force et l’adresse mais c’est aussi une qualité morale qui implique un comportement noble et digne.

La lice sera le théâtre de cette manifestation édifiante sous la forme d’une riv alité galante, puisqu’il s’agit avant tout d’y déployer les couleurs et les « chiffres » des amantes.

Les soupirants sont de surcroît en concurrence lors de la partie de jeu de paume ou lors de la montée de chevaux sauvages, qui sont toutes deux des démons trations viriles emblématiques de la Renaissance participant au pittoresque du roman.

On s’y montre « digne d’être aimé » et même d’être aimé comme on le mérite, pour reprendre les termes de la lettre de madame de Thémines.

C’est là toute la question posée par ce passage : madame de Clèves souffre -t-elle de ne pas se comporter de manière vertueuse ou bien de ne pas s’être montrée digne d’être aimée aux yeux du chevalier de Guise ? Souffre -t-elle de ne pas être aimée par le duc de Nemours ou bien de lui avoi r montré qu’elle l’aime alors qu’il n’en est pas digne ? Dans cet extrait la dignité ne semble plus être un comportement dicté par son éducation morale, mais par le regard de l’amant.  Les jeux discrets de la galanterie En outre, le spectacle de ces jeux co nstitue le vernis d’intrigues dissimulées.

La galanterie se déploie dans l’ombre, les déclarations sont chuchotées, sous -entendues, elles se lisent dans les yeux bien plus qu’elles ne s’entendent.

La princesse de Clèves semble vouloir y échapper en chercha nt la discrétion.

Elle n’apparaît parfois que comme une figurante : le narrateur indique ainsi à propos de la partie de jeu de paume que « Les reines les allèrent voir jouer, suivies de toutes les dames, et entre autres de madame de Clèves ».. »

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