la scene de jalousie
Publié le 24/06/2021
Extrait du document
«
de madame de Clèves va faire plonger la jeune fille dans les tourments de la jalousie, de l’envie et
même de l’in dignité : une lettre tombée et une chute de cheval vont précipiter le roman dans la
tragédie et remettre en question le pouvoir de l’analyse.
La princesse de Clèves peut -elle se soustraire aux regards de ceux qui l’aiment ? La jalousie
provoque -t-elle touj ours les mêmes réactions ? Le récit de ses conséquences tragiques suffit -il à nous
mettre en garde contre les passions ?
Être digne d’être aimé
La douleur de ne pas être aimé
L’extrait se construit autour de deux chutes : celle d’une lettre tombée d’une p oche, et celle d’un
homme tombé de cheval.
Chacune de ces chutes prend place au centre d’un triangle amoureux :
d’une part, Madame de Thémines raconte dans une lettre comment elle s’est vengée du vidame de
Chartres qui l’a trompée avec madame de Martigues ; d’autre part le chevalier de Guise comprend
que la princesse de Clèves est amoureuse du duc de Nemours et lui annonce qu’il a décidé de
s’éloigner d’elle afin de ne plus en souffrir.
La douleur de ne pas être aimé est donc au cœur de cet
extrait.
Madame de Thémines, perfide, met en place un stratagème pour faire souffrir autant qu’elle
souffre ; le chevalier de Guise, honnête, donne un nouveau sens à sa vie en partant à la conquête de
Rhodes.
À ces deux amours contrariés s’ajoute celui de madame de Clèves : elle croit en effet que la
lettre tombée est destinée au duc de Nemours.
Ce quiproquo l’entraîne dans les tourments de la
jalousie et de la turpitude.
Non seulement, croit -elle, le duc ne l’aime pas, mais en plus elle lui a donné
des preuves qu’elle l’a ime ; son orgueil blessé la persécute.
La cour : spectacle de la vertu
Ces deux événements ont une répercussion d’autant plus forte qu’ils se déroulent à l’occasion des
préparatifs du double mariage royal.
Ce cadre ostentatoire crée une émulation au sein de la cour : «
Tous les princes et seigneurs ne furent plus occupés que du soin d’ordonner ce qui leur était
nécessaire pour paraître avec éclat ».
Le spectacle qui se prépare est ainsi celui de la vertu au sens
étymologique.
En latin, la virtus est la qua lité virile : chez l’homme, c’est une qualité physique qui
s’exprime par la force et l’adresse mais c’est aussi une qualité morale qui implique un comportement
noble et digne.
La lice sera le théâtre de cette manifestation édifiante sous la forme d’une riv alité
galante, puisqu’il s’agit avant tout d’y déployer les couleurs et les « chiffres » des amantes.
Les
soupirants sont de surcroît en concurrence lors de la partie de jeu de paume ou lors de la montée de
chevaux sauvages, qui sont toutes deux des démons trations viriles emblématiques de la Renaissance
participant au pittoresque du roman.
On s’y montre « digne d’être aimé » et même d’être aimé comme
on le mérite, pour reprendre les termes de la lettre de madame de Thémines.
C’est là toute la question
posée par ce passage : madame de Clèves souffre -t-elle de ne pas se comporter de manière
vertueuse ou bien de ne pas s’être montrée digne d’être aimée aux yeux du chevalier de Guise ?
Souffre -t-elle de ne pas être aimée par le duc de Nemours ou bien de lui avoi r montré qu’elle l’aime
alors qu’il n’en est pas digne ? Dans cet extrait la dignité ne semble plus être un comportement dicté
par son éducation morale, mais par le regard de l’amant.
Les jeux discrets de la galanterie
En outre, le spectacle de ces jeux co nstitue le vernis d’intrigues dissimulées.
La galanterie se déploie
dans l’ombre, les déclarations sont chuchotées, sous -entendues, elles se lisent dans les yeux bien
plus qu’elles ne s’entendent.
La princesse de Clèves semble vouloir y échapper en chercha nt la
discrétion.
Elle n’apparaît parfois que comme une figurante : le narrateur indique ainsi à propos de la
partie de jeu de paume que « Les reines les allèrent voir jouer, suivies de toutes les dames, et entre
autres de madame de Clèves »..
»
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