La Solitude. Ses Bienfaits et ses Dangers.
Publié le 15/02/2012
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Il importe de s'entendre d'abord sur le mot, sur la chose. Il y a solitude et solitude. S'agit-il d'une réclusion totale et définitive, comme celle des moines réfugiés dans le désert, un saint Antoine, un saint Paul ermites, ou celle des religieux qui, tout en menant la vie commune, s'isolent les uns des autres par un silence continuel ? Cette solitude, qui pourrait avoir ses dangers, est soustraite aux caprices, aux errements individuels par une règle sage, fruit de l'expérience. Elle n'offre guère, pour ceux qui s'y vouent, que des avantages, à condition qu'ils y soient appelés, car tous ne sont pas aptes à ce genre de vie.
«
L'homme y refait ses forces physiques, y trouve le calme si favorable
l'organisme surmene par la vie flevreuse et trepidante des cites modernes;
ses nerfs s'y detendent, l'equilibre de son corps s'y retablit.
L'ame surtout y goilte un repos qui lui est plus necessaire qu'au corps.
Un apaisement se produit en elle, loin du tumulte et des mille soins qui la
sollicitent et recartelent dans la vie dite mondaine.
Elle participe de la
tranquillite des choses, de la stabilite de in nature, de la serenite majestueuse
des cieux etoiles.
Cette douce quietude qui l'enveloppe et la penetre produit
sur elle les memes effets bienfaisants qu'un bain sur le corps, apres une
longue marche ou des exercices violents.
Et en ce repos elle se refait, elle
recupere les forces perdues, gaspillees peut-titre.
Seneque disait que chaque fois qu'il etait alle parmi les hommes it en
etait revenu moins homme.
A l'inverse, on pent affirmer que chaque fois
que l'on se retire de la societe, on redevient plus homme.
Loin de nos
occupations souvent absorbantes, et qui ne nous permettent pas de des-
cendre en nous-memes, nous prenons en effet conscience de notre propre
personnalite.
Se connaitre est le fondement de toute philosophie, de toute
vertu.
La solitude favorise singulierement cette etude.
Tandis que dans la
bagarre quotidienne nous sommes constamment tires vers l'exterieur, vio-
lemment arraches a nous-memes, dans la retraite nous nous reprenons et nous ressaisissons.
De la connaissance nous passons a la possession.
Et qui-
conque s'est ainsi etudie, reconnu, repris est déjà en voie de s'ameliorer.
Dans le recueillement partiel ou total que nous procure la solitude, les
lumieres ordinairement &parses de notre intelligence, obligees de se poser
sur une foule d'objets, se concentrent sur un seul ou sur un petit nombre.
De meme que les rayons du soleil, tombant sur une lentille, convergent en
un point lumineux et ardent, ainsi les clartes de notre esprit, sous l'action de la solitude.
La verite nous apparait alors plus clairement; notre coeur,
a son contact, devient plus chaud.
Nos erreurs, inapercues dans le tumulte
du monde, et que nous affublions du nom de verites, nous paraissent alors ce qu'elles sont effectivement : des erreurs; et nous trouvons dans la solitude
la force de les abjurer et de les reparer.
«La solitude est la patrie des
forts », disait le R.
P.
de Ravignan.
Elle nous met a l'abri de certains vices sociaux.
Paraitre est la grande
preoccupation de la plupart des gens vivant en societe.
Dans la solitude,
personne a tromper sur notre identite vraie, les masques sont inutiles,
l'hypocrisie n'a plus tours.
Si l'homme par une tendance etrange y eprou-
vait encore le besoin de se tromper lui-meme et de jouer la comedie a ses
propres yeux, du moins ne subit-il plus dans la solitude l'emprise du « qu'en dira-t-on », du respect humain.
Que de bonnes actions tue dans l'aeuf
ou arrete dans leur essor cette peur basse du voisin, de l'opinion publique!
Reconnaissons que parfois un respect humain « a l'envers » nous pousse a
accomplir des oeuvres bonnes; la contagion du bon exemple, generalement
plus faible que celle du mauvais, ne saurait etre niee.
La solitude supprime deux autres vices tres repandus dans le monde :
l'ambition et la jalousie.
Ni l'une ni l'autre n'y a plus d'objet.
L'ambitieux
rove de s'elever, de parvenir aux plus hautes places, de briller, de se mon-
trer, d'exercer, une influence, de commander a beaucoup, de s'enrichir aussi,
parce que la fortune est un instrument presque indispensable a l'ambition
vulgaire.
Le jaloux souffre des talents, de la reputation, du bonheur, de la
reussite, meme de la vertu d'autrui.
La solitude - mais, encore une fois,
quelle solitude? -- separant l'ambitieux et le jaloux des hommes que l'un
L'homme y refait ses forces physiques, y trouve le calme si favorable à
l'organisme surmené par la vie fiévreuse et trépidante des cités modernes;
ses nerfs s'y détendent, l'équilibre de son corps s'y rétablit.
L'âme surtout y goûte un repos qui lui est plus nécessaire qu'au corps.
Un apaisement se produit en elle, loin du tumulte et des mille soins qui la
sollicitent et l'écartèlent dans la vie dite mondaine.
Elle participe de la
tranquillité des choses, de la stabilité de la nature, de la sérénité majestueuse
des cieux étoilés.
Cette douce quiétude qui l'enveloppe et la pénètre produit
sur elle les mêmes effets bienfaisants qu'un bain sur le corps, après une
longue marche ou des exercices violents.
Et en ce repos elle se refait, elle
récupère les forces perdues, gaspillées peut-être.
Sénèque disait que chaque fois qu'il était allé parmi les hommes il en
était revenu moins homme.
A l'in'verse, on peut affirmer que chaque fois
que l'on se retire de la société, on redevient plus homme.
Loin de nos
occupations souvent absorbantes, et qui ne nous permettent pas de des
cendre en nous-mêmes, nous prenons en effet conscience de.
notre propre
personnalité.
Se connaître est le fondement de toute philosophie, de toute
vertu.
La solitude favorise singulièrement cette étude.
Tand.is que dans la
bagarre quotidienne nous sommes constamment tirés vers l'extérieur, vio
lemment arrachés à nous~mêmes, dans la retraite nous nous reprenons et
nous ressaisissons.
De la connaissance nous passons à la possession.
Et qui
conque s'est ainsi étudié, reconnu, repris est déjà en voie de s'améliorer.
Dans le recueillement partiel ou total que nous procure la solitude, les
lumières ordinairement éparses de notre intelligence, obligées de se poser
sur une foule d'objets, se concentrent sur un seul ou sur un petit nombre.
De même que les rayons du soleil, tombant sur une lentille, convergent en
un point lumineux ·et ardent, ainsi les clartés de notre esprit, &ous l'action
de la solitude.
La vérité nous apparaît alors plus clairement; notre cœur,
à son contact, devient plus chaud.
Nos erreurs, inaperçues dans le tumulte
du monde, et que nous affublions du nom de vérités, nous paraissent alors
ce qu'elles sont effectivement : des erreurs; et nous trouvons dans la solitude
la force de les abjurer et de les réparer.
« La solitude est la patrie des
forts », disait le R.
P.
de Ravignan.
Elle nous met à l'abri de certains vices sociaux.
Paraître est la grande
préoccupation de la plupart des gens vivant en société.
Dans la solitude,
personne à tromper sur notre identité vraie, les masques sont inutiles,
l'hypocrisie n'a plus cours.
Si l'homme par une tendance étrange y éprouc
vait encore le besoin de se tromper lui-même et de jouer la comédie à ses
propres yeux, du moins ne subit-il plus dans la solitude l'emprise du
«qu'en dira-t-on», du respect humain.
Que de bonnes actions tue dans l'œuf
()U arrête dans leur essor cette peur basse du voisin, de l'opinion publique!
Reconnaissons que parfois un respect humain «à l'envers» nous pousse à
accomplir des œuvres bonnes; la contagion du bon exemple, généralement
plus faible que celle du mauvais, ne saurait être niée.
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La solitude supprime deux autres vices très répandus dans le monde :
l'ambition et la jalousie.
Ni l'une ni l'autre n'y a plus d'objet.
L'ambitieux
rêve de s'élever, de parvenir aux plus hautes places, de briller, de se mon
trer, d'exercer.
u.ne influence, de commander à beaucoup, de s'enrichir aussi,
parce que la fortune est un instrument presque indispensable à l'ambition
vulgaire.
Le jaloux 'souffre des talents, de la réputation, du bonheur, de la
réussite, même de la vertu d'autrui.
La solitude - mais, encore une fois,
quelle
solitude? - séparant l'ambitieux et le jaloux des hommes que l'un.
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