« La solitude, ses agréments, son utilité, ses dangers ».
Publié le 04/11/2016
Extrait du document
La fuite de la solitude
L’un des grands soucis de l’homme semble être d’échapper à la solitude. Physiquement, elle lui fait peur; moralement, c’est pire. Pour s’en défendre, l’homme, et plus encore la femme depuis qu’elle a découvert ses malheurs, se lancent dans le compagnonnage, celui de l’atelier, du bureau, des groupes d’action ou de loisirs. N’ayant pas appris l’art de vivre sur soi, Us choisissent de vivre avec les aufres, font leur nourriture de bruits, de slogans, de consignes. Sans souci d’y noyer leur personnalité, ils se jettent furieusement dans le magma des grandes foules. Leur idéal repose dans un veule abandon à l’opinion, dans la fuite de leurs responsabilités.
Yves-Marie RUDEL
Selon votre préférence, vous présenterez soit un résumé de ce texte, soit une analyse. Vous indiquerez votre choix en portant en tête de l’exercice le mot résumé ou analyse. Ensuite vous choisirez dans le texte un problème qui vous paraît intéressant; vous en préciserez les données et vous ferez valoir votre point de vue en vous fondant sur des exemples précis. Vous donnerez pour titre à cette deuxième partie de l’épreuve le mot discussion.
Car si certaines tentatives communautaires bénéfiques réussissent, lorsque menées par des guides fermes - cas rare ! - le plus grand nombre flotte paresseusement au gré des influences, sans générosité ni élan; [or la solidarité est engagement.] [29 ou 34 mots].
C’est uniquement un homme à part entière (véritablement homme) qui peut surmonter l’angoisse moderne. [13 ou 14 mots].
«
Encore
s'ils étaient moins seuls, leur attitude pourrait se
justifier dans une certaine mesure.
Mais il n'en est rien.
L'être
qui s'ennuie avec lui-même s'ennuie avec les autres.
Où qu'il aille,
il reste seul.
" Il n'est pas bon que l'homme soit seul » lit-on aux
premières pages de la Bible.
Pourtant, un philosophe a écrit :
" Chaque fois que je suis allé parmi les hommes, j'en suis revenu
moins homme » ou quelque chose de ce genre.
Or il n'y a pas
contradiction entre les deux apophtegmes (1).
Peut-on soutenir
que se perdre parmi les camarades de travail, fréquenter les
habitants de son ensemble immobilier, attirer chez soi les
figurants du petit écran favorise la communication des idées dont
on fait aujourd'hui une panacée? On peut être solitaire au milieu
d'une foule.
A voir et à entendre les personnes interviewées à
l'improviste dans une rue de nos villes sur un événement d'actua
lité, on s'aperçoit à quel point nos concitoyens ont peu à dire,
presque rien, du moins de leur propre fonds.
Et dans les autres
pays, il en va de même.
A l'inverse, l'isolé, l'artisan des villages,
le paysan resté à sa terre, étonne toujours par la profonde et
originale sagesse de ses propos.
Il est accoutumé à vivre presque
seul, à penser par lui-même et il ne s'en plaint pas.
C'est la
source de sa joie.
Il n'est certes pas mauvais d'échanger avec d'autres, pensées et
sentiments.
Encore faut-il que le dialogue soit de quelque utilité.
Cela arrive entre personnes post des connaissances ou des
émotions à partager, un peu de soi à donner.
Celui qui a pris
l'habitude de se recueillir, ne filt-ce qu'un instant dans sa jour
née, qui s'est réservé une certaine distance avec les choses de la
vie, celui-là peut communiquer véritablement avec autrui; A l'in
verse de l'angoissé qui se roule dans la mase pour oublier et ne
rencontre souvent qu'une nouvelle solitude plus désespérante,
l'homme qui sait se garder au milieu du carrousel de l'existence
pose la maîtrise néc esire à l'action, peut seul offrir à ses
contemporains ce qu'ils réclament d'attention et d'amour.
Croit-on pouvoir évacuer ses inquiétudes en se livrant au
nombre? L'illusion d'un moment met parfois un écran devant vos
yeux, mais il est si fragile qu'il se déchire à la première agres
sion.
L'addition de mille angoisses ne donne pas une sérénité,
alors qu'un seul ancrage de paix résiste à dix assauts.
( 1) c'est -à-dire: entre deux pensées..
»
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