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La structure des Confessions de Rousseau

Publié le 23/06/2015

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Il en va de même en matière d'amitié. Jean-Jacques ne tient guère plus à ses amis que ceux-ci ne tiennent à lui. Bâcle le quitte sans effusions ni regrets : « [...] il me dit : "Te voilà chez toi", m'embrassa, me dit adieu, fit une pirouette et disparut « (L. III, p. 146). Venture influence beaucoup Jean-Jacques, mais il ne se lie guère avec lui. Le personnage va pourtant ressurgir à la fin du Livre VIII. Mais aucune relation suivie ne s'ébauche entre Jean-Jacques et lui : « Je le vis presque avec indifférence et nous nous séparâmes assez froidement « (L. VIII, p. 484).

En amour, le héros se détourne rapidement des femmes dont il s'éprend. Il quitte ainsi Mme Basile (« dans peu, je l'oubliais «, L. Il, p. 119), Mlle du Breil (« bientôt je n'y pensais plus «, L. III, p. 138), Mlle Galley et Mlle de Graffenried (« je les oubliai bien­tôt entièrement «, L. IV, p. 201). Jean-Jacques est un héros sen­timental mais inconstant.

Cette succession de rencontres sans lendemain fait de Jean-Jacques un héros proche du picaro solitaire. Toutefois, deux élé­ments interviennent pour lier entre elles les différentes séquences du récit :

               la peinture du moi sert de toile de fond à l'expérience. L'unité du roman de formation atténue la discontinuité du roman pica­resque;

 

               la présence de Mme de Warens établit un lien entre les dif­férents moments de la formation du héros. Dans cette galerie de personnages fantasques et éphémères, elle incarne la sta­bilité et l'équilibre.

rousseau

« en effet celles d'un être ordinaire.

Ses expériences et ses décou­ vertes sont celles que fait tout un chacun entre sa naissance et sa vingtième année.

La seconde partie des Confessions (Livres VIl à Xli) comporte en revanche des épisodes frappants.

Jean-Jacques correspond avec les grands écrivains du moment (Diderot, Grimm, Voltaire).

Il fait représenter un opéra devant le roi (Le Devin du village).

Il devient un personnage à la mode- avant de sentir qu'autour de lui s'est tramé un complot.

li lui semble qu'un« cri de malé­ diction »s'élève« contre lui dans toute l'Europe, avec une fureur qui n'eutjamais d'exemple)) (L.

Xli, p.

700) ...

Ces épisodes hors du commun ne s'inscrivent pas dans la droite ligne des premiers Livres.

Ils représentent plutôt leur contraire.

Si la vie de Jean­ Jacques nous intéresse à présent.

c'est par son caractère extra­ ordinaire.

Ses succès et ses revers, ses amitiés et ses ruptures ont un aspect exceptionnel et frappant.

Le temps est venu des «fautes énormes», des« malheurs inouïs», et de« toutes les vertus)) (l.

VIl, p.

347).

Les Livres 1 à VI s'opposent encore aux Livres VIl à Xli par l'impression générale qui s'en dégage.

Les six premiers sont écrits de manière assez légère, parfois tendre, parfois ironique.

Ils peignent une existence pleine de rebondissements qui tour­ nent généralement à l'avantage du héros.

Dans les six derniers Livres, au contraire, chaque événement heureux est rapidement suivi d'une déception ou d'un malheur.

Cette opposition est, elle aussi, formulée au début du Livre VIl : « Le sort, qui durant trente ans favorisa mes penchants, les contraria durant les trente autres )) (p.347).

Les six premiers et les six derniers Livres des Confessions composent ainsi deux masses bien distinctes.

--· LES CARACTÉRISTIQUES D'UN ROMAN PICARESQUE À l'intérieur de cet ensemble, les quatre premiers Livres sont construits à la manière d'un roman picaresque 1 .

1.

La composition romanesque des Confessions a été étudiée par Jean­ Louis Lecercle.

Nous résumons ici l'analyse qu'il développe dans Rousseau et l'art du roman (voir bibliographie p.

206).

34. »

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