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La vision du monde de la presse dans le roman Bel-Ami

Publié le 22/02/2012

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La vision du monde des journalistes dans le roman Avant d'aborder ce thème, il convient d'avoir présent à l'esprit que Maupassant lui-même a beaucoup écrit dans les journaux ; il a été chroniqueur, reporter, pour Le Gaulois, Le Gil-Blas, ou Le Figaro, envoyé spécial en Algérie sur le théâtre d'opérations. Sa renommée, il l'a acquise à travers les journaux ; il connaît donc bien le pouvoir de la presse. Bel-Ami est-il un roman sur la presse ? Certes, Maupassant étudie ce milieu, mais, lui-même, dit que c'est moins la presse qu'il décrit que « le journalisme interlope » (Interlope : louche, suspect ; dont l'activité n'est pas légale). Ce choix est en rapport avec celui du héros : « Voulant analyser une crapule, je l'ai développée dans un milieu digne d'elle ». Il y a une symbiose entre Duroy et La Vie française.

« écrivains à tout faire » (I, 6) dans le besoin, comme Domino rose et Patte blanche. Le pouvoir médiatiqueLa presse a un pouvoir considérable, Maupassant le montre à travers l'exemple marocain :* La Vie française fait tomber le gouvernement en place grâce à une campagne de dénigrement.* Elle fait tomber le cours des emprunts marocains en laissant entendre qu'il n'y aura pas d'intervention militairefrançaise au Maroc.Le héros, au début du moins, est frappé par l'intelligence des journalistes.

Lors de son premier repas chezles Forestier, on discute « sur un cas d'adultère compliqué de chantage ».

Maupassant précise sa pensée : « Etd'autres événements récents furent examinés, par les marchands de nouvelles, les débitants de comédie humaine àla ligne ».

(I, 2) Maupassant reconnaît au milieu journalistique des compétences psychologiques, mais le problème,c'est que le but est intéressé (« marchands », « débitants »), et l'expression « débitants […] à la ligne » estpéjorative.

Un débitant est un commerçant, mais « débiter » signifie dire à la suite des choses incertaines ou sansintérêt.

Débiter implique à la fois une intelligence médiocre et l'absence de style.Si nombre de journalistes sont médiocres, amoraux, sans style, pourquoi sont-ils aussi influents ? Par lesaffaires.

On voit qu'ils travaillent dans des lieux de passage, cafés, restaurants, salons, qu'ils fréquentent des gensde toute espèce.

Et, par la perfidie, ils manient le public : « Il faut, par des sous-entendus, laisser deviner ce qu'onveut, démentir de telle sorte que la rumeur s'affirme, ou affirmer de telle manière que personne ne croie au faitannoncé ».

Et, agissant sur le public, ils agissent « sur la rente ».

(I, 6) La presse est étroitement liée à la politiqueet la finance.

Comment se présente la situation du journal dans Bel-Ami ? « La Vie française était avant tout unjournal d'argent, le patron étant un homme d'argent à qui la presse et la députation avaient servi de leviers » (I, 6).La presse et la politique sont au service de ce qui est pour lui la valeur essentielle, l'argent.

Il concentre tous lespouvoirs entre ses mains.Les députés de « la bande à Walter » (I, 6) sont « les inspirateurs et véritables rédacteurs de La Vie française ».Dans le système de Walter, tout se tient : outre cette demi-douzaine de députés, il a choisi Laroche-Mathieu pourdevenir son homme de paille au ministère des affaires étrangères et collaborer à ses desseins spéculatifs.

Danscette orchestration, Duroy est en parfaite adéquation à son poste de Chef des Échos grâce à sa « rouerie native ».Il y a des interactions incessantes : quand Laroche-Mathieu devient ministre, La Vie française en tireprofit : « La Vie française avait gagné une importance considérable à ses attaches avec le Pouvoir.

Elle donnait,avant les feuilles les plus sérieuses, les nouvelles politiques ».

Le journal gagne donc en réputation et en nombre delecteurs.

Et quand la spéculation de Walter a réussi, tout va en s'amplifiant : le directeur « continuait à diriger et àsurveiller avec sollicitude son journal qui avait pris une extension énorme et qui favorisait beaucoup les opérationsgrandissantes de sa banque ».

(II, 8)Maupassant sous-entend aussi des manipulations financières encore plus douteuses.

En effet, Norbert de Varenneavait coutume de dire que La Vie française « naviguait sur les fonds de l'État et sur les basfonds de la politique ».Norbert de Varenne est le porte-parole de l'auteur, ce n'est pas un menteur.

Il affirme quelque chose qui n'est pasdéveloppé dans le roman : comment l'argent de l'État arrive-t-il jusqu'au journal ? Par l'intermédiaire de la banque ?C'est de l'abus de biens sociaux (L'abus de biens sociaux consiste à faire passer de l'argent d'une société à uneautre, alors qu'elles sont théoriquement distinctes, même si le propriétaire est identique).La presse décrite par Maupassant dans Bel-Ami est un milieu corrompu et à la limite de l'existence : ceux quiinspirent ou écrivent les articles sont des politiques ou des financiers ! \Sujet désiré en échange : Langage scientifique et langage littéraire ?. »

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