Devoir de Philosophie

La vraie fonction d'un ouvrage comme Le garçon en pyjama rayé

Publié le 01/06/2012

Extrait du document

Quand une petite histoire telle que Le garçon en pyjama rayé rencontre la Grande Histoire des camps de la seconde guerre mondiale, le dilemme sur la façon de raconter émerge toujours dans l’esprit de l’auteur et du lecteur : véracité historique ou réflexion émotionnelle ?

Pour la littérature sur la Shoah, sommes-nous en présence d’une dichotomie entre véracité et émotion, ou bien au contraire, d’une dualité entre ces deux approches ?

 

 

“Qui sont ces gens dehors?” finit-il par dire. Père pencha la tête de côté, un peu embarrassé par la question.

 

“Des soldats, Bruno. Des secrétaires. Du personnel. Tu en as déjà vu”

 

“Non, pas ceux-là, dit-il. Les gens que je vois de ma fenêtre, dans les baraques, au loin. Ils sont tous habillés pareils”

 

“Ah, ceux-là, dit Père en hochant la tête, avec un léger sourire. Ces gens.... ce ne sont pas des gens.”

 

Voici est un dialogue entre père et fils tiré de Le garçon en pyjama rayé.

« quelle a été la motivation de John Boyne en écrivant Le garçon en pyjama rayé ? Au-delà de ne pas oublier et contribuer à empêcher que l’horreur nazi ne se répète, quelle est la véritable fonction de Le garçon en pyjama rayé pour le jeune lectorat ? A travers notre étude, nous verrons en particulier la fonction du regard naïf de l’enfant et la dimension dutémoignage dans la littérature.

Nous organiserons notre réflexion en trois parties.

Nous verrons dans une premièrepartie les détails historiques peu réalistes dans Le garçon en pyjama rayé .

Puis dans une deuxième partie, nous étudierons le point de vue interne à travers le regard d'un enfant, le passage des indices implicites de l’auteur à lacompréhension explicite du lecteur, et la signification de la naïveté du personnage principal.

Et enfin, nousaborderons la valeur de la littérature des camps en comparant d’une part, Le garçon en pyjama rayé et le film La vie est belle , et d’autre part, Le garçon en pyjama rayé et Si c’est un homme .

A partir de là, nous pourront éventuellement trouver la réponse à la question de la fonction que tient la littératurede jeunesse sur le sujet du Nazisme, puis élargir le sujet sur l’attitude envers une autre massacre sordide de laseconde guerre mondiale – l’invasion de la Mandchourie par le Japon. Les camps exploitaient des Juifs pour fournir de la main-d’œuvre à la machine de guerre allemande.

Les détenusvêtus d’un « pyjama rayé », été comme hiver, travaillaient dehors dans de mauvaises conditions.

C’était une maind’œuvre gratuite pour les allemands.

D’après Si c’est un homme , les enfants, les personnes âgées, les femmes finissaient directement à la chambre à gaz : « Ce qu'il advint des autres femmes, enfants, vieillards, il nous futimpossible alors de le savoir la nuit les engloutit, purement et simplement.

Aujourd'hui pourtant, nous savons que cetri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich ».

Dece fait, est-il possible qu’un enfant juif de 8ans ait survécu plusieurs mois dans un camp de concentration sanstravailler ? Il est difficile de croire que shmuel, le petit juif, avait toute la liberté de trainer dans le camp, voire, delier une amitié avec le fils d’un officier Nazi. Par ailleurs, d’après les films Olympia et La victoire de la foi (en allemand : Der sieg des glaubens ) réalisés par Leni Riefenstahl et les documents historiques sur l’éducation nazie en Allemagne : « Dès l'âge de six ans jusqu'à dix, legarçon est Pimf.

Il reçoit un carnet de note qui évalue ses progrès.

A la fin il passera des épreuves sportives, ontestera l'étendue de son développement idéologique.

», et « En présence de cet étendard de sang, qui représentenotre Führer, je jure de consacrer toute mon énergie et toute ma force au sauveur de notre pays, Adolf Hitler ». Nous notons que les Nazis inculquent la notion de supériorité de la race arienne et l’antisémitisme aux enfants dèsl’âge de 6 ans.

Du coup, comment se fait-il que Bruno n’ait jamais entendu parler des Juifs ? Il n'a même pas prisconscience que son père était un officier nazi.

Cette candeur, opposée au contexte, est particulièrementdéstabilisante. La fin de l’ouvrage est également peu plausible : les deux garçons, par accident, finissent ensemble dans la chambreà gaz.

Mais l’horizon d’attente du lecteur tend vers ce dénouement macabre et inéluctable.

Nous pouvons y voir del'humour noir, mais c'est surtout de l'ironie dramatique qui se dégage de ce dénouement et lui confère autantd'intensité. Nous pouvons déjà conclure qu’en tant qu’écrivain, John Boyne traite et propose aux jeunes lecteurs une réalitétragique, mais de façon édulcorée et imaginée – Une fable d’une humanité exemplaire. Après s’être arrêté sur l’irréalisme de certains détails historiques, attardons-nous sur la rhétorique de ce roman. Le récit est linéaire : on suit l'évolution de la vie de Bruno. La stratégie de l'auteur consiste à choisir comme porte-parole un innocent, au sens fort du terme, décrivant demanière naïve, voire erronée, les turpitudes des adultes.

C'est un ressort littéraire connu, John Boyne emploie unpoint de vue interne.

Ce point de vue interne, transmet les pensées d’un petit garçon, Bruno, qui voit la vie d'unemanière encore innocente.

Lorsqu'il voit par la fenêtre de sa nouvelle maison, des individus - tous de sexe masculin. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles