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LACLOS LES LIAISONS DANGEREUSES LETTRE 102 :LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL À MADAME DE ROSEMONDE

Publié le 03/06/2011

Extrait du document

liaisons dangereuses

 Vous serez bien étonnée, Madame, en apprenant que je pars de chez vous aussi précipitamment. Cette démarche va vous paraître bien extraordinaire : mais que votre surprise va redoubler encore quand vous en saurez les raisons ! Peut-être trouverez-vous qu'en vous les confiant, je ne respecte pas assez la tranquillité nécessaire à votre âge ; que je m'écarte même des sentiments de vénération qui vous sont dus à tant de titres ? Ah ! Madame, pardon : mais mon coeur est oppressé ; il a besoin d'épancher sa douleur dans le sein d'une amie également douce et prudente : quelle autre que vous pouvait-il choisir ? Regardez-moi comme votre enfant. Ayez pour moi les bontés maternelles ; je les implore. J'y ai peut-être quelques droits par mes sentiments pour vous. Où est le temps où, tout entière à ces sentiments louables, je ne connaissais point ceux qui, portant dans l'âme le trouble mortel que j'éprouve, ôtent la force de les combattre en même temps qu'ils en imposent le devoir Antith ? Ah ! Ce fatal voyage Métaphore m'a perdue... Que vous dirai-je enfin ? J’aime, oui, j'aime formule XVIIIè éperdument. Hélas ! ce mot que j'écris pour la première fois, ce mot si souvent demandé sans être obtenu Antith, je payerais de ma vie la douceur de pouvoir une fois seulement le faire entendre à celui qui l'inspire Périphrase ; et pourtant il faut le refuser sans cesse ! Il va douter encore de mes sentiments ; il croira avoir à s'en plaindre. Je suis bien malheureuse !

Que ne lui est-il aussi facile de lire dans mon cœur que d'y régner ? Oui, je souffrirais moins, s'il savait tout ce que je souffre ; mais vous-même, à qui je le dis, vous n'en aurez encore qu'une faible idée. Dans peu de moments, je vais le fuir et l'affliger. Tandis qu'il se croira encore près de moi, je serai déjà loin de lui Antith : à l'heure où j'avais coutume de le voir chaque jour, je serai dans des lieux où il n'est jamais venu, Antith où je ne dois pas permettre qu'il vienne Antith. Déjà tous mes préparatifs sont faits ; tout est là, sous mes yeux ; je ne puis les reposer sur rien qui ne m'annonce ce cruel départ. Tout est prêt, excepté moi !... et plus mon cœur s'y refuse, plus il me prouve la nécessité de m'y soumettre. Je m'y soumettrai sans doute, il vaut mieux mourir que de vivre coupable. Déjà, je le sens, je ne le suis que trop ; je n'ai sauvé que ma sagesse, la vertu s'est évanouie. Faut-il vous l'avouer, ce qui me reste encore, je le dois à sa générosité. Enivrée du plaisir de le voir, de l'entendre, de la douceur de le sentir auprès de moi, du bonheur plus grand de pouvoir faire le sien, j'étais sans puissance et sans force ; à peine m'en restait-il pour combattre, je n'en avais plus pour résister ; je frémissais de mon danger, sans pouvoir le fuir. Hé bien ! Il a vu ma peine, et il a eu pitié de moi. Comment ne le chérirais-je pas ? Je lui dois bien plus que la vie. Ah ! Si en restant auprès de lui je n'avais à trembler que pour elle, ne croyez pas que jamais je consentisse à m'éloigner. Que m'est-elle sans lui, ne serais-je pas trop heureuse de la perdre ? Condamnée à faire éternellement son malheur et le mien ; à n'oser ni me plaindre, ni le consoler Antith ; à me défendre chaque jour contre lui, contre moi-même Antith ; à mettre mes soins à causer sa peine, quand je voudrais les consacrer tous à son bonheur Antith . Vivre ainsi n'est-ce pas mourir mille fois Antithèse + Hyperbole ? Voilà pourtant quel va être mon sort. Je le supporterai cependant, j'en aurai le courage. O vous, que je choisis pour ma mère, recevez-en le serment ! Recevez aussi celui que je fais de ne vous dérober aucune de mes actions ; recevez-le, je vous en conjure ; je vous le demande comme un secours dont j'ai besoin : ainsi, engagée à vous dire tout, je m'accoutumerai à me croire toujours en votre présence. Votre vertu remplacera la mienne. Jamais, sans doute, je ne consentirai à rougir à vos yeux ; et retenue par ce frein puissant, tandis que je chérirai en vous l'indulgente amie, confidente de ma faiblesse, j'y honorerai encore l'Ange tutélaire qui me sauvera de la honte.C'est bien en éprouver assez que d'avoir à faire cette  demande. Fatal effet d'une présomptueuse confiance ! Pourquoi n'ai-je pas redouté plus tôt ce penchant que j'ai senti naître ? Pourquoi me suis-je flattée de pouvoir à mon gré le maîtriser ou le vaincre ? Insensée ! je connaissais bien peu l'amour ! Ah ! si je l'avais combattu avec plus de soin, peut-être eût-il pris moins d'empire ! peut-être alors ce départ n'eût pas été nécessaire ; ou même, en me soumettant à ce parti douloureux, j'aurais pu ne pas rompre entièrement une liaison qu'il eût suffi de rendre moins fréquente ! Mais tout perdre à la fois ! et pour jamais ! mon amie !... Mais quoi ! même en vous écrivant, je m'égare encore dans des voeux criminels. Ah ! partons, partons, et que du moins ces torts involontaires soient expiés par mes sacrifices.

Adieu, ma respectable amie ; aimez-moi comme votre fille, adoptez-moi pour telle ; et soyez sûre que, malgré ma faiblesse, j'aimerais mieux mourir que de me rendre indigne de votre choix.

De... ce 3 octobre 17**, à une heure du matin.

Introduction

A la fin de la 3è partie, Mme de Tourvel ne peut plus résister à la passion, et Valmont étant revenu au château de sa tante, elle de voit de salut que dans la fuite. Cependant elle se confie à Mme de Rosemonde, et s’avoue à elle-même les ravages d’une passion destinée à faire son malheur, mais qui représente plus que la vie. Ce sont les deux axes formant l’enjeu de cette lettre.

liaisons dangereuses

« LACLOS LES LIAISONS DANGEREUSES LETTRE 102 LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL À MADAME DE ROSEMONDE Introduction A la fin de la 3è partie, Mme de Tourvel ne peut plus résister à la passion, et Valmont étant revenu au château desa tante, elle de voit de salut que dans la fuite.

Cependant elle se confie à Mme de Rosemonde, et s’avoue à elle-même les ravages d’une passion destinée à faire son malheur, mais qui représente plus que la vie.

Ce sont les deuxaxes formant l’enjeu de cette lettre. Composition 1er § : aveu de la passion malheureuse Jusqu’à « sans pouvoir le fuir » 2è § : ambivalence de Tourvel, apparition du pronom il et de ses avatars, usage dufutur proche prédominant.

Champ lexical du tout et du rien Fin du texte: Oppositions concernant la valeur de T.

contre l’amour pour Valmont, à la fois salutaire et destructeur(champ lexical du religieux) Analyse Partie 1 : construction en opposition entre les sentiments honorables et ceux qi l’emportent.

A la fois ces sentiments mortels posent des limites infranchissables sans donner la force d’y résister.

Ambivalence fatale, le motest utilisé, et Tourvel, telle une héroïne racinienne réalise confusément qu’elle sera entraînée à la mort.

L’aveu àRosemonde tient presque lieu d’aveu à Valmont, car elle brûle de le lui dire.

A le lui dire « une seule fois », elleoppose « ma vie » et « sans cesse le refuser ».

Puis la situation s’inverse du tout au tout, elle craint qu’il nes’éloigne suite à son propre éloignement. Partie2 : avant de fuir, T.

se plaint de ne pas pouvoir en faire l’aveu à Valmont, s’il savait, lire, dire…Et les antithèses montrent la contradiction dans laquelle elle doit choisir de vivre : les lieux éloignés, les impossiblesrencontres, les affaires prêtes…sauf elle… L’histoire dramatique universelle dite à un tiers.

Avec les exclusifs« que… » de la fin du texte, l’unique chemin qui lui reste et l’unique force qu’elle a de fuir. Partie 3 : arrive le vocabulaire religieux Il a vu ma peine, et il a eu pitié de moi.

Comment ne le chérirais-je pas ? Je lui dois bien plus que la vie .

Ce que Valmont voulait depuis le début, elle l’énonce en alléguant que sa vie ne vaut pas la peine ( heureuse de la perdre ) et que tout doit être sacrifié au bonheur de Valmont, annonçant ainsi la fin tragique de son parcours.

Tout est renversé, terme à terme : vivre et mourir mille fois, son bonheur et sa peine,…En fin de compte, la conclusion est faite et son sort en est jeté : LA VIE SANS Valmont n’a pas de valeur, et lavaleur absolue sur laquelle Tourvel se fonde est bien celle de la passion absolue. Conclusion Dans cette lettre, sorte de profession de foi par rapport à l’amour entremêlée d’ambivalences et de souffrance,l’aveu se fait sous le truchement de la lettre à la tante, ; de plus en plus loin, malgré la dernière résistance qu’est lecruel départ , Tourvel affirme sa complète soumission à l’amour absolu qui lui tient lieu de foi et de fondement absolu.

Son existence vouée à la pasison totale, sa vie va être désormais comptée.. »

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