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L'Affaire Tartuffe

Publié le 27/05/2015

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Un an plus tard, on rejouera Tartuffe au Raincy le 8 novembre 1665. Molière, entre-temps, fera jouer La Princesse d'Elide (9 novembre 1664); il écrira Dom Juan (15 février 1665), L'Amour médecin (20 septembre 1665); puis Le Misanthrope (4 juin 1666), Le Médecin malgré lui (8 août 1666), Le Sicilien (10 juin 1667). Le 5 août 1667, seconde tentative, il reprend sur son théâtre Tartuffe, rebaptisé Panulphe, comédie en cinq actes. Ce sera une soirée unique, car la pièce est interdite à nouveau le lendemain. Cependant, en septembre 1668, on la joue au Château de Chantilly, pour Mgr le Prince de Condé.

Molière écrit alors Amphitryon (15 janvier 1668), Geor­ges Dandin (10 juillet 1668), L'Avare (9 septembre 1668).

C'est seulement le mardi 5 février 1669, au théâtre du Palais Royal que Tartuffe est enfin joué régulièrement par permission royale.

Pendant quatre ans, huit mois, vingt-trois jours, Molière a attendu. Pendant quatre ans, huit mois, vingt-trois jours, il a écrit et créé neuf pièces, et Tartuffe n'a pu

être joué que six fois. La pièce maintenant est représen­tée sans arrêt, du 5 février au 9 avril 1669, trente-quatre fois : vingt-huit représentations au Palais Royal et six visites. La première recette est de 2 680 livres, la plus forte qu'ait réalisée Molière. Le dimanche précédent, Le Misanthrope n'avait fait que 750 livres. La Troupe du Roy rouvre son théâtre avec Amphitryon, le 30 avril. Le 5 mai, on rejoue Tartuffe, on le rejouera vingt-deux fois en 1669, dix-huit en 1670, neuf fois en 1671, trois fois en 1672.

Pendant quatre ans, huit mois, vingt-trois jours, la pièce a rayonné du mystère des choses interdites, dé­chaînant la curiosité et les partisans qui déforment, grossissent, amplifient des détails qu'ils connaissent mal, et créent, autour du Tartuffe, cette auréole souffrée dont l'odeur vient encore jusqu'à nous.

L'affaire Tartuffe est née. «

(Jouvet, 15, p. 70)

 

Ce mystère dont fait état Jouvet n'a jamais été totalement éclairci. Pourquoi cette pièce si longtemps interdite a-t-elle finalement reçu l'autorisation du Roi, un Roi qui, pour son compte, n'y était pas du tout opposé, bien au contraire? Quelles raisons ont poussé Molière à s'obstiner tellement pour faire représenter une comédie qui lui valait tant d'en­nuis? Qu'est-ce qui l'attachait si passionnément à son sujet? Quelles concessions a-t-il dû consentir pour persuader son royal protecteur? En quoi ce changement d'attitude s'expli­que-t-il par le contexte historique, par l'évolution de la situa­tion politique au cours de ces quatre ans, huit mois et vingt-trois jours? Et enfin, et surtout, quelles forces ont joué contre ce spectacle? Pour répondre à cette dernière question il faut en savoir un peu plus sur cette mystérieuse Compagnie du Saint-Sacrement qui était à l'origine de l'interdiction.

« 28 1 Molière.

Œuvres majeures La cabale des dévots En mettant en scène dans Tartuffe un scélérat qui, sous les dehors de la dévotion la plus démonstrative, cherche à subor­ ner la femme de son bienfaiteur, Molière réglait ses comptes avec ceux qui se réclamaient de la défense de la religion pour le calomnier et le perdre dans l'opinion de ses protecteurs et surtout du Roi.

Mais dans ce combat, Molière aura précisé­ ment le Roi pour allié, parce que cette campagne de morali­ sation inspirée par l'entourage de la Reine mère avait pour but de garder le jeune monarque en tutelle.

Les circonstances dans lesquelles Tartuffe fut représenté pour la première fois avant d'être interdit sous la pression des dévots ne sont pas étrangères au contenu de la pièce.

Certaines concordances montrent bien la connivence qui pouvait exister dans cette perspective de démystification en­ tre le Souverain qui aspirait à régner selon son bon plaisir et le comédien aux prises avec une cabale qui menaçait l'exis­ tence même du théâtre et en premier lieu du théâtre comique.

Le Prince de Conti, qui, dans son Traité de la Comédie, dira de L'Ecole des femmes qu'. »

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