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L'apologue a-t-il pour vocation de plaire ou d'instruire ?

Publié le 17/01/2022

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apologue

• Reformulation de la thèse contenue dans le sujet : l'apologue a pour fonction de plaire et d'instruire. En réalité cette thèse est double.

Les apologues sont donc distrayants : ils mettent en scène, dans des cadres variés et dépaysants, des personnages originaux qui vivent des aventures pleines de rebondissements. En ce sens, ce sont « les fruits les plus savoureux «. Mais loin d'être « une nourriture compacte, pesante, opaque et grasse «, ils sont « lumineux et sans poids «. En effet, ils apportent la science au lieu de tourner « en bajoues et bedaines «.

apologue

« récit, « nourriture qui enseigne », invite le lecteur à une lecture participative et lui demande de réfléchir.

Toutd'abord on a vu que l'apologue exerçait un réel pouvoir de séduction sur le lecteur.

Ce dernier est absorbé, fascinépar l'histoire qu'il lit, plus attentif au sort des personnages qui sont mis en scène qu'a la lourdeur argumentative decertains essais.

Le lecteur captivé est plus réceptif à la leçon qui lui est faite que celui qui s'ennuie.

BrunoBettelheim montre ainsi l'utilité des contes de fées pour les enfants : leur force réside non pas dans les « précepteséthiques abstraits » (l.

9-10) qui peuvent se lire dans la morale, mais dans « le spectacle des aspects tangibles dubien et du mal qui prennent alors pour [l'enfant] toute leur signification » (l.

10-11).

En outre, le lecteur est flattéque l'on s'adresse ainsi à lui : dissimuler une vérité importante sous une apparence fantaisiste suppose en effet quel'auteur lui fait confiance.

Koltès par exemple laisse le spectateur formuler lui-même la morale du récit raconté parAlboury.

Le spectateur sait alors qu'il doit se montrer supérieur à Horn qui ne comprend pas le récit et qui préfèrel'exclusion à la cohésion (« Il est difficile de se comprendre, monsieur.

[..

1 Je crois que, quelque effort que l'on fasse, il seratoujours difficile de cohabiter », l.

33-35).

Enfin, guidé par le récit et non enchaîné par une rhétoriqueargumentative autoritaire, le lecteur invente lui-même une leçon morale.

Dès lors, loin de se révolter contre une idéequ'on lui impose, il ne peut qu'adhérer à un propos qu'il a lui-même établi. [B.

Regard sur l'actualité, considérations sur l'homme] Si les fruits cueillis par les premiers bédouins dans le récit de Michel Tournier, « Taor, prince de Mangalore », «n'étaient pas seulement divers par la forme, la couleur et le goût » (l.

31-32), mais « se distinguaient aussi par lascience qu'ils conféraient », les apologues de même, qui présentent des récits d'une grande variété, transmettentdes messages différents.

D'une part, l'apologue requiert que le lecteur porte un regard attentif sur son temps et lasociété qui l'entoure.

Ainsi, Koltès engage une réflexion sur l'injustice, la différence (« au milieu des gens riant toutnus dans la chaleur, mon frère et moi nous gelions », 1.

10-11) et la solidarité dans la détresse (« nous nousréchauffions ensemble », l.

12).

D'autre part, l'apologue invite à une réflexion plus générale sur l'homme.

Ainsi,Anouilh, dans « Le Chêne et le roseau », porte un regard pessimiste sur l'humanité.

Le chêne fait preuve de droitureet refuse les compromis (« Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop/Le pli de l'humaine nature ? », v.

5-6) mais ilne survit pas.

En revanche, le perfide et haineux roseau (« On sentait dans sa voix sa haine/Satisfaite », v.

25-26),qui se courbe dans le vent au lieu d'affronter la tempête, est vainqueur.

Ainsi l'apologue s'adresse à la raison de sonlecteur.et énonce des vérités importantes, fruits d'une observation lucide de l'actualité ou d'une réflexion profondesur la nature humaine. [Conclusion partielle] Ainsi, c'est à la fois parce qu'il s'accompagne parfois d'une moralité explicite et parce qu'il constitue un récit distrayant que l'apologue peut éveiller la réflexion du lecteur. [Conclusion] Ainsi, l'apologue se présente au regard naïf de l'enfant comme un récit distrayant.

Mais un lecteur plus aguerricomprend que le plaisir de la lecture est double : l'apologue fait rêver mais aussi réfléchir, il agit sur les sentimentset les émotions mais aussi sur la raison.

Fruit goûteux qui séduit les sens, il est aussi le fruit de la connaissance.. »

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