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L'Automne de Lamartine (commentaire)

Publié le 10/02/2012

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lamartine

L'Automne

Salut! bois couronnés d'un reste de verdure !  Feuillages jaunissants sur les gazons épars !  Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature  Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,  J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,  Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière  Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,  A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,  C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire  Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

INTRODUCTION. - L' « Automne « est une « méditation « sur la vie et la mort dans un cadre de nature. Elle clôt le recueil qui, en 1820, fit exploser l'admiration publique. Ce n'est pas sans raison que l'auteur l'a réservée pour la bonne bouche; elle offre comme une synthèse des pièces précédentes, elle est d'une très belle venue et, si l'on peut dire, plus qu'aucune autre, « lamartinienne «....

lamartine

« il a lu surtout Millevoye, qui, quatre ans plus tôt avec sa Chute ~es Feuilles, attendrissait les cœurs sensibles sur le sort du poète mourant .

...

Les feuilles.

des bois A ses yeux jauniront encore, Mais c'est pour la dernière fois.

Déjà la poésie poitrinaire était à la mode, quand survint son aventure amoureuse; un visage pâle, un air langoureux, des propos attristants s~mt alors la suprême distinction.

En écrivant l'Automne, l'auteur des Médzta­ tions se souvient de ses lectures et sacrifie au goût du jour, c'est incontes­ table.

ORIGINALITÉ.

- Ces influences évidentes ne l'empêchent pas d'être avant tout lui-même.

Aucun de ses devanciers n'aurait pu signer ces vers.

Ils portent sa marque.

Cette tristesse, cette mélancolie, encore que convention­ nelles, sont bien siennes.

Il ne cherche pas, comme Chateaubriand, une jouissance malsaine dans un orgueilleux ennui; il n'est pas, comme Byron, lassé, dégoûté des plaisirs de la civilisation et ne songe pas à se réfugier dans la barbarie; il n'est pas, comme Léopardi, «le sombre amant de la mort».

Non, la douleur de cet « enfant du siècle» très authentique, de ce frère de René, n'a rien de violent, elle ne hurle pas et ne se tord pas les bras.

Elle s'isole, cherche dans la nature des spectacles qui s'harmonisent avec elle; elle veut être, au fond, consolée.

C'est bien ce que traduisent les huit strophes de «l'Automne».· Dans une première partie, le poète exprime la tristesse de son âme, si semblable à celle de l'automne finissant; dans la seconde, il dit les regrets que lui cause sa fin prochaine, « il contemple les biens dont il n'a pas joui » el, finalement, se reprend à espérer, tout en exhalant - croit-il - son chant du cygne.

_ CoMPOSITION.

- Les trois premières strophes, auxquelles nous nous en tiendrons désormais, se peuvent résumer ainsi : le poète explique la mys­ térieuse sympathie qui s'établit entre son âme prête à quitter son corps, et les bois presque complètement dépouillés de leur manteau de verdure.

les feuilles mortes qui gisent à terre, le soleil dont la lumière et la chaleur diminuent chaque jour, signes annonciateurs de la mort hivernale de la nature.

Y chercher une composition logique et régulière serait une vaine entre­ prise; on y peut cependant découvrir une cert~ine suite dans les idées.

Les détails 's'y organisent de façon assez naturelle, les impressions s'y succèdent dans un ordre facile à saisir.

1re Strophe : Ce qui frappe d'abord les regards du promeneùr solitaire,.

c'est la masse des bois, leur aspect général.

S'il lève les yeux, il aperçoit~ aux cimes des arbres, les couronnes formées par les feuilles qui ont résisté aux premiers gels; s'il les abaisse, il voit les anciennes frondaisons,.

gisant sur le sol.

Et il salue avec attendrissement ces « objets inanimés » qui semblent prendre le deuil ...

un deuil plein de beauté, de poésie, comme­ le sien propre; il salue ces « derniers beaux jours» qui rendent un son pareil à celui de son âme endolorie.

2• Strophe : Il se peint ensuite dans ce décor de nature; nous le voyons.

s'en aller, d'un pas rêveur, sans but, passif, suivant le sentier.

Sa vue, se porte tantôt sur les taches lumineuses que fait le soleil en filtrant à tra-· vers les feuillages, tantôt sur l'astre pâlissant, penché sur l'horizon, n'en­ voyant plus à la terre qu'une lumière et une chaleur de jour en jour dimi­ nuées.

Une nouvelle comparaison naît de cette contemplation : son temps.

est venu aussi de disparaître, ses forces s'épuisent...

et c'est pourquoi il « aime à revoir », « pour la dernière fois », ce soleil dont la caresse amie,.

tiède, immatérielle, passe sur son âme.

· 3• Strophe : Il semble qu'elle ramasse les visions et les impressions des; deux précédentes, en insistant davantage sur la physionomie du soleil «aux regards voilés», maintenant vivante et comme humanisée par la sen-· sibilité et l'imagination· du poète.

C'est le dernier mot de cette étrange sympathie qu'il a d'abord éprouvée sans se la bien expliquer.

Cet attrait si puissant vient d'une transposition qui s'est faite en son esprit.

Dans ces rayons alanguis il a perçu un adieu, il a découvert un ultime sourire.

Ne: seraient-ce pas le sourire et l'adieu d'Elvire?. »

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