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Le Chevalier De La Charrette

Publié le 02/03/2012

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Le Chevalier De La Charrette (1178)    L’épreuve de la charrette ouvre Le Chevalier De La Charrette puisqu’il commence au vers trois cent vingt sur un récit qui en comporte sept mille cent treize. Cet épisode qui donne son titre à l’œuvre permet d’identifier le personnage principal du roman malgré la fausse piste représentée par l’entreprise de Gauvin. En outre, la charrette ne permet pas seulement de définir Lancelot. Elle représente une articulation essentielle du récit en permettant aux personnages d’aborder l’autre-monde. Nous verrons d’abord comment les chevaliers réagissent face à cette épreuve singulière, nous tenterons ensuite de définir plus précisément la signification de la char d’infamie.    I)                    Deux chevaliers face à l’épreuve    1)      Un faire-valoir    A priori Gauvin semble être le personnage principal. Le chevalier est  nommé, le récit est d’abord focalisé sur lui et c’est lui le premier qui a eu l’initiative d’aller au secours de la Reine. Le fait que Lancelot ait reconnu Gauvin alors que celui-ci ignore l’identité du chevalier qui lui réclame une monture semble confirmer la prééminence du statut de Gauvin. De plus, la « largesse « dont il a fait preuve est une qualité royale. Toutefois, Gauvin fait figure de piètre héros, il rate les occasions où il pourrait faire preuve de vaillance. Il est déçu de n’avoir pu soutenir Lancelot dans son combat puis il refuse de monter dans la charrette. Il suit donc la quête mais ne surmonte aucune épreuve qualifiante. Ces indices suggèrent que Gauvin aura davantage un statut de témoin et de faire valoir que de personnage principal du roman.     

« interne par les yeux de Gauvin quand elle est déjà arrêtée près de Lancelot. Sa présence établie une distance entre les deux chevaliers, puisque Gauvin refuse de monter dans le véhicule et deparle pas avec Lancelot, sans doute de peur de se retrouver éclabousser par son infamie.

La charrette semblevalorisée par rapport à son cocher qui n’a d’importance que parce qu’il conduit ce véhicule.

Le narrateur consacreune longue parenthèse explicative à la description de la fonction de la charrette.

Il lui attribue un rôle qui necorrespond pas à l’usage que l’on fait de la charrette en France au XIIème siècle.

Cette digression atteste queChrétien de Troyes exploite un folklore étranger qui relève ici de la matière de Bretagne. 2) Infamie et rupture avec la société La fonction infamante de la charrette est établie grâce à l’analogie avec le pilori et grâce à l’énumération descriminels qui y sont exposés.

Ce qui caractérise l’ensemble de ces condamnés, c’est la violation des lois de l’honneuravec le meurtre ou le vol et la violation de la parole donnée avec les traîtres et les vaincus de duels judiciaires.Ayant ignoré les règles de la société, ces personnes sont en retour exclus de la société.

Le bannissement est uneforme plus dure de condamnation que d’exécution car le supplicier restait encore intégré au corps social.

Lebannissement considéré comme peine suprême est une coutume antérieure au Moyen-âge car il s’agit d’uneconception antique de la justice.

L’épreuve de Lancelot participe donc à des structures culturelles archaïques sansdoute pré-chrétiennes, ce que le narrateur suggère au vers trois cent vingt et un en employant le mot « lores »(jadis). La charrette n’est donc plus véhicule chrétien et arthurien mais païen et archaïques, ce qui en fait un trait d’unionprivilégié entre présent et passé, entre monde des vivants et mondes des morts.

En montant dans la charrette,Lancelot ne se coupe pas seulement de la société, il se coupe du monde, ce qui marque le début du voyageorphique. 3) Figure ambigue du nain Le narrateur présente le nain comme un personnage très déprécié.

Il est de « pute orine » (d’origine puante).

Il estgrossier puisqu’il refuse de répondre aux questions des chevaliers et même impie puisqu’il refuse de répondre à desquestions formulées « au nom de Dieu ».

Cependant plusieurs indices concourent pour lui donner un caractèresurnaturel : son nanisme est l’indice de la dégradation chrétienne d’une idole païenne.

Il tient une verge à la mainque l’ont peut rapprocher du bâton des fées, symbole de puissance magique ou de pouvoirs religieux. Son caractère magique est renforcé par le caractère prophétique de son discours puisqu’il dit à Lancelot que lechevalier pourra savoir ce que la Reine est devenue le lendemain, s’il monte dans la charrette.

Or cette prédictions’avérera exacte. La charrette d’infamie possède une fonction ambivalente dans la composition Du Chevalier De La Charrette, parcequ’il s’agit d’une épreuve socialement pénalisante, elle s’avère en définitive qualifiante pour le chevalier courtois.

Atravers le dilemme de Lancelot, elle montre en quoi les valeurs courtoises peuvent se révéler subversives dans lemonde féodal.

Au-delà de la problématique courtoise, la charrette est aussi le véhicule qui permet d’aller du mondedes vivants dans celui des fées et des morts.

Paradoxalement, le véhicule d’infamie permet d’accéder au merveilleux.Ainsi l’autre-monde comme la courtoisie se voient charger de connotations contradictoires.

Malgré l’apparentenaïveté de l’intrigue, Chrétien de Troyes compose un roman complexe où sont posées de façon symbolique desproblématiques aristocratiques et religieuses.. »

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